29 janvier 2007

Duel (TV, 1971) de Steven Spielberg

DuelElle :
(pas revu)
Lui :
Duel fait partie de ces films dont les images ont tant de force qu’elles restent gravées dans votre mémoire à tout jamais. En tournant ce film pour la télévision, le jeune Steven Spielberg réussit un coup de maître tant il montre de maestria à manier les images et les espaces. Duel Avec très peu de moyens, il parvient à faire monter graduellement la tension jusqu’à des niveaux rarement atteints, pas très loin de la tension générée par certains films d’Hitchcock par exemple ; ce qui est, au départ, un banal évènement routier devient un terrible combat de l’homme contre la machine et aussi une certaine vision d’une société américaine déshumanisée. L’idée de base, on la doit à Richard Matheson, formidable écrivain de science-fiction, qui a transformé une de ses nouvelles en un scénario dont l’efficacité est décuplée par le talent de Spielberg à créer des images fortes. 
Note : 5 étoiles

Acteurs: Dennis Weaver
Voir la fiche du film et la filmographie de Steven Spielberg sur le site imdb.com.

Voir les autres films de Steven Spielberg chroniqués sur ce blog…

16 réflexions sur « Duel (TV, 1971) de Steven Spielberg »

  1. Autres « temps modernes » : ces autoroutes où, aux States, il arrive de retrouver des suicidés, tombés en panne aux 400.000 miles (orthographe volontaire) diables, jamais secourus et finalement revenus de tout au point d’en préférer une mort volontaire.
    Ici, un citoyen sans histoire jusqu’à ce qu’il se retrouve victime expiatoire de haines qui le dépassent.
    Spielberg le fait poursuivre par un camion rouleau compresseur.
    Bush l’envoie en Irak.

  2. Bonjour à tous!

    A propos du fim « Duel » de Steven Spielberg, je dois dire que c’est une oeuvre qui m’a beaucoup marqué.

    La façon dont le camion fou est déshumanisé jusqu’à l’affrontement final est pour moi une vraie réussite cinématographique. Je crois que c’est un des tous premiers films du réalisateur et je suis d’accord avec « Lui » pour dire que c’est un coup de maître et que Spielberg manie avec maestria les images et les espaces.

    Je crois que sur la jacquette de la VHS du film, le résumé parlait d’un « tueur psychopathe » invisible derrière le volant de son camion. Je ne sais pas si l’on peut parler du conducteur de la machine bien qu’on en aperçoive parfois le bras gauche ou les santiags tant le camion semble presque animé d’une volonté propre. Le conducteur est muet tout au long du film (même à la station service) les seuls sons qu’il emmet sont des coups de klaxon (qui est la voix de la machine). Par contre le camion vibre, rugit et traque le pauvre Dennis Weaver qui subit, comme le spectateur, une gradation dans l’angoisse.

    Ce qui fait frissonner également c’est que ce genre d’histoire, sans être très probable, pourrait arriver à chacun d’entre nous. Et c’est là aussi où réside le génie du réalisateur et le talent du scénariste: mêler un brin de fantastique et d’horreur au quotidien d’un homme banal qui se rend à un entretien de travail.

    Les images liées à l’approche du camion sont traitées d’une façon que j’ai rarement revu depuis. On a une impression de vitesse et de déplacement de masse incroyable. « Lui » a été surtout marqué par les images d’après ce que j’ai cru comprendre à la lecture de son commentaire. Et bien moi c’est par les sons et ce qui les relie aux images. Par exemple, le rugissement du moteur du camion qui prend de la vitesse et qui contraste dans un premier temps avec le bruit serein de la radio dans la voiture de tourisme. Le conducteur de la voiture ignore tout de ce qui va se passer et on passe successivement de la voiture candide au camion en rage. Ce que je retiens surtout de ce film, ce qui me reste comme impression, ce sont ces images tremblantes et vibrantes de cette vision du camion fonçant à toutes berzingues liées aux bruits incroyables du moteur poussé dans ses retanchements. A voir ces images, je me demande si Spielberg n’a pas monté la caméra sur une stucture à élastiques tant les vibrations de l’image accompagnent la course de l’engin.

    La première fois que j’ai vu ce film, j’étais adolescent. En voyant évoluer le personnage de Dennis Weaver face à la menace je me disais naïvement qu’il était tout à fait possible de réagir autrement à cette agression (innocentes certitudes de toute-puissance liées à cet âge). Ce n’est qu’en revoyant le film une fois adulte que je me suis demandé comment je réagirais dans une telle situation. Par exemple, quand le conducteur de la voiture vient d’être poursuivi sur 7 miles. Après s’être planté dans la cloture il atterrit dans ce bar de routier et il ne se sent pas le bienvenu. Il subit des regards en biais et des moqueries avant de s’aperçevoir que le camion furieux est garé sur le parking. Il a peur et est en colère et il réagit très mal à cette situation, il ne sait pas la gérer car elle est à mille lieues de son quotidien. Finalement, après avoir agresser le mauvais bougre, c’est lui qui est éjecté par le patron du bar. Ainsi, face à une situation décalée et complètement folle (comme en génère parfois la maladie mentale, comme celle, supposée du conducteur de camion), comment réagirais-je?

