Autre titre : « La naissance, la vie et la mort du Christ »
Lui :
(Film muet, 33 mn) Alice Guy n’est pas seulement la première femme cinéaste. Elle est, avec Louis Lumière et Georges Méliès, l’un des grands pionniers qui ont inventé le cinéma (1). Pourtant, son importance a longtemps été minimisée, voire ignorée (2). Parmi les nombreux films qu’elle a tournés pour Gaumont, La Vie du Christ est le plus long et le plus ambitieux. Il s’agit d’un ensemble de 25 tableaux, chacun étant consacré à un épisode important de la vie du Christ (3). Les 25 décors, réalisés en bois par le décorateur Henri Ménessier, sont tous différents. Certains de ces décors ont été montés en extérieur, dans la forêt de Fontainebleau. La Vie du Christ est une superproduction qui désire dépasser La Passion du Christ que Pathé a sorti quelque temps auparavant. Pas moins de trois cents figurants et acteurs apparaissent dans le film. La caméra d’Alice Guy reste fixe, en plan général, sauf une fois où elle effectue un ‘panoramique’ pour suivre la procession qui passe devant nous. Le jeu des acteurs reste assez théâtral, mais sans excès, les intertitres ne sont pas utilisés, si ce n’est pour donner le titre de chaque tableau (4). Certains effets visuels d’apparitions sont utilisés. La mise en scène est bien maitrisée, les nombreux acteurs et figurants sont parfaitement dirigés ; il est manifeste que le film est le résultat du travail d’une équipe bien plus importante que pour les autres films de la réalisatrice. La Vie du Christ est ainsi le plus grand film de la période française d’Alice Guy. Il fit grande impression et eut un très grand succès.
Note :
Acteurs: ??
Voir la fiche du film et la filmographie de Alice Guy sur le site imdb.com.
(1) Alice Guy fut embauchée comme sténodactylo par Léon Gaumont en 1895. Elle avait alors 22 ans. Deux ans plus tard, elle tournait ses premiers films. Son approche était nouvelle : faire jouer des acteurs dans des histoires scénarisées. Il ne fallut que quelques années pour qu’elle devienne directrice artistique de la création chez Gaumont. Après avoir épousé Herbert Blaché, elle se rendit aux Etats-Unis en 1907. Elle avait jusqu’alors tourné plus de 300 films pour Gaumont. Certains sont sonores (synchronisé avec un enregistrement sur disque), d’autres sont en couleurs (colorés au pochoir). Beaucoup sont perdus.
(2) Alice Guy (ou Alice Guy-Blaché) est à peine mentionnée dans bon nombre d’Histoire du Cinéma, certains de ses films ont même été longtemps attribués à d’autres (souvent un assistant). Il est hélas plus que probable que cette absence de reconnaissance soit due au simple fait qu’elle est une femme. Il faudra attendre les années cinquante, soixante et soixante-dix pour que certains historiens (comme Francis Lacassin en France) démontre son importance dans le développement de l’art naissant du cinéma et lui rendent hommage.
(3) Francis Lacassin raconte qu’Alice Guy lui a montré lors d’une entrevue en 1963 le recueil de chromos dont elle s’est inspirée : il s’agit de « La vie de Notre Seigneur Jésus Christ » par James Tissot, édité à Tours par Alfred Mame (Francis Lacassin « Pour une contre-histoire du cinéma », 1972)
(4) Il faut garder à l’esprit qu’à cette époque, un bonimenteur se tenait souvent à côté de l’écran lors des projections publiques pour commenter en direct l’action. Cela permettait de pallier à l’absence de dialogues écrits et assurait une parfaite compréhension.
A lire aussi :
Sur Alice Guy : Extraits de son autobiographie… Actualités et liste d’articles…
Sur La vie du Christ : Analyse, extraits, photos, photos des chromos de Tissot…
Ces petits sites ont été réalisés par Alice Guy Jr, descendante directe d’Alice Guy.
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