Titre original : « Werckmeister harmóniák »
Elle :
Film hongrois d’une incroyable lenteur. Pas beaucoup de patience ce soir. J’ai décroché très vite fait.
Note :
Lui :
Un village qui semble hors du monde et du temps, et où débarque par convoi spécial une énorme baleine morte… Il s’ensuit une situation de grande confusion, un grand danger semblant planer sur les habitants… Il est difficile de résumer ce film où la raison ne tient pas face à l’irrationnel et au chaos.
Tourné en noir et blanc, Les Harmonies Werckmeister possède un rythme bien à lui : De longs plans, tellement longs que certains en viennent à ressembler à une ritournelle, un disque rayé, tel ce plan étonnant de marche des deux personnages, un plan qui semble développer sa propre musique dans sa répétition. Ou alors cet extraordinaire long plan d’une foule en marche, silencieuse, froide et déterminée, sans expression, telle une armée de zombies, un plan dont se dégage une force vraiment peu commune.
Béla Tarr ne nous donne que peu d’explications sur cette menace qui plane tout au long des Harmonies Werckmeister, ou sur ce prince qui semble lui-même manipulé, mais par contre la symbolique est là et on devine aisément les références à la situation sous l’ex-bloc soviétique.
Mais les interprétations peuvent être multiples. Par exemple, cette foule déterminée (mentionnée plus haut) va en fait saccager un hôpital, tabasser les blessés et les malades. Peut-on imaginer un acte plus illogique, contraire à la raison? Faut-il y voir l’expression du sentiment d’avoir au dessus de soi une force colossale, dont on ne comprend pas la logique mais qui peut vous engloutir ? Ou plus simplement, l’expression du fait que dans une situation de crise, une foule peut accomplir les actes les plus inutiles, barbares et idiots ?
Sur la forme, il faut noter également, le travail sur la photo, avec de très beaux plans de visages. Les Harmonies Werckmeister est un film étonnant, pas facile à aborder, mais assez beau et puissant.
Note :
Acteurs: Lars Rudolph, Hanna Schygulla, Peter Fitz
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La lenteur n’est inconvénient que pour les excités. Film intriguant, prenant.
Un film qui vous happe, tel le mystère de la beauté d’un ciel étoilé.