    Comme je l’ai écrit plus haut le film « Duel » m’a marqué et ce que j’en retiens c’est cet effroi que j’ai pu ressentir face à cette puissance rendue folle par l’esprit déséquilibré d’un homme et si bien retranscrite par le réalisateur.

    C’était mon commentaire.

    Je vous souhaite une excellente journée!

    Boudhi’s Friend

  3. Oui, vous avez raison de parler de déshumanisation dans le sens où ce n’est effectivement pas face à un conducteur psychopathe que l’on se retrouve mais face une machine infernale qui semble dotée d’une volonté et d’une liberté d’action propre.

    La scène où le camion vient en aide au bus, ou encore celle où le camion « salue » l’énorme locomotive sont symptomatiques : les machines se parlent, s’entre-aident. C’est dans ce sens que Duel est un vrai film de science-fiction.

  4. Bonjour!

    Je suis assez d’accord avec vous sur le fait que l’on puisse voir ce film comme de la pure science fiction où les machines s’entraident et se parlent.

    Là où je maintiens ce que j’ai écrit dans mon commentaire (pour être placé de façon privilégiée en contact avec la maladie mentale), c’est qu’un tel comportement est théoriquement possible pour qui aurait perdu totalement la raison. Et notamment sur le choix d’une cible sans raison apparente comme une voiture quelconque et parallèlement un comportement fraternel avec un conducteur de train et même, comme vous l’avez souligné, un comportement apparemment abhérent d’entraide avec le bus scolaire. Certains désordres mentaux ont ces symptomes, ce qui les rend particulièrement difficiles à diagnostiquer.

    Je conçois tout à fait que ce film a été écrit et réalisé dans une optique de science-fiction, mais j’amène l’idée, peu séduisante j’en conviens qu’un tel comportement (hors de tout stylisme cinémathographique) est théoriquement possible. Je suis désolé de ne pas avoir de référence de bouquin à vous proposer, je ne peux que vous dire que je suis particulièrement sensibilisé à ces questions.

    Je vous souhaite une excellente journée!

    Boudhi’s Friend

  5. Re-bonjour!

    Après reflexion, je considère que vous avez raison. Le film duel est de la pure science fiction, ce que j’ai avancé plus haut n’est que pur postulat, donc indémontrable.

    Merci pour votre éclairage, continuez, j’aime beaucoup votre site!

    Bonne journée!

    Boudhi’s Friend

  6. En fait, tout doit s’écouter dans ce film (en espérant que la traduction française respecte la version américaine!!!)
    Un homme « terrorisé » par sa femme effectue un long trajet pour un entretien d’embauche.
    Il le dit lui même: je ne suis pas le maitre à la maison…
    Le contenu du message de la radio est-il anodin???Il évoque les hommes qui font la loi (ou qui ne la font pas)dans leur ménage…Je me demande si cela n’explique pas le reste…Qui veut se débarrasser de cet homme-mauviette???
    Sa femme???Indirectement ou l’amant de sa femme????
    Sur une échelle graduée, vous placez donc cet homme tout en bas, puis sa femme au-dessus, enfin une tierce personne qui pourrait-être l’amant de sa femme…Et qui donc peut « l’écraser » facilement.?..Car sans doute cet amant (macho à santiag, bras musclés) domine la femme de l’électronicien assez fluet…Il y a autre chose: le camion se déplace lorsque l’homme se rapproche pour ne pas être vu car son visage lui est familier…C’est un « proche » de sa famille…
    dernier mystère: quand le camion chute dans le ravin, le chauffeur est-il toujours dans la cabine????
    Une suite était donc possible, mais aurait extrait trop de suspenses à ce premier film…

  7. C’est une explication amusante. Je n’y avais pas pensé. Pourquoi pas…
    Mais cela aurait l’inconvénient de ramener le film à un simple thriller, il en deviendrait plus banal.
    😉

  8. Un autre duel???

    Si le mec a eu le temps de sauter de la cabine sans se blesser ,alors???
    Un autre duel peut commencer sans les machines…
    Un duel d’homme à homme…
    L’électronicien ne réagit pas de façon logique: il se satisfait de voir le camion en bas du talus…Mais comment ose t-il ne pas se soucier de l’identité du chauffeur???
    Qui???Qui oublierait cela???
    Est-ce le camion ou le chauffeur qui est dangereux???
    Un chauffeur dangereux peut être dangereux dans n’importe quel véhicule..Donc il aurait été normal que l’électronicien descende ce talus pour rechercher un cadavre:
    1) Pour vérifier qu’il est bien mort…
    2) Pour connaitre son identité

