Elle :
Anna M. est un film angoissant à mi-chemin entre le thriller et le fantastique dont l’intensité dramatique monte progressivement jusqu’à en devenir presque insupportable, notamment dans les scènes de violence avec les enfants. Michel Spinoza parvient à créer une atmosphère intrigante et passionnelle. Le scénario est bien construit et la mise en scène révèle une belle maîtrise des éclairages et de la caméra. Une femme enfant au visage angélique interprétée par une Isabelle Carré méconnaissable, jette son dévolu amoureux sur un médecin qui l’a soignée. Elle se croit aimée et harcèle cet homme jusqu’à bouleverser sa vie de façon démesurée. Cet amour fou l’obsède tant qu’elle semble prête à tout. Le malaise, le déséquilibre, la folie suintent dans chaque plan.
Note :
Lui :
Michel Spinoza parvient à créer une atmosphère forte et dérangeante. Il s’est directement inspiré pour cela de cas cliniques et les 3 tableaux du film (l’espoir, le dépit, la haine) sont en fait les trois stades d’évolution d’une psychose, l’érotomanie : croire de façon illusoire être aimé par une personne donnée, une maladie touchant plus particulièrement les femmes. Isabelle Carré montre une fois de plus tout son talent en interprétant une jeune femme assez terrifiante, à l’opposé de son image habituelle. Anna M. monte en intensité, servi pour cela par la précision de sa mise en scène.
Note :
Acteurs: Isabelle Carré, Gilbert Melki, Anne Consigny
Voir la fiche du film et la filmographie de Michel Spinosa sur le site imdb.com.
Voir les autres films de Michel Spinosa chroniqués sur ce blog…
Bonjour,
J’ai dû faire un effort pour visionner ce fim de Michel Spinosa, Anna.m. Très déçu. Je ne regrette pas de l’avoir vu en entier, car la réalisation est sans reproche, bien que l’on reste sur sa faim… Bien construit par le réalisateur; mais le rôle d’une malade mentale ne peut faire en aucun cas le sujet d’un film. Question d’appréciation, ou de conception. Je ne peux pas faire abstraction du nombre d’intellectuels béats, à la projection de ce film. Ils ont dû trouver cela génial. Pas moi. Le début est intéressant, l’amorce, ou le tiers du film. Quand on cherche à se complaire dans l’exposition du négatif, il faut aller jusqu’au bout. Il y a un peu de suspense, à la fin, de la part du personnage principal, car ont ne sait pas trop ce qu’elle risque de faire de cette enfant qu’elle vient d’accoucher, et d’elle. Certes, elle reste impévisible de part le fait de sa folie… Mais dans ce cas, il faut aller jusqu’au bout; il manque cette notion de drame fracassant, à la fin… A supposer qu’elle aurait pu se jeter avec l’enfant, de tant de bonheur de l’avoir mise au monde. Elle qui selon moi, ne recherche pas le bonheur… On la voit trop se masturber aussi. Une fois, et ont aurait compris… Ce n’est pas le reproche essentiel. Le rytme de l’exposition est trop mélancolique. Mais il ne faut pas non plus déplaire au public… Film bourgeois, malgré la différence de classe sous-jaçante entre les deux protagonisites, la simplicité touchante d’Isabelle Carré. Le simple passage du docteur en compagnie de son épouse, au dernier plan, ne me parait pas satisfaisant. Il suggère, certes, que l’héroïne est libérée de ses démons, mais j’ai eu peine à le croire. La maitrise du réalisateur en tant que scinéaste est excellente, rien à dire là dessus, mais c’est au sujet que je m’en prends, peut-être aussi à son exposition, même si le réalisateur a un talent indéniable. Réalisation ambiguë, pas claire, terne. Je n’ai pris aucun plaisir à regarder ce film. Il y a des trop pleins, là où il n’en faut pas, des manques, là où il en faudrait, enfin d’intensifier le rythme, de le rendre plus vigoureux. Certes, ce n’est un chant d’honneur…
Le film vient de passer à la TV et j’ai beaucoup aimé.
C’est un film à clés, difficile à comprendre au-delà de l’histoire, somme toute banale, d’un amour fou d’une femme pour un homme qui ne l’aime pas.
Quelles sont ces clés : 1/ il y a le « Cantique des cantiques », récit biblique à double sens puisqu’il peut être vu comme un amour charnel entre un homme et une femme, ou comme un amour entre un homme (ou une femme) et Dieu (ou l’Humanité créée par Dieu).
2/ Il y a ce tableau que l’on voit dans la chambre d’Anna et, à la fin, dans la chapelle. Ce tableau représente, semble-t-il, un amour innocent ou un amour porteur de ‘l’humanité toute entière.
3/ Il y a ce livre ancien qui sert d’objet transactionnel: un extrait est lu à Anna par sa mère et, à la fin du film, il est lu par la collègue de travail de Anna qui l’accompagne dans le « refuge ».
4/ le « refuge » est probablement rêvé par Anna. Celle-ci a sombré dans la démence (scène sous le lit de la chambre d’hôtel) et elle rêve cet épisode d’apaisement, comme si elle était au paradis. Elle voit passer l’homme aimé, et son amour charnel est devenu mystique. Son visage montre ce changement. Le livre possédé par la mère-elle même peu équilibrée- a été transmis par Anna à sa collègue qui risque de basculer à son tour en contemplant le tableau.
Il serait bon que le cinéaste explique, mieux que moi, ces clés.