Elle :
Je n’ai pas résisté plus de 30mn à l’artificialité du jeu des acteurs et au maniérisme ambiant bien propre à un milieu bien déconnecté du réel.
Note :
Lui :
On ne peut pas vraiment dire qu’Eugène Green fasse un effort quelconque pour nous encourager à entrer dans son film : il y a tout d’abord ce parti pris au niveau du jeu des acteurs, un jeu figé, sans émotion, des acteurs qui regardent la caméra… et aussi cette image terne et plate, sans éclairage. En fait, le film est comme totalement dénué d’artifice pour mieux se focaliser sur son récit, à mi-chemin entre la chronique sentimentale de fin d’adolescence et le songe mélancolique. Le problème est que l’émotion a bien du mal à naître de toute cette froideur apparente et que le film semble s’empêtrer dans un tissu de petites vérités simples qui se voudraient être essentielles. Non, en fait, les meilleurs moments sont ceux où Eugène Green égratigne un certain milieu intellectuel avec quelques personnages hauts en couleur, franchement allumés et totalement imbus de leur personne : un(e) professeur de littérature exaltée, Olivier Gourmet en homme théâtre emphatique et surtout Denis Podalydès, absolument superbe en directeur d’ensemble baroque autant maniéré que détestable !
Note :
Acteurs: Adrien Michaux, Natacha Régnier, Denis Podalydès, Olivier Gourmet
Voir la fiche du film et la filmographie de Eugène Green sur le site imdb.com.
Note: Le très beau morceau de Monteverdi que l’on entend plusieurs fois est « Lamento della Ninfa« , un madrigal amoureux extrait du 8e livre « Madrigali guerriere ed amoroso » (1638).
Désolé mais là je ne saisi pas pourquoi vous avez renoncé à prendre en compte cette merveille de subtilité qu’est cet opus de Green. L’aspect formel est au service d’une réflexion profonde sur l’amour (et le sens de la vie). Les procédés sont parfois parodiques (on pense à Léaud chez Eustache et Godard pour Adrien Michaux), et souvent fins et comiques. La critique de la gauche caviar miterrandienne est bienvenue. Gourmet et Podalydès sont extras.
Voici ce qu’en dit un critique de cinéma américain (John Gelgud) sur son blog :
« Here’s the good news: his supreme masterpiece, 2004’s Le Pont des Arts is playing at the French Institute next Tuesday, December 18 at 4:00. (It’s in their French Musicals series, which is great. But if you cringe at the idea of musicals, don’t worry. It’s only a musical in that it involves a lot of musicians practicing their craft.)
While I find his films unlike anything I’ve seen, it’s understandable that he routinely draws comparisons to Robert Bresson. (And I’d say there’s a direct line from Bresson’s The Devil, Probably to Le Pont des Arts that leaves everything in its wake left in tatters.) But seriously,there’s nothing Le Pont des Arts. Characters talk to the camera when they talk to each other, it’s hypnotic, it’s bizarre, it’s occasionally laugh-out-loud funny and if I remember correctly there’s some homoerotic wrestling involving the Dardenne Brothers’ favorite actor, Olivier Gourmet. »