30 décembre 2009

The Railrodder (1965) de Gerald Potterton

Titre français parfois utilisé : « L’homme du rail »

The RailrodderLui :
(Court métrage de 24 minutes) A l’automne 1964, c’est à dire un peu plus d’un an avant sa mort, Buster Keaton accepte de jouer dans un court métrage financé par l’Office National du Film Canadien. La base est simple. Un anglais désirant visiter le Canada trouve une draisine (petit véhicule à moteur sur rails) et va traverser tout le pays de l’Atlantique au Pacifique. Sur le véhicule, il trouve tout ce dont il a besoin dans un coffre magique : il en extirpe quantité de choses, nourriture, plateau de thé tout prêt, énorme manteau en peau d’ours, planche à laver… The Railrodder n’est pas la dernière apparition à l’écran de Buster Keaton mais ce court métrage est bien plus intéressant, pour le voir peu avant sa mort, que tous les petits rôles insignifiants qu’il a tenu dans les années soixante. The RailrodderC’est un plaisir de le voir juché sur sa draisine, scrutant l’horizon à la façon du Navigator… L’ensemble n’a bien entendu pas une seule parole mais beaucoup de bruitages. Les situations sont nombreuses et amusantes. Ce petit film est souvent édité avec son making of, Buster Keaton rides again (55 mn), assez intéressant à regarder car l’on voit Keaton travailler et l’on se rend compte à quel point il s’est investi dans le film : il a pris un peu pris le pas sur le jeune réalisateur, peu expérimenté. Ce n’est guère étonnant car on sent sa patte. Les meilleurs gags ont en fait été trouvés par Keaton qui, à 70 ans, n’hésite pas à prendre des risques au grand dam du réalisateur, terrifié. The Railrodder est un vrai plaisir. On pourrait presque le considérer comme le « dernier Keaton ».
Note : 4 étoiles

Acteurs: Buster Keaton
Voir la fiche du film et la filmographie de Gerald Potterton sur le site imdb.com.

Remarque :
The Railrodder est en accès libre sur le site  de l’Office National du Film du Canada (ONF-NFB)

29 décembre 2009

Campus (1927) de Buster Keaton et James W. Horne

Titre original : « College »

Autre titre français : « Sportif par amour »

CollegeLui :
Fragilisé par l’échec commercial du Mécano de la General, Buster Keaton a probablement du accepter ce projet de la part de United Artists. Son producteur voulait ainsi profiter de la mode des comédies sportives qui a suivi le succès de Vive le Sport (The Freshman) d’Harold Lloyd. Buster Keaton étant connu pour ses grandes capacités sportives, cela semblait prometteur. College Le résultat est hélas bien inférieur à ce que l’on pouvait attendre, le film paraissant dans son ensemble assez mécanique sans la lueur de créativité habituelle chez Buster Keaton. Il est probable qu’il n’ait pas eu toute sa liberté d’action sur ce film. L’humour est essentiellement sur les mille et une façons de rater ses essais dans les différentes disciplines sportives, le meilleur moment du film étant, ceci dit, sa tentative d’être cocktail-barman. Sportif par amour, alias Campus, est certainement le plus faible des longs métrages de Buster Keaton.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Anne Cornwall, Harold Goodwin
Voir la fiche du film et la filmographie de James W. Horne sur le site imdb.com.

28 décembre 2009

Monte là-dessus! (1923) de Fred C. Newmeyer et Sam Taylor

Titre original : « Safety last! »

Monte là-dessus!Elle :
La vision de ce film célèbre d’Harold Lloyd nous donne des frissons encore aujourd’hui. Dans cette escalade d’immeuble, chaque situation semble pire que la précédente et l’on reste abasourdi par les prouesses réalisées. L’ensemble est surtout très amusant.
Note : 5 étoiles

