Titre original : « Adam’s rib »
Lui :
Madame porte la culotte est bien une comédie, certes, mais son propos se situe bien au dessus de la vulgarité que ce titre français idiot laisserait supposer. Le titre anglais, « la côte d’Adam », est subtilement ironique puisque le film de Cukor met en scène de façon amusante l’égalité des sexes (1). Katharine Hepburn et Spencer Tracy, mari et femme, tous deux avocats, vont s’affronter dans une affaire où une femme a tiré sur son mari volage. Le féminisme est ici traité sans perfidie et le parallèle entre les scènes de tribunal et les scènes du couple le soir est l’occasion de très bons dialogues, un véritable jeu de ping-pong entre nos deux acteurs qui se connaissent bien (Tracy et Hepburn ont tourné 9 fois ensemble dont 3 fois avec Cukor). George Cukor est particulier inventif avec son jeu de caméra, utilisant largement et parfois à contre-emploi les plans fixes : l’un d’entre eux, un plan fixe de plus de sept minutes pendant l’interrogatoire de l’accusée par Katharine Hepburn, est resté célèbre. Madame porte la culotte (quel titre… !) n’a pratiquement pas vieilli, ce qui n’est pas toujours le cas des films de cette époque traitant de l’égalité des sexes. Il le doit au talent de Cukor et à ses deux acteurs principaux dont le duo n’a jamais été si brillant et plein de verve.
Note :
Acteurs: Spencer Tracy, Katharine Hepburn, Judy Holliday, Tom Ewell, David Wayne
Voir la fiche du film et la filmographie de George Cukor sur le site IMDB.
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Homonyme :
Adam’s Rib (La rançon d’un trône) de Cecil B. deMille (1923)
(1) Dans la Bible, Dieu a créé Ève à partir d’une côte d’Adam… Pour accentuer l’ironie, le personnage joué par Spencer Tracy s’appelle Adam.
Les titres français, c’est souvent une catastrophe. Celui-ci, je me suis habitué. L’expression « porter la culotte » est un peu triviale mais elle est courante et elle l’était d’ailleurs encore plus à l’époque. Du duo Tracy/Hepburn, j’ai un faible pour le méconnu Desk Set, en français « une femme de tête ».
J’ai une préférence pour WOMAN OF THE YEAR (La Femme de l’Année) de George Stevens, qui marqua en 1942 la rencontre du couple Tracy/Hepburn (au cinéma comme dans la vie). Il y avait dans leurs échanges « quelque chose » – un charme spontané, une connivence, mais aussi un désir très vif – qu’on ne retrouvera jamais à un tel degré. On pourrait dire la même chose du couple Bogart/Bacall après LE PORT DE L’ANGOISSE. Les premières rencontres ne se répètent pas…