Titre anglais : « Knave of hearts »
Lui :
André Ripois est un jeune français vivant à Londres. Il a épousé une anglaise fort riche qui désire se séparer de lui. Pour tenter de séduire une amie de sa femme, André Ripois lui raconte la vie agitée qu’il a menée avant son mariage. Il désire ainsi lui prouver qu’en dépit de ses nombreuses conquêtes féminines, il n’a jamais aimé auparavant. Avec Monsieur Ripois, René Clément dresse le portrait d’un séducteur terriblement seul, fragile, insatisfait, superficiel… un portrait étonnamment complexe et empreint d’une forte authenticité. Beaucoup de scènes de rue ont été faites en plein Londres, en caméra cachée, ce qui accroît de sentiment de réalisme et de vérité (ce procédé sera repris par la Nouvelle Vague à la fin des années cinquante). Gérard Philippe montre là tout son talent avec un jeu tout en retenue, distillant une certaine ambigüité, donnant beaucoup de profondeur à son personnage.
Note :
Acteurs: Gérard Philipe, Valerie Hobson, Natasha Parry, Joan Greenwood, Margaret Johnston, Germaine Montero, Diana Decker
Voir la fiche du film et la filmographie de René Clément sur le site IMDB.
Voir les autres films de René Clément chroniqués sur ce blog…
Remarques :
Les dialogues ont été écrits par Raymond Queneau. Le scénario est librement adapté d’un roman de Louis Hémon. Le film était initialement prévu pour être tourné en anglais. Après le choix de Gérard Philippe pour le rôle principal, il sera finalement tourné en français mais, heureusement, sans aucun doublage, les actrices anglaises jouant elles-mêmes en français avec un fort accent anglais ce qui accentue notre sentiment d’immersion dans le Londres des années cinquante.
C’est un film curieux, il m’a fallu plusieurs visions pour m’habituer au jeu et à la voix de Gérard Philipe. René Clément était très ami avec Gérard Philipe, mais il pensais que ce n’était pas un acteur de cinéma. Au bout du compte, le film est excellent et drôle. C’est sur le tournage de ce film que René Clément rencontra Johanna Harwood qui scénarisa les deux premiers James Bond et qui devint ensuite sa seconde épouse. Quand aux rapports avec la Nouvelle Vague, il suffit seulement de dire que le terrorisme de Truffaut et consort servait principalement à masquer le fait qu’ils étaient techniquement très faibles… et ils le sont restés. Si aujourd’hui on peut revoir les films de Clément, ceux de Truffaut sont complètement invisibles.
Mille fois d’accord pour dire que c’est un film excellent – et je pèse mon mot. En fait je le trouve très proche de la manière « nouvelle vague » surtout par sa manière de situer l’action en partie dans la « vrai vie » londonienne grâce surtout à des tournages caméra caché.
Quand à dire que les films de Truffaut sont invisibles, j’avoue ne pas comprendre. Bien au contraire je leur trouve une grâce mêlée de classicisme, qui en font des films mieux que visibles, intemporels. Voir « L’homme qui aimait les femmes », Tirez sur le pianiste, le merveilleux « Jules et Jim » entre autres….