    Voilà une suite possible: l’électronicien s’en va à pied mais quelqu’un le suit à pied…Vu son physique et la grosseur de ses bras, même à mains nus , il peut vaincre…
    Mais son désir de tuer est eclipsé par la volonté de ne pas être reconnu…
    Et si je le ratais!!!!
    Donc il doute, il hésite, il n’est pas sûr de lui…Il n’est pas sûr d’être plus fort que l’électronicien…Le craindrait-il???
    Nous avons vu que sa volonté était bien de déguiser un meurtre en accident avec le camion…
    Mais il a oublié de tuer la collectionneuse de reptiles, c’est la seule témoin de la tentative de meurtre…A partir de ce moment là, le déguisement de meurtre en accident est dépassé…
    Il lui reste cependant une grosse étape à franchir: se montrer pour tuer…
    C’est dans la suite: « Duel 2 » qui n’existe pas…
    Mais nous rentrons dans une forme d’intimité. Les 2 hommes se reconnaissent…Le lien est fait avec la femme infidèle…
    Cette information rendrait-elle notre informaticien soudainement plus fort pour que notre « barraqué » n’ose se montrer…
    Faut-il en déduire qu’il adore sa femme ????

  9. « Duel 2 » n’existe certes pas mais presque 40 ans après la sortie du film de STeven SPIELBERG, personne n’a songé à réaliser une préquelle dans laquelle nous verrions le camion (un peu moins sale) s’attaquer aux premières victimes, dont les plaques d’immatriculation figurent tels des trophées accrochés sur le pare-chocs du monstre roulant! Car je suis sûr que le tueur de la route n’en est pas à son coup d’essai!

  10. Excellente ton idée Marmouscoule !
    Perso, je suis un grand fan de Matheson. Il faudrait peut-être lui suggérer l’idée. 😀

  11. J’ai ressenti et compris ce film comme une parabole sur la brutalité du monde moderne, que l’auteur a dû pressentir à cette époque. Qu’importe l’identité du chauffeur, ce qui arrive au protagoniste change la donne définitivement ; ne dit-il pas que cette agression inexplicable rompt le lien avec sa vie passée, et qu’il devient « animal »? La scène finale, statique et magnifique, où il ne cherche pas à vérifier si le chauffeur est mort, est passionnante, car elle nous laisse penser qu’il est hors de danger, mais aussi qu’il peut s’agir d’un répit passager, annonciateur de désillusions encore plus violentes.
    Telle fut mon interprétation et ma lecture du film. Le chauffeur symbolise la folie du monde actuel que nous devons malheureusement subir et dans lequel nous devons survivre. Le héros prend le dessus lorsqu’il prend les choses en main et va jusqu’à risquer sa vie.

  12. Merci pour ce commentaire.

    L’identité et le sort du chauffeur importe peu en effet car c’est la machine qui domine. Ce n’est pas un combat homme contre homme mais homme contre machine. Les machines se saluent, s’entraident… et elles meurent aussi. Elles se sont dotées d’une intelligence et se retournent contre nous… Vous avez raison de parler de la nécessité de survivre. 😉
    La déshumanisation est un thème récurrent dans la science-fiction des années 50/60/70.

  13. Merci.
    La machine me semble n’être qu’un vecteur qui sert à illustrer la déshumanisation; de mon point de vue, l’homme s’engouffre dans une nouvelle ère, où son prochain lui devient étranger, un danger même. Je pense que ce film illustre plus les nouvelles relations humaines qui se sont instaurées. Par l’entremise des machines, l’homme est devenu plus que jamais un loup pour l’homme. Ceci n’est qu’une interprétation, quelque peu pessimiste… Ce film avait-il pour but (1971) d’angoisser le (télé)spectateur ou bien de l’alerter véritablement sur les dérives de la société moderne et donc de lui ouvrir les yeux en l’amenant à se préparer?

  14. Je suis d’accord avec votre analyse. Quant aux intentions, je pense que l’idée de base du scénariste (Richard Matheson, excellent écrivain de science-fiction qui a signé de nombreux scénarios pour le cinéma) était la prospective, extrapoler le réel pour imaginer une évolution/dérive possible. Le génie du jeune Spielberg a été, avec très peu de moyens, de faire fonctionner le film à plusieurs niveaux : angoisse pure et prospective/avertissement.

  15. Bonjour
    Quelqu’un se souvient d’une critique très négative de Delfeil de Ton écrite je crois dans Charlie Hebdo (ou ce qui en tenait lieu) à la sortie du film ?

  16. Après tous ces commentaires enthousiastes et intéressants, je m’excuserais presque d’apporter une déception: la fin. Franchement, il suffisait donc d’imaginer (Thou shalt not spoil!) un stratagème aussi éculé pour se débarrasser d’une intelligence démoniaque? Un peu bâclé, non?
    La remarque s’applique également au premier Alien.
    Tant de mise en scène brillante pour en arriver là, ça coûte au moins une étoile.
    En résumé: excellent film, fin idiote.

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