16 août 2016

If…. (1968) de Lindsay Anderson

If....Dans un collège privé britannique de la fin des années soixante, la discipline est très dure, assise sur un ensemble de pratiques et de traditions. Quatre élèves sont promus au rang de préfets d’éducation et ont toute autorité pour faire respecter la discipline. Mick Travis (Malcolm McDowell), un garçon non conformiste, est jugé par eux comme non conforme à l’esprit de l’institution…
Cofondateur du free cinema anglais avec Karel Reisz et Tony Richardson au début des années 60, Lindsay Anderson signe avec If…. un film-torpille sur le système scolaire anglais. Le film est adapté d’un roman de David Sherwin qui s’est inspiré de son expérience personnelle à la Tonbridge School (Kent). Lindsay Anderson dit avoir également été inspiré par Zéro de conduite de Jean Vigo, notamment dans la construction. Le plus remarquable dans ce film est le glissement progressif de la réalité à une réalité fantasmée où la rébellion du jeune garçon s’exprime de façon de plus en plus démonstrative, pour devenir extrême. Le film a été tourné la même année que Mai 68 et il témoigne de cette époque où le poids des traditions commençait à peser bien lourd sur toute une génération. Le film fut bien entendu très controversé à sa sortie mais reçut la Palme d’Or au festival de Cannes 1969.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Malcolm McDowell, Robert Swann, Arthur Lowe
Voir la fiche du film et la filmographie de Lindsay Anderson sur le site IMDB.

Voir les autres films de Lindsay Anderson chroniqués sur ce blog…

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If....
David Wood, Richard Warwick et Malcolm McDowell dans If…. de Lindsay Anderson.

Remarques :
* Le titre If…. fait référence à un poème de Kipling (lire dans les commentaires l’explication donnée par un lecteur de ce blog que je remercie). Le livre de Sherwin et Howlett avait pour titre Crusaders (Les Croisés).

* La présence de scènes en noir et blanc n’est pas due à un problème de budget. D’après Malcolm McDowell, les scènes à l’intérieur de l’église, dont la production ne pouvait disposer que pour un temps limité, auraient été tournées en monochrome pour profiter de la lumière naturelle (les pellicules monochromes sont toujours plus sensibles que celles en couleur). Les tests en couleur dans l’église avaient trop de grain et des couleurs changeaient suivant l’angle d’orientation de la caméra. Lindsey Anderson fut intéressé par la façon dont l’irruption d’images en noir et blanc cassait la continuité et il décida d’insérer d’autres scènes en noir et blanc, un peu au hasard, sans logique, afin de désorienter le spectateur afin d’accompagner le glissement progressif de la réalité au rêve.

* L’un des assistants au réalisateur est le jeune Stephen Frears.

* If…. est le premier long métrage pour Malcolm McDowell qui n’avait auparavant fait que de la télévision (on peut omettre une apparition dans le premier long métrage de Ken Loach Pas de larmes pour Joy, 1967, puisque ses scènes furent supprimées). C’est dans If…. que Stanley Kubrick a remarqué l’acteur et le fera connaitre au monde entier avec Orange mécanique (1971).

* La musique si particulière est constituée d’extrait de la Missa Luba, « une version des textes en latin de l’ordinaire de la messe du rite romain utilisant des chants traditionnels congolais » (dixit Wikipedia).

* Lindsay Anderson a repris le personnage de Mick Travis dans deux films ultérieurs :
O Lucky Man ! (Le Meilleur des mondes possible) en 1973
Britannia Hospital en 1982

If....
Le terrible quartet des élèves-préfets de If…. de Lindsay Anderson (au centre : Robert Swann).

3 réflexions sur « If…. (1968) de Lindsay Anderson »

  1. Le titre de ce film est une allusion au poème de Rudyard Kipling « If » qui interpelle celui qui subit une épreuve en lui conseillant le courage. Dans une situation douloureuse ou d’infortune, il faut choisir la façon d’y réagir au lieu de la subir et de s’apitoyer sur son sort. Même poursuivi par le destin, l’homme doit se relever pour reprendre sa vie en main.

  2. Bonjour,

    Merci pour votre blog. Je ne suis pas certain que le film ait été tourné avant Mai 68.

    En tout cas, on peut voir dans le film une photo de Gilles Caron du 6 mai 68.

    https://www.centrepompidou.fr/es/ressources/oeuvre/czzynXd

    Elle est épinglée sur un mur dans la « chambre » du jeune « héros ».

    Cela dit, il est vrai que la scène a pu être tournée pendant ou juste après les « évènements », et le reste du film effectivement tourné avant ce mois de mai.

  3. Bravo pour avoir remarqué ce détail qui prouve effectivement que cette scène a été tournée *après* le 6 mai 68. La première du film a eu lieu le 19 décembre 1968 à Londres, cela laisse même suffisamment de temps pour que le film entier soit tourné juste après mai. Tout au plus, peut-on affirmer que le scénario a été écrit avant Mai 68…

    Merci de m’avoir signalé cette erreur, je corrige le texte. Je pense d’ailleurs que je voulais surtout dire qu’il a été tourné au moment de Mai 68.

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