Lui :
Monte là-dessus! Venu d’une petite ville de province, un jeune homme tente de se faire une bonne place à la ville pour impressionner sa bien aimée. Il imagine un coup publicitaire pour le grand magasin qui l’emploie : faire monter son ami acrobate à un building. Hélas, tout ne va pas se passer comme prévu et c’est lui qui va devoir grimper. Safety Last, Monte là-dessus, est le film le plus célèbre d’Harold Lloyd. Si peu de gens connaissent le titre, tout le monde connaît cette image d’Harold Lloyd suspendu aux aiguilles d’une horloge à vingt mètres au dessus de la rue. La séquence de l’escalade occupe tout le dernier tiers du film mais le restant de Monte là-dessus est très amusant : Monte là-dessus! il faut voir par exemple Harold Lloyd tenter de pénétrer inaperçu dans le magasin ou essayer d’écarter un policeman gênant par divers stratagèmes… Le premier plan du film est aussi un trompe l’œil très amusant, à l’image de toute la scène de l’escalade qui est effectivement plus du ressort du trompe l’œil que du trucage : tout est quasiment réel. C’est certainement pour cette raison que, même à nos yeux de spectateurs modernes (pourtant habitués aux incrustations et aux images de synthèse), ces scènes sont toujours aussi terrifiantes à regarder. Le film est fortement déconseillé aux personnes sujettes au vertige. Monte là-dessus est un des sommets de la comédie des années vingt, période particulièrement riche en prouesses acrobatiques.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Mildred Davis, Bill Strother, Noah Young
Voir la fiche du film et la filmographie de Fred C. Newmeyer & Sam Taylor sur le site imdb.com.

Voir aussi : Voyage au Paradis (Never Weaken, 1921), court métrage d’Harold Lloyd qui préfigure Safety Last.

Remarques :
Monte là-dessus! Harold Lloyd ne dévoilait jamais ses secrets mais on sait maintenant que Safety Last a été filmé à trois endroits différents, avec une fausse façade construite en haut d’immeubles de hauteurs croissantes. Ces trois immeubles sont tous trois sur Broadway Street. Les plans globaux, vus de loin, montrent en réalité Bill Strother (sanglé), surnommé « Human Fly » (= la mouche humaine) qui est un véritable escaladeur d’immeuble.
Les fausses façades construites couvraient généralement deux étages et Harold Lloyd était à plus de 4 mètres du sol dans beaucoup de scènes. Malgré tous les matelas, le danger était bien réel. Pour tester, il fit tomber un mannequin sur les matelas : après avoir rebondi, le mannequin alla s’écraser dans la rue en contrebas… !
Pour des précisions complètes sur les lieux de tournage des films d’Harold Lloyd, on peut se référer au fantastique livre de John Bengtson Silent Visions. C’est un livre fabuleux (en anglais mais il comporte de très nombreuses photographies, donc il passionnera certainement un lecteur qui ne peut lire l’anglais).

Nous sommes aujourd’hui blasés de trucages et d’images de synthèse mais, en 1923, les simples incrustations ne se faisaient pas encore. Les spectateurs savaient donc que ce qu’ils voyaient était réel. Les salles entières hurlaient de frayeur et le spectacle était certainement presque traumatisant. A nos yeux modernes, l’humour ressort davantage.

Safety Last! est le dernier film avec Mildred Davis qui abandonna sa carrière pour devenir Madame Lloyd. A noter que contrairement à Chaplin et Keaton, Harold Lloyd eut une vie sentimentale heureuse et ne divorça pas.

Harold Lloyd n’a finalement tourné que 5 films (sur plus de 200) où il joue avec le vertige des hauteurs :
Look out Below (1919), court métrage d’1 bobine
High and dizzy (1920), court métrage de 2 bobines
Never Weaken (1921), court métrage de 3 bobines
Safety Last! (1923), long métrage (avec la fameuse scène de l’horloge)
Feet First (1930), long métrage (parlant)
Et pourtant, on se souvient aujourd’hui d’Harold LLoyd en premier pour ces scènes. Elles ont beaucoup marqué les esprits.

