Titre original : « Ha-Kala Ha-Surit »
Elle :
Un film poignant qui met en évidence l’absurdité des conflits inter ethniques, de la bureaucratie, du machisme et de l’honneur exacerbé des hommes lors d’un mariage arrangé entre un acteur syrien et une jeune fille druze originaire du plateau du Golan occupé par les israéliens. Le sort de cette femme est scellé ; elle va partir vers la Syrie à jamais sans pouvoir revoir sa famille. Le réalisateur nous raconte l’histoire de ce triste mariage dans un no man’s land. La famille est réunie et attend pendant des heures que les syriens donnent leur accord pour faire entrer la jeune fille en Syrie. Tracasseries, humiliations, règlements de compte entre les membres de cette famille éclatée, poids étouffant des traditions qui empêche les femmes d’étudier et de se libérer, attrait de l’occident. Tous ces thèmes sociaux brassés avec sobriété et sensibilité révèlent le mal être profond de ces peuples en conflit.
Note :
Lui :
La fiancée syrienne met en lumière à la fois l’absurdité de certaines situations frontalières sur le Plateau du Golan et la pesanteur des traditions. Ces deux points sont particulièrement exacerbés dans le cas d’un mariage au-dessus de la frontière. Eran Riklis nous livre un film à plusieurs niveaux de lecture : ce mariage si difficile symbolise le conflit et cette famille, victime des exclusions, recrée des exclusions en son sein… Les pesanteurs sont partout. Les personnages de La Fiancée Syrienne sont assez forts ; la soeur de la mariée est tout un symbole de cette soif de changement, cette volonté d’aller vers un avenir différent. Le film est réussi dans le sens où il parvient parfaitement à démontrer l’absurdité et le manque d’humanité, sans jamais forcer le trait et sans parti pris.
Note :
Acteurs: Clara Khoury, Hiam Abbass, Makram Khoury
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Une des dimensions essentielles de ce film est que l’action se situe en 2000, au moment précis où Bachar el-Assad succède à son père à la tête de l’État syrien. C’est en fait l’allégorie principale : à cette époque (et même si cela peut surprendre aujourd’hui, après 10 ans de guerre civile et de manipulations abominables de la part de ce monstre qui a sciemment fait émerger Daesh pour diviser ses opposants et justifier une répression féroce), l’arrivée de Bachar el-Assad était vue comme un espoir, et pendant plusieurs mois il y avait eu un dégel et une très relative libération de la parole et de la politique.
Aussi, la scène finale est clairement un décalque de la situation politique syrienne. Au moment où les papiers semblent sur le point d’être en règle, il y a relève des officiers et tout repart à zéro, tout comme la vie politique syrienne est alors repartie dans les mêmes impasses autoritaires après quelques mois d’espoir.
Merci pour cet éclairage. Effectivement, de ce fait, le film prend aujourd’hui une dimension particulière.