Elle :
Ce réalisateur kurde parvient avec des bouts de ficelle à créer un univers décalé ponctué d’humour et de fantaisie dans un village perdu d’Arménie. Dans de superbes paysages enneigés, on voit évoluer un veuf et une veuve qui se rendent sur la tombe de leurs époux respectifs et qui finiront par se rapprocher tant la vie et la solitude sont rudes. Pas d’argent, pas de travail, pas de présent et pas d’avenir. On voit des chaises un peu partout à l’extérieur comme si elles symbolisaient l’attente d’un avenir meilleur. Hamo veut vendre son armoire qu’il transbahute sur son dos et Lala tente de vendre son piano pour survivre. Les compositions d’images sont incongrues et amusantes tel ce lit tiré dans la neige par un bus, ce magasin de vodka perdu dans la campagne, ce cheval qui traverse l’écran de temps à autre, ce repas de noce pris dans la neige. Les personnages sont également attachants ; ils subissent leur sort mais parviennent à grappiller de temps à autre des parcelles de bonheur grâce au chant et à la musique.
Note :
Lui :
C’est avec une bonne dose d’humour que le réalisateur choisit de montrer la difficulté de vivre dans ce minuscule village d’Arménie, englué par la neige et loin de tout. Il n’hésite donc pas à enchaîner les situations les plus incongrues et inattendues, et le film a indéniablement un côté surréaliste. Parfois, cela semble un peu plaqué, on sent qu’il a voulu faire « une image », mais c’est le plus souvent réussi et surtout il parvient à rendre ses personnages assez attachants malgré leur mutisme quasi permanent. Le grand père du réalisateur avait, paraît-il, l’habitude de dire « notre passé est triste, notre présent est catastrophique mais, heureusement, nous n’avons pas d’avenir », une phrase à la fois drôle et terrible qui résume parfaitement le ton et le propos du film.
Note :
Acteurs: Romen Avinian, Lala Sarkissian
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