24 décembre 2009

Cadet d’eau douce (1928) de Buster Keaton et Charles Reisner

Titre original : « Steamboat Bill Jr. »

Cadet d'eau douceLui :
Ayant terminé ses études, le jeune William rejoint son père, capitaine un peu rustre d’un bateau à aubes sur le Mississippi. Plutôt chétif d’apparence, il ne semble pas vraiment à sa place dans ce monde rude. Pour ne rien arranger, il est amoureux de la fille du principal concurrent de son père. Si la scène finale du cyclone de Cadet d’eau douce est inscrit dans les mémoires de tous les cinéphiles, Cadet d'eau douce le début du film est aussi très amusant : il faut voir, par exemple, comment Keaton arrive à faire d’une simple séance d’essayage de chapeau une petite merveille d’humour. Les scènes sur le streamer sont aussi pleines de bonnes trouvailles qui permettent à Keaton de montrer tout son talent. Mais le morceau de choix est effectivement cette terrible tempête, qui soulève et emporte tout sur son passage, avec la cascade probablement la plus dangereuse de toute l’histoire du cinéma : alors que toute une façade de maison lui tombe dessus, le jeune William ne doit son salut qu’à la présence d’une lucarne pacée juste au bon endroit. Saisissant! Cadet d'eau douce Toute la tempête a été filmée sans trucage (1). Le film n’eut que très peu de succès à son époque. Ce n’est que lorsque Keaton fut redécouvert, dans les années cinquante et soixante, qu’il fut considéré à sa juste valeur. Cadet d’eau douce est le dernier film de la meilleure période de Buster Keaton, celle où il a écrit et réalisé ses films (2).
Note : 5 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Tom McGuire, Ernest Torrence, Marion Byron
Voir la fiche du film et la filmographie de Buster Keaton sur le site imdb.com.

Voir les autres films de Buster Keaton chroniqués sur ce blog…

Remarques :
Cadet d'eau douce(1) Au départ, Keaton avait prévu une inondation pour la fin de Cadet d’eau douce plutôt qu’un cyclone mais les producteurs refusèrent : après les récentes inondations de 1927, il était malvenu d’en faire un sujet d’humour. Il opta donc pour un cyclone.
Le vent était produit par quatre ou six gros moteurs d’avion, capables à plein régime de soulever un camion. Une gigantesque grue soulevait les maisons. Le pan de maison qui bascule pour tomber sur Buster Keaton était bien réel, en matériaux lourds, et une bonne partie de l’équipe quitta le studio, refusant d’assister à une cascade qui pouvait le tuer : la marge d’erreur était de dix ou vingt centimètres aux épaules (de plus, du fait de ses problèmes personnels et professionnels, ses collaborateurs pensaient qu’il prenait, par dépit, des risques insensés). Il avait déjà utilisé ce gag (mais avec des murs beaucoup plus légers et une marge d’erreur plus grande) dans son court-métrage La maison démontable (One week, 1920) et précédemment avec Fatty Arbuckle dans Back Stage (Fatty cabotin, 1919).

Cadet d'eau douce(2) Joseph Schenck, son beau frère, avait annoncé à Buster Keaton qu’il ne produirait plus ses films. Il lui conseillait de continuer de tourner ses films au sein de la MGM. Hésitant, Keaton consulta ses amis Chaplin et Harold Lloyd qui lui déconseillèrent tous deux catégoriquement de signer à la MGM. Et pourtant, il signa et détruisit sa carrière car il perdit toute indépendance : plus question de tout écrire lui-même et d’improviser sur le plateau. Il perdit en outre ses meilleurs collaborateurs que la MGM s’empressa d’assigner à d’autres réalisateurs plus en vue. Keaton fera encore un film comparable aux précédents, Le caméraman, puis sombrera dans l’oubli. En outre, Keaton avait de très gros problèmes personnels.

23 décembre 2009

Le dernier round (1926) de Buster Keaton

Titre original : « Battling Butler »

Battling ButlerElle :
(pas vu)

Lui :
Adaptation d’une comédie musicale anglaise, Battling Butler met en scène un jeune homme de bonne famille, toujours assisté d’un serviteur, qui se voit contraint de prendre la place d’un boxeur pour gagner le cœur d’une jeune campagnarde. Le film est assez différent des autres Keaton dans la mesure où il n’y a pas de grande scène périlleuse ; l’humour est aussi plus diffus, plutôt concentré dans la première partie où la confrontation de ce jeune oisif avec la vie à la campagne ne manque de sel. Les scènes de boxe sont même étonnamment dures, avec une âpreté de ses adversaires au combat qui rend presque mal à l’aise. Battling Butler fut un énorme succès populaire à son époque ; vu aujourd’hui, on se demande un peu pourquoi car il apparaît, avec le recul, un ton nettement en dessous de ses autres films. Néanmoins, ce succès financier lui a permis de tourner Le Mécano de la General.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Sally O’Neil, Snitz Edwards
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Remarque :
On peut faire la comparaison entre les scènes de boxe de Keaton dans Battling Butler (1926) et celles de Chaplin dans Les Lumières de la Ville (1931) et aussi dans Charlot Boxeur, The Champion (1915). IL y a certaines similitudes mais Chaplin joue beaucoup plus la carte de l’humour en cherchant à éviter les coups alors que Keaton semble vouloir tout encaisser.

