Elle :
Grâce à son grand talent de mise en scène et de scénariste, François Ozon n’a pas son pareil pour nous introduire dans cet univers des années 40-50 aux accents hollywoodiens ; son héroïne romancière fait d’ailleurs penser à la rebelle et capricieuse Scarlett O’Hara d’Autant en Emporte le Vent. Musiques sirupeuses, décors dispendieux et voyants, toilettes froufroutantes, reconstitution des années 1900, une fois de plus, le réalisateur surprend par son audace et son habileté à nous accrocher et à éviter tout académisme. Cette jeune femme survoltée qui écrit des romans à l’eau de rose, vit dans un rêve permanent et rejette ses origines modestes, finit par devenir émouvante malgré ses désirs de luxe et de célébrité. François Ozon cerne avec habileté ses fragilités et fêlures derrière le masque de la gloire artificielle et éphémère et se pose la question de savoir ce que signifie réussir sa vie.
Note :
Lui :
Dans l’Angleterre du tout début du XXe siècle, Angel, la fille d’une épicière, devient une romancière à succès. En adaptant ce roman d’Elisabeth Taylor (romancière anglaise n’ayant bien entendu aucun lien avec l’actrice du même nom)(1), François Ozon tente de renouer avec la tradition des grands mélodrames des années 50. Effectivement, il parvient à donner une dimension certaine à son film par une mise en scène très travaillée et des plans graphiquement étudiés. Il nous lance même de petits clins d’oeils avec quelques plans ostensiblement en décors peints. Hélas, l’histoire donne autant cette impression d’histoire à l’eau de rose que les romans qu’écrit son héroïne : cette romancière rêve sa vie plus qu’elle ne la vit, modifiant la réalité pour se calfeutrer dans un monde idéalisé. Angel est un film très plein, mais uniquement dans sa forme et au final se révèle donc un peu long.
Note :
Acteurs: Romola Garai, Sam Neill, Lucy Russell, Michael Fassbender, Charlotte Rampling
Voir la fiche du film et la filmographie de François Ozon sur le site imdb.com.
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(1) Le roman d’Elisabeth Taylor était inspiré de la vie d’une romancière populaire de la même époque : Marie Corelli.
Homonyme :
Ange (Angel) de Ernst Lubitsch avec Marlene Dietrich (1937).