Elle :
C’est avec perfectionnisme, dextérité et humour tendre que Tati réalise un portrait au vitriol de notre société de consommation fascinée par l’Amérique des années soixante. Playtime est un travail de titan qui a nécéssité trois ans de tournage et neuf ans de préparation. Tati décrypte les codes, comportements et technologies de notre société moderne. Les personnages formatés marchent et tournent à angle droit, ont des gestes mécaniques, maîtrisent mal les machines ; les décors des couloirs, bureaux et immeubles de béton sont gris et tristes. Pas de couleur dans le monde de Tati sauf la fleuriste du carrefour avec ses fleurs. Un monde monochrome dans lequel les hommes parviennent toutefois à s’adapter et s’amuser notamment dans ce club où la soirée tourne à l’anarchie. Les masques tombent. Tati se laisse emporter par le flot de la vie sans chercher à le maîtriser. Un petit chef d’oeuvre d’humour dans ces scènes délirantes bourrées de gags visuels.
Note :
Lui :
Playtime est peut-être le film le plus abouti de Jacques Tati, celui qui condense ses films précédents tout en allant plus loin. Ses variations sur l’architecture moderne vont beaucoup plus loin que dans Mon oncle et il joue avec les lignes, les perspectives. Ce qui frappe le plus, c’est la perfection dans le rythme, dans les bruitages, les mouvements. Chaque scène est un tableau vivant, extrêmement riche le plus souvent, où il est difficile de tout remarquer tant les seconds plans portent d’éléments importants. Et il y a toujours cet humour à la Tati bien-sûr, tout en petites touches de dérision, de regards portés sur notre monde, des regards également plein de tendresse.
Note :
Acteurs: Jacques Tati, Rita Maiden, France Rumilly
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Tati sur le site IMDB.
La biographie de David Bellos – Jacques Tati , sa vie et son art – (Seuil 2002) présente bien la vie et l’œuvre de cet homme qui avait du mal à se faire rire ainsi que son époque.