22 décembre 2009

Clockwise (1986) de Christopher Morahan

ClockwiseElle :
(pas vu)

Lui :
Le pointilleux principal d’un collège anglais manque le train qui doit l’emporter à la conférence annuelle des principaux de collège. Juste le jour il devrait la présider. Il tente d’y parvenir coûte que coûte par ses propres moyens, une folle cavalcade qui va mettre à mal tous ses grands principes. Ce principal, c’est John Cleese, l’ex-Monty Python, et il n’a pas son pareil pour caricaturer et pousser dans ses extrêmes un tel personnage guindé, rigide et engoncé dans ses principes. Il nous fait là un beau numéro et bien entendu tout le film repose sur lui. Même s’il souffre de quelques longueurs, Clockwise est amusant, souvent hilarant même, sans toutefois égaler les meilleurs films des ex-Monty Python.
Note : 3 étoiles

Acteurs: John Cleese, Sharon Maiden, Penelope Wilton, Alison Steadman
Voir la fiche du film et la filmographie de Christopher Morahan sur le site IMDB.

21 décembre 2009

Jerry la grande gueule (1967) de Jerry Lewis

Titre original : « The big mouth »

Jerry la grande gueuleElle :
(pas vu)

Lui :
Un comptable plutôt excentrique attrape avec sa canne à pêche un homme-grenouille agonisant. Il s’agit d’un truand qui lui remet une carte pour trouver des diamants. Ses comparses sont à ses trousses. L’essentiel de Jerry la Grande Gueule se passe dans un hôtel de luxe où le magot est censé être caché. Notre beau jeune homme va devoir affronter un réceptionniste haineux et une ribambelle de truands tenaces mais heureusement pas très futés. Si cela démarre assez mal, le film devient plus amusant ensuite grâce à certains bons numéros de Jerry Lewis, surtout quand il se déguise en simple d’esprit. L’ensemble est toutefois assez inégal, souvent très enfantin dans son humour. Jerry la Grande Gueule peut toutefois faire passer un bon moment à condition de le regarder avec un œil assez indulgent…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jerry Lewis, Harold J. Stone, Susan Bay, Buddy Lester, Del Moore
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20 décembre 2009

Ma vache et moi (1925) de Buster Keaton

Titre original : « Go West »

Ma vache et moi Elle :
(pas vu)

Lui :
Dans Go West, Buster Keaton cherche à atteindre une dimension mélodramatique plus forte, visant probablement à se rapprocher de Chaplin. Son personnage, nommé « friendless » (= sans ami), est un homme seul et sans emploi qui aboutit dans un ranch isolé. Il se lie d’amitié avec un vache, rejetée elle aussi à la fois par ses semblables et par les hommes. Il veut donc l’empêcher d’aller à l’abattoir. Jouant beaucoup sur l’ignorance et l’inaptitude de son personnage aux travaux de la ferme, Keaton ne parvient pas à aller au delà de la grande mélancolie qui lui est coutumière et au final son personnage est plutôt moins touchant que dans ses films précédents. Ma vache et moi De plus, le morceau de bravoure de la seconde moitié du film, le lâcher d’un gigantesque troupeau de vaches dans les rues de Los Angeles, ne tient pas toutes ses promesses : le troupeau ayant été très difficile à contrôler pendant le tournage, Keaton n’a pu faire ce qu’il avait vraiment en tête. Au final, Ma vache et moi est un ton en dessous de son niveau habituel. Il nous reste quelques images fortes tout de même, comme celle de Keaton et de sa vache, marchant seuls dans un paysage aride et plat.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Howard Truesdale, Kathleen Myers, Ray Thompson
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Homonyme :
Go West (Chercheurs d’or) de Edward Buzzell (1940) avec les Marx Brothers (et qui n’est pas, non plus, au niveau des meilleurs Marx Brothers). A noter que ce film comporte plusieurs clins d’oeil à Buster Keaton.

