27 mai 2006

Bob le flambeur (1955) de Jean-Pierre Melville

Bob le flambeur Elle :
Dans un de ses premiers films noirs, Jean-Pierre Melville impose déjà son style très personnel où l’ombre et la lumière, le Paris des années cinquante, le milieu des truands machos jouent un grand rôle. Son regard semble nostalgique et triste dans cette histoire où Bob le Flambeur va gagner au jeu l’argent qu’il est censé volé au casino de Deauville, le même soir. Un joli clin d’oeil. La forme du film m’a plus intéressée que le scénario qui traîne un peu en longueur.
Note : 3 étoiles

Lui :
Ce premier polar de Jean-Pierre Melville est remarquable par la façon dont il donne vie à ses personnages. Il se dégage une impression de vérité, de réalisme. Melville aime s’attarder avec eux et les scènes de la vie nocturne de Pigalle contribuent à donner presque un aspect documentaire au film. Il met aussi beaucoup en valeur son personnage féminin, jouée par Isabelle Corey, d’après lui une sérieuse concurrente de Brigitte Bardot. Un beau film, assez brut, où l’on sent l’influence du polar américain, mais avec déjà un style très “melvillien”.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Isabelle Corey, Daniel Cauchy, Roger Duchesne, Guy Decomble
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Pierre Melville sur le site IMDB.
Voir les autres films de Jean-Pierre Melville chroniqués sur ce blog…

Remake :
L’homme de la Riviera (The Good thief) de Neil Jordan (2002) avec Nick Nolte et Tchéky Karyo

8 réflexions sur « Bob le flambeur (1955) de Jean-Pierre Melville »

  1. « Un beau film, assez brut, où l’on sent l’influence du polar américain », il semble – au contraire – que ce sont les Américains qui ont été influencés par ce film …

  2. Ce commentaire prend du poids quand on sait que les américains ont commis, en 2002, un remake de ce film, sous le titre « The Good Thief » (titre français : « L’Homme de la Riviera ») et réalisé par Neil Jordan. Avec Nick Nolte dans le rôle de Bob.

  3. Merci de cette précision que j’avais omise de mentionner (mais il s’agit d’un film anglais… ;-)) Nevertheless, je l’ai ajouté…

    Au sujet des influences, Melville était un grand amoureux du cinéma américain et des films noirs en particulier. Tout son art a été d’aller au delà de l’imitation, il a su créer un style à lui.
    Qu’il ait donc en retour lui même influencé certains réalisateurs américains est indéniable mais, si je ne m’abuse, ce fut plus avec ses réalisations des années 60 qu’avec celui-ci qui est son premier film noir. Ceci-dit, on a déjà dans Bob le Flambeur toutes les prémices du style du Samouraï.

  4. Melville lui même inspirateur de la génération actuelle : Johnnie To a dans ses cartons un remake du « Cercle rouge » !

  5. J’ai toujours aimé regarder de temps en temps « Bob le Flambeur « , car on dirait que Melville s’y fait la main, il y a un petit brin de naïveté dans l’approche des personnages, dans les dialogues, dans l’intrigue, mais lorsqu’on a vu les autres films de gangsters de Melville, on se rend compte qu’il avait déjà créé son univers, qu’il peaufinera par la suite.
    Ce film a le charme de montrer les rues de mon enfance, à l’époque où j’y faisais mes premiers pas.

  6. Il y a aussi une influence directe dans ce film des romans de Simonin et de Le Breton qui étaient déjà des grands succès. Si Melville se recycle dans le polar où il réussira très bien, c’est que jusqu’alors, il n’a pas trouvé sa voie et que « Quand tu liras cette lettre » a été un échec commercial auquel il ne s’attendait pas.

  7. Pour moi la première partie de Bob le Flambeur est un pur joyaux. L’atmosphère qui s’en dégage est un pur régal. Suivre Bob à travers ses errances du petit matin et ses espérances quand retombe la nuit suffit au plaisir de ce film. La seconde partie plus conventionnelle.

