1 avril 2017

Les Aventures du baron de Munchausen (1988) de Terry Gilliam

Titre original : « The Adventures of Baron Munchausen »

Les aventures du baron de MunchausenDans une ville assiégée par les Turcs, une pièce de théâtre conte les aventures du fameux baron de Münchhausen sous l’œil du dirigeant très bureaucrate de la ville. Surgit alors un vieillard affirmant être le vrai baron de Münchhausen. Tous le prennent pour un fou. Seule Sally, fille du directeur de la troupe de théâtre, le prend au sérieux. Il lui raconte… Les Aventures du baron de Munchausen est un sujet qui semble fait pour Terry Gilliam. Ces récits invraisemblables, imaginées en premier par Rudolf Erich Raspe à la fin du XVIIIe siècle, permettent à l’ex-Monty Python de créer un délire narratif et visuel permanent comme il les affectionne. Le fond du propos est une fois de plus de mettre l’accent sur les aspects absurdes de notre société réputée policée et sur l’importance du rêve comme unique moyen d’évasion. Le tournage fut, lui aussi, délirant : éprouvant pour les acteurs, il va finir par coûter deux fois plus cher que prévu. Les décors sont multiples, la figuration importante et les effets nombreux et variés, rien ne semble arrêter Terry Gilliam. Le résultat est une belle fantasmagorie, avec de belles envolées lyriques, même si on peut trouver certaines scènes moins réussies (à mes yeux, l’épisode sur la Lune est le plus faible… malgré toutes ses références littéraires). A la suite d’un changement de direction à la tête du studio, Columbia sabota la sortie américaine et le film fut un échec commercial aux Etats-Unis. Terry Gilliam eut bien des difficultés à obtenir de gros budgets par la suite.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: John Neville, Eric Idle, Sarah Polley, Oliver Reed, Jonathan Pryce, Uma Thurman, Robin Williams
Voir la fiche du film et la filmographie de Terry Gilliam sur le site IMDB.

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Les Aventures du baron de Munchausen

Les Aventures du baron de Munchausen
John Neville dans Les Aventures du baron de Munchausen de Terry Gilliam.

Les Aventures du baron de Munchausen
Botticelli n’est pas loin : Uma Thurman en Vénus dans Les Aventures du baron de Munchausen de Terry Gilliam.

Remarques :
* Le tournage eut lieu aux studios Cinecittà de Rome et aux studios Pinewood en Angleterre, les extérieurs étant tournés en Espagne.
* John Neville était alors surtout un acteur de théâtre.
* Les Aventures du baron de Munchausen est le premier rôle joué pour le cinéma par Uma Thurman. En revanche, ce n’est pas le premier pour Sarah Polley (8 ans), future réalisatrice.
* Sting fait une brève apparition en soldat ayant fait preuve de bravoure (Sting était alors voisin de Terry Gilliam et c’est ainsi que serait née l’idée).
* Terry Gilliam fait une brève apparition (le chanteur dans le poisson).
* La présence d’une annonce à la fin sur l’absence de lien avec le film de 1943 est juste une protection juridique : les ayant-droits de ce film prétendaient en effet que le film de Gilliam était un remake.

Autres adaptations :
Les Aventures du baron de Münchausen de Georges Méliès (1911)
Les Aventures fantastiques du baron Münchhausen de l’allemand de Josef Von Baky (1943) réalisé pour les 25 ans de la UFA à la demande de Goebbels.
Le Baron de Crac de Karel Zeman (1962)
Les fabuleuses aventures du légendaire Baron de Munchausen de Jean Image (1979), dessin animé
Le Secret des Sélénites de Jean Image (1984), dessin animé.
Les Aventures du baron de Munchausen de Terry Gilliam (1988)

2 réflexions sur « Les Aventures du baron de Munchausen (1988) de Terry Gilliam »

  1. Film remarquable (comme tous ceux de Terry Gilliam) et envoutant.

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    Il est utile de préciser que Terry Gilliam s’est inspiré des gravures réalisées par Gustave Doré pour l’édition française de 1862 de la version (canonique) de Bürger. C’est même plus qu’une inspiration, puisqu’il a explicitement cherché des acteurs ressemblant auxdites gravures, ce qui a joué un rôle essentiel en particulier dans le choix de John Neville [il fera de même pour son Don Quichotte avorté, Jean Rochefort avec barbichette grisonnante ressemblant — à l’âge qu’il avait à ce moment-là — comme deux gouttes d’eau à la représentation du héros de Cervantès par Gustave Doré].

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    Votre remarque sur l’épisode sur la Lune est amusante et intéressante.

    En effet, je me souviens que lors de la sortie du film, Télérama n’avait pas tari d’éloges sur ce passage, en raison de son caractère décalé, onirique, très étrange (puisque la foule en liesse est représentée par des panneaux statiques et des sons), le comparant à je-ne-sais-plus-quel-cinéaste et supposant un hommage réussi.

    Mais, dans une interview, Terry Gilliam avait souri à ces éloges et expliqué que cette mise en scène particulière était simplement un bricolage « par nécessité » car c’était la dernière séquence tournée… à un moment où il n’avait tout simplement plus de budget ! Ce choix minimaliste et symbolique n’était qu’une contrainte : réussir à tourner cet épisode avec trois bouts de ficelles et des caisses vides.

    Vous avez manifestement perçu cette dimension, et le fait que c’est un épisode mis en scène « par défaut » (là où Télérama avait cru voir une formidable inspiration — mais qui témoignait de toute façon du génie de Terry Gilliam, capable de transcender cette contrainte).

  2. :-))
    C’est vrai que c’est amusant…
    En tous cas, de savoir qu’il a tourné cela en dernier avec les caisses vides explique beaucoup de choses. Terry Gilliam semble s’être beaucoup reposé sur le numéro de Robin Williams qui est en mode ‘ad lib’ (à noter qu’il venait de tourner Good Morning Vietnam).

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