Elle :
Tout comme L’Heure d’Eté d’Olivier Assayas, Le voyage du ballon rouge est issu d’une commande du Musée d’Orsay. C’est une fable poétique pleine de charme dans laquelle il faut se laisser porter comme ce ballon rouge qui flotte dans les rues de Paris aux côtés d’un enfant. Hou Hsiao-hsien nous transporte dans le quotidien d’une marionnettiste débordée qui s’entoure d’une nounou chinoise, étudiante en cinéma pour s’occuper de son jeune fils. Nous voici spectateurs de leur vie avec ses aléas et ses petites joies. Un regard simple et humain sur ce qui nous rattache à nos racines familiales que l’on veut garder au travers de photos ou de bobines de films en 8mm. Juliette Binoche est remarquable de justesse. L’art poétique de la rue devient une passerelle vers le tableau du ballon du Musée d’Orsay dans lequel les enfants plongent en imaginaire. Il faut noter aussi la très belle mise en scène de Hsiao-hsien Hou axée sur les reflets de visages dans les vitrines, les jeux de flous, la fluidité de la caméra. Un beau voyage.
Note :
Lui :
Le voyage du ballon rouge est une balade poétique qui ne manque ni de charme ni d’intérêt. Sous une apparence de film en partie improvisé (les dialogues n’ont d’ailleurs pas été écrits), le film de Hou Hsiao Hsien est aussi une réflexion sur le dédoublement, la séparation. Le film se déroule dans trois univers : celui de la mère, survoltée, accablée de problèmes pratiques, celui de l’enfant et de sa baby-sitter, univers privilégié, en construction, et celui du ballon rouge, onirique, presque irréel. Ces univers ne se rencontrent que rarement au cours du film, la mère et son fils pendant le doublage des marionnettes, l’enfant et la ballon au début et à la fin du film. Le cinéaste accentue cette notion de plusieurs univers en utilisant très fréquemment des reflets, des doubles reflets, des triples reflets, ou en jouant avec la profondeur de champ pour créer des flous de premier plan ou d’arrière plan. C’est superbe. La séparation tient aussi beaucoup de place dans la vie de la mère : un conjoint injoignable, un appartement coupé en deux dont la meilleure partie est squattée par une vague connaissance, des impératifs qui l’empêchent de passer du temps avec son fils, alors que son métier est d’interpréter plusieurs personnages à la fois (encore un dédoublement)… Etonnante Juliette Binoche qui parvient à rendre son personnage, de prime abord irritant (une véritable tornade), finalement attachant. Elle charge son personnage mais ne sur joue à aucun moment. Enfin Le voyage du ballon rouge est aussi une réflexion sur l’Art, ou plus exactement sur le regard de l’artiste, qu’il soit cinéaste ou peintre. C’est un film étonnant, dans lequel on ne s’ennuie pas une seconde malgré l’absence de trame scénaristique traditionnelle. Un très beau film.
Note :
Acteurs: Juliette Binoche, Simon Iteanu, Song Fang, Hippolyte Girardot
Voir la fiche du film et la filmographie de Hou Hsiao-hsien sur le site IMDB.
Voir les autres films de Hou Hsiao-hsien chroniqués sur ce blog…
La peinture que les enfants vont voir à la fin du film est Le Ballon de Félix Vallonton (1899), un tableau qui contient deux angles de vues, deux univers différents… Voir ce tableau sur le site du Musée d’Orsay…
Le voyage du ballon rouge est au départ une commande du Musée d’Orsay, premier film d’une série pour fêter les 20 ans du musée.
Le film fait référence et rend hommage au court métrage Le Ballon Rouge d’Albert Lamorisse (1956), primé à Cannes.
Vos commentaires sont intéressants et m’incitent à revoir ce film.