  8. ET MELVILLE « CREA » LA NOUVELLE VAGUE

    Et Bob repartit du Casino en calèche policière avec son grisbi dans le coffre de la Traction Avant de son ami le flic. De l’argent facilement gagné, on peut le dire. Quelques heures à la roulette, au baccara et au chemin de fer, alors que ses potes avaient répété des jours et des jours durant le casse du même casino et s’apprêtaient à suer sang et eau pour ouvrir son bon dieu de coffre-fort avant se faire canarder par les poulagas. Et si le Bob a échappé au massacre, c’est bien parce que, le flambe dans la peau, il en a oublié l’heure convenue de l’attaque.
    «Bob le flambeur» l’arc en ciel du cinéma noir français, est à la fois un polar, une comédie de mœurs et, surtout, un film insolent. Melville sait bien que la vie au cinoche est plus belle que la «vraie vie». Il sait également que la polar n’est que l’expression moderne de la tragédie.BOB LE FLAMBEUR
    Aussi «Bob le flambeur» la chronique d’un «vieux jeune homme», évoque un monde oublié et qui néanmoins n’a jamais existé. Celui des truands et voyous d’avant guerre. Du temps où les gendarmes affrontaient les voleurs. Avant que l’Occupation ne bouleverse la règle du « jeu » et que l’on retrouve les deux camps mélangés entre Résistants d’un côté et Collabos de l’autre. En 1955/56 le vieux Bob est peinard depuis 20 ans. Jusqu’à ce…
    Insolence suprême, Melville le résistant, le fils d’immigrés juifs a choisi pour «être» Bob, qui est un peu lui-même, Roger Duchesne(à gauche en imperblance, photo) qui n’a pas tourné depuis 1943, accusé à la Libération d’avoir appartenu à la gestapo française. Duchesne s’affirme plus et mieux qu’un vieux beau (il est teint en blanc). Sans cesse en représentation, il nous semble irréel, presque une apparence. Il nous apparaît à travers une vitre lançant des dés dans le silence (Melville renouvellera et approfondira ce procédé de distanciation dans « Deux hommes à Manhattan»)BOB LE FLAMBEUR
    Si l’influence d' »Asphalt Jungle » (« Quand la ville dort », John Huston, 1950) sur Bob est évidente, ce n’est seulement par le thème ou le scénario, mais plus par ce que Jacques Lourcelles analyse très bien: « même préférence accordée aux personnages par rapport à l’intrigue, même vision pessimiste et taciturne du monde et, chez les personnages, même indifférence fondamentale à l’égard de l’échec et de la réussite considérés comme des caprices sans importance du destin » On pourrait ajouter une misogynie quasi identique, où la femme, reste secondaire et néanmoins «décisive» dans l’échec.
    BOB LE FLAMBEURTourné en très grande partie en décors naturels-« Bob le Flambeur » est une somptueuse carte du Tendre de Montmartre- avec peu de moyens (le tournage fut plusieurs fois arrêté, faute de pellicule et d’accessoires)
    et une absence de naturalisme (comme chez Fritz Lang, période américaine, on devine l’envers du décor, le mur nu derrière la porte, dans les scènes tournées en studio, notamment au commissariat et dans la boite de nuit) ce quatrième film et premier polar de Melville annonce, évidemment, la prochaine Nouvelle Vague (moins cependant que «Deux hommes dans Manhattan»). Une paternité qu’il il tentera en vain d’abjurer. Mais voilà….

    Mais comme «Touchez pas au Grisbi» (et plus tard le «Trou») « Bob le flambeur» se suffit à lui-même. D’ailleurs les petits beckeriens et melvilliens des années soixante à nos jours, auront, souvent, bien du mal, à égaler les paternels. Sauf, sans doute, Godard dans quelques uns de ses premiers films (A bout de souffle», «Bande à part», «Les Carabiniers»), Truffaut grâce aux seuls «400 coups» et «Tirez sur le Pianiste, et Chabrol pour la première demi-heure de ses «Bonnes femmes». Et, l’unique Quentin Tarentino.
    Mais ceci est une autre histoire pour un autre blog.

    A Isabelle Corey (1939-2011)
    Vedette à 16 ans, retraitée à 32 ans. De Melville à Rossellini.

    Le blog de jl Ivani. Le polar français 45/62

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