Titre français : « To kill a mockingbird »
Elle :
Film méconnu du réalisateur du célèbre Un été 42 qui mérite le détour. Mis à part quelques longueurs et un ton assez moralisateur, Robert Mulligan exalte les valeurs humanistes, l’importance de la famille et plaide pour l’égalité des droits pour les noirs. Pour ce faire, il plante le décor dans une bourgade du fin fond de l’Alabama où un père avocat (Gregory Peck) élève seul ses deux enfants avec courage et modestie. Il défend un noir accusé de viol sur une blanche. Pour rendre compte de la complexité de l’âme humaine, il joue avec l’ombre et la lumière, choisit des éclairages de nuit au clair de lune. Ainsi, il crée une ambiance presque mystique pour décrire les peurs infondées, la confrontation des enfants avec le monde des adultes, le racisme féroce des villageois contre le noir accusé de meurtre. Un film à redécouvrir.
Note :
Lui :
Sans être dénué de qualités, ce film de Mulligan souffre d’une lenteur certaine dans son développement et d’un certain conformisme dans le propos (tout louable qu’il soit). Bonne interprétation, y compris des trois personnages enfants.
Note :
Acteurs: Gregory Peck, Robert Duvall
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Mulligan sur le site IMDB.
Ce film est classé à ce jour 41ème dans le Top 250 des films les plus appréciés de tous les temps (sur le Site IMDB) et j’avoue que je n’en avais jamais entendu parler jusqu’à ce qu’il sorte en DVD récemment. Surtout connu par « Un été 42 », sorti en 1971, Robert Mulligan explore ici également le monde de l’enfance. Tout au moins le récit est-il effectué par « Scout » et vue par ses yeux. La structure narrative de l’oeuvre surprend. Tout commence dans la bonhomie d’une petite ville du sud des Etats-Unis, où chacun se connaît et entretient, apparemment, des relations de bon voisinage. Mais n’oublions pas que cet univers est tamisé par le regard d’une fillette et de son frère, prompts à se créer des utopies et à faire galoper une imagination débordante.
Près de leur domicile, il y a donc un homme mystérieux, dangereux : Arthur « Boo » Radley (Robert Duvall). L’est-il réellement, nous l’ignorons. Puis, intervient ce qui promet d’être au coeur du drame : le jugement de Tom Robinson, qui menace de déchaîner les passions dans cette bourgade aux habitants ancrés dans un racisme primaire, ostentatoire, et ancestral. Mais, contrairement aux attentes, la narration repart dans le quotidien des jeunes enfants, nous offrant, périodiquement, de belles scènes intimistes entre eux et leur père. Enfin, le procès a lieu. Et, là aussi, le spectateur est pris à contre-pied de ses attentes, tant les scènes du tribunal, d’ordinaire propices aux débordements verbaux ou matériels de tous ordres, se déroulent dans une atmosphère dont le calme total contraste avec les passions supposées des blancs qui attendent un verdict exemplaire, que la culpabilité du malheureux prévenu soit prouvée ou non ! Cet épisode que l’on attendait, stupidement, il faut le reconnaître, comme un morceau de bravoure, à l’instar des délibérations de « 12 Hommes en colère », par exemple, laisse perplexe. Réduit au niveau d’un élément parmi les autres, il devient en fait, non la tragédie d’un adulte injustement accusé et condamné d’avance par la barbarie de ses compatriotes, mais un épisode vécu par un enfant comme aussi étranger à son monde que le dilemme crucial vécu par Atticus en choisissant de s’opposer à ses « frères » blancs. En fait, très subtilement, Robert Mulligan accorde à chaque événement l’importance que lui accorde la petite fille. Aussi, l’épisode, de portée infime, où son frère « Jem » doit laisser son pantalon accroché au barbelé de la propriété dans laquelle il s’est introduite, sera-t-il quasiment ressenti, traité, avec autant d’intensité que l’énoncé du jugement qui voit un homme innocent condamné !
Gregory Peck, tout en retenue et en finesse, trouve ici un rôle de non-violent très proche de celui de James McKay, qui l’avait vu s’opposer quatre ans plus tôt, au volcanique Charlton Heston dans « Les grands espaces ». Altruiste, généreux, profondément humain, empli de dignité et de sagesse, nuancé, le film est une ode à la tolérance, touchante et délicate. Il n’en demeure pas moins que l’atonie générale et l’absence de passion plombent quelque peu ce tableau sensible. Voilà assurément le genre de réalisation que notre époque, où l’hypertrophie est reine, ne voit plus sortir sur les écrans !