19 décembre 2009

Frigo capitaine au long cours (1921) de Buster Keaton et Edward F. Cline

Titre original : « The Boat »

Frigo capitaine au long coursElle :
(pas vu)

Lui :
(Court métrage de 27 minutes) Un homme part avec sa petite famille sur le bateau qu’il a lui-même construit. Il va devoir affronter les éléments hostiles… The boat met en scène le personnage assez classique de Keaton qui surmonte toujours (ou presque) les pires difficultés avec une certaine ingéniosité, tout en restant parfaitement imperturbable bien entendu. Ici, contrairement à l’habitude, il est un bon père de famille, doté de deux enfants aussi imperturbables que lui. La mise à l’eau du bateau est assez épique, le passage des ponts est… surprenant, la suite est humide. Malgré quelques longueurs, ce court métrage doté de plusieurs effets spéciaux reste amusant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Sybil Seely
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Remarques :
1. Son bateau s’appelle le Damfino, contraction de « Damned if I know » (littéralement : C’est bien le diable si je sais), nom qui permet un gag au moment du naufrage. C’est aussi la dernière phrase prononcée par Keaton à la fin du film (il n’y a pas d’intertitre mais on peut le lire facilement sur ses lèvres).
2. Keaton avait fait construire deux bateaux, l’un conçu pour flotter, l’autre pour couler. Hélas, le premier prenait l’eau de toutes parts et le second refusa obstinément de s’enfoncer.

18 décembre 2009

Les temps modernes (1936) de Charles Chaplin

Titre original : « Modern times »

Les temps modernesLui :
Plusieurs années après la généralisation du cinéma parlant, Charles Chaplin a la volonté et le courage de sortir un film muet (toutefois sonore, avec quelques voix off). Le but recherché était de faire un film universel qui soit compris par tous. Les Temps Modernes est un film très fortement ancré dans son époque, celle de la crise économique et de la mécanisation du travail à la chaîne. Sa portée aurait pu être limitée dans le temps, et pourtant il a non seulement traversé le temps mais il a pris beaucoup plus de force avec les années :  encore aujourd’hui, les images-symboles des Temps Modernes sont couramment utilisées pour illustrer des propos ou des articles sur la déshumanisation du travail et de la société. Car le fond du propos de Chaplin est bien une fois de plus sur la dignité de l’homme, l’homme qui est ici, soit broyé par des intérêts supérieurs, soit injustement condamné sur des apparences. Il mêle tout cela avec un humour omniprésent, on ne compte pas les scènes qui sont mémorables sur ce point : la machine à manger, la folie du serrage de boulons, le repas à la prison, le patin à roulettes dans le grand magasin et surtout la chanson dans le cabaret où Chaplin nous fait un numéro absolument hilarant. En fin de compte, avec Les Temps Modernes, Chaplin a bien atteint l’universalité qu’il visait.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Paulette Goddard, Henry Bergman, Allan Garcia
Voir la fiche du film et la filmographie de Charles Chaplin sur le site IMDB.
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Remarques :
1) Pour la scène de l’usine, Chaplin s’est sans aucun doute inspiré d’un film de René Clair, A nous la liberté (1932), qui comportait une scène très amusante et assez similaire sur le travail à la chaîne.
2) A sa sortie, Les Temps Modernes n’eut pas le succès espéré aux Etats-Unis où Chaplin fut parfois accusé de flirter d’un peu trop près avec le communisme. Le film fut interdit en Allemagne et en Italie. Il reçut un bon accueil à Paris et à Londres. En revanche, lorsqu’il ressortît à la fin des années cinquante, il fut unanimement plébiscité.
3) Le numéro chanté dans le cabaret fut la première fois où l’on a entendu la voix de Chaplin (rappelons que la voix off sur La Ruée vers l’Or ne fut enregistrée qu’en 1942). Cette chanson était une sorte de sabir composé de plusieurs langues. C’est la raison pour laquelle on reconnaît certains mots français autant que l’on reconnaît des mots anglais et sans doute d’autres langues.