Titre original : « Reflections in a golden eye »
Lui :
Il fallait certainement le talent d’un réalisateur comme John Houston pour trouver le ton juste en adaptant le roman éminemment complexe de Carson McCullers Reflets dans un œil d’or. L’histoire se déroule dans une caserne paisible et isolée où un major (Marlon Brando) et sa femme (Elizabeth Taylor) entretiennent des rapports empreints d’insatisfaction. Une incrustation au début du film nous annonce le drame : nous savons qu’un meurtre va être commis. Toutefois Reflets dans un œil d’or n’a rien d’un film policier, il s’agit d’une peinture sociale, un certain regard sur la normalité que John Huston semble porter avec un certain recul, presque un détachement. Les rapports infiniment complexes entre les personnages sont ainsi montrés sans excès, sans jamais forcer le trait. Tout le mélodrame est évacué. La complexité des personnages est aussi parfaitement rendue par le jeu des deux acteurs principaux, deux monstres sacrés ici à la hauteur de leur réputation. La mise en scène parfaite de John Houston forme un bel écrin à l’intensité du récit. Reflets dans un œil d’or n’a hélas pas toujours été bien considéré. Il fait pourtant partie des plus beaux films de John Huston.
Note :
Acteurs: Elizabeth Taylor, Marlon Brando, Brian Keith, Julie Harris, Robert Forster, Zorro David
Voir la fiche du film et la filmographie de John Huston sur le site IMDB.
Voir les autres films de John Huston chroniqués sur ce blog…
Remarque :
Reflets dans un oeil d’or était vu ici dans sa version Director’s Cut : il s’agit non pas d’une version plus longue mais d’un traitement de l’image voulu par John Huston pour donner une image sépia aux reflets dorés. L’effet est visuellement très réussi et donne le sentiment d’une légère altération de la réalité. Certains critiques parlent d’une volonté de restituer la vision d’un observateur neutre, en l’occurrence le cheval ou le paon… Dans son autobiographie, Houston dit simplement : « C’est une histoire psychologique très nuancée : des pensées, des sentiments, des émotions qui ne pouvaient s’exprimer dans la gamme trop brillante du Technicolor. » Warner Bros pensa différemment et distribua le film en Technicolor classique. Commentaire de Houston : « ils pensent que, plus il y a de couleurs au mètre carré d’écran, plus le film est réussi. »
Oui, sûrement un des films les plus réussis de Huston avec « Wise blood ». Bien sûr il faut le voir dans la version « dorée ». j’ai eu la chance de voir les deux versions en salle et la comparaison n’est pas à faire. mais au-delà de cette astuce technique, il y a un film d’une grande complexité, servi par des acteurs au mieux de leur forme. C’est un des meilleurs films de Brando (ce quin’est pas si dur) et de Taylor.
Comme quoi votre blog montre qu’il vaut mieux revoir les vieux films que les sorties récentes.
j’ai le souvenir d’un grand Brando, loin du cabotinage éhonté auquel il va se livrer plus tard. Faut le voir (et l’entendre!) réciter du T.S. Eliott, ou fouetter son cheval.. Brian Keith à contre emploi est très bien aussi, tout comme Robert Forster (‘Jackie Brown’).
oui un excellent film que j’ai eu le plaisir de voir dans sa version dorée . tout y est juste, tendu et ferme comme un coup de cravache!
A voir et à revoir pour sa subtilité psychologique , le génie éclatant du metteur en scène , le métier et le charme des acteurs . Comment voir la version originale dorée ?
Le DVD sorti en 2015 comporte les deux versions.