26 janvier 2008

Les Dix Commandements (1923) de Cecil B. DeMille

Titre original : « The Ten Commandments »

Les dix commandementsElle :
(pas vu)

Lui :
La version de 1923 des Dix Commandements est composé de deux histoires : le prologue, de 40 minutes environ, met en scène la traversée de la Mer Rouge et Moise recevant les Dix Commandements sur le Mont Sinaï. Cette partie bénéficie d’une mise en scène fastueuse avec des milliers de figurants. Certains plans sont restés célèbres, notemment cette étonnante traversée de la Mer Rouge due aux trucages de Roy Pomeroy. La seconde partie, de 80 minutes environ, se passe à notre époque et montre deux frères dont l’un choisit de vivre dans l’irrespect des Dix Commendements. Moins intense, cette partie est plus conventionnelle, plus simple aussi. Les Dix Commandements est la première de ces superproductions bibliques de Ceci B. DeMille qui lui valurent toute sa renommée. Détail amusant, il eut l’idée de départ d’un simple participant à un concours de scénario qu’il avait organisé.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Richard Dix, Rod La Rocque, Leatrice Joy, Theodore Roberts
Voir la fiche du film et la filmographie de Cecil B. DeMille sur le site imdb.com.

Voir nos commentaires sur le version de 1956 des Dix Commandements
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25 janvier 2008

Intolérance (1916) de David W. Griffith

Titre original : « Intolerance: Love’s struggle throughout the ages »

IntoléranceLui :
Intolérance sortit un an après Naissance d’une Nation pour lequel Griffith s’était vu accusé d’encourager un certain racisme. Il voulu donc, en réponse, faire une vaste fresque contre l’intolérance à travers les âges en prenant quatre moments historiques et en les entremêlant pour créer des parallèles. Ce montage, habile et audacieux (mais engendrant toutefois une certaine confusion chez le spectateur), s’accélère pour devenir bien plus rapide vers le fin du film. Les quatre séquences sont inégales en importance dans le montage final, puisque celle sur la Passion du Christ est plus une simple évocation et celle sur le Massacre de la Saint-Barthélemy (par Catherine de Médicis en 1572) est globalement plus brève que les deux morceaux principaux : The Mother and the Law qui se déroule à l’époque actuelle en 1914 et Le Festin de Balthazar dans Babylone, en 539 avant J.C.

IntoléranceComme cela a toujours été souligné par les historiens du cinéma, Intolérance forme un ensemble hétéroclite et assez peu convaincant quant au fond (prôner la tolérance) mais les séquences babyloniennes restent l’un des plus grands spectacles qu’Hollywood ait pu créer de toute son histoire : Griffith utilisa un gigantesque plateau de 2 kilomètres de long avec des décors hauts comme une maison de six étages et des milliers de figurants. Le résultat est à la hauteur des moyens utilisés avec des scènes du siège de Babylone par Cyrus assez phénoménales.

Le film fut un échec commercial, du fait de ses faiblesses mais aussi parce qu’en 1917 les Etats-Unis entreront en guerre et les messages pacifiques n’auront plus beaucoup droit de cité. En 1919, pour récupérer un peu d’argent, Griffith sortira séparément The Fall of Babylon et The Mother and the Law. L’historien George Sadoul rapporte avoir vu The Mother and the Law ainsi monté seul et l’avoir trouvé d’une grande puissance alors que, intégré dans Intolérance, il est un peu écrasé par la magnificence de Babylone. Il faut d’ailleurs savoir que Griffith l’avait tourné avant même Naissance d’une Nation mais ne l’avait pas sorti, redoutant sans doute les effets de son message social (il montre la répression aveugle et sanglante d’une grève). Malgré son côté disparate, Intolérance a marqué l’histoire du cinéma, son influence sur les jeunes cinéastes russes comme Eisenstein est souvent citée. Il reste donc très intéressant à visionner presque un siècle plus tard.
Note : 4 eacute;toiles

Acteurs: Mae Marsh, Robert Harron, Constance Talmadge, Alfred Paget
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Note : Le montage initial d’Intolérance de 275 minutes a été perdu très tôt. Griffith fit des nouveaux montages pour ressortir le film en 1926 et 1933. La version que nous pouvons voir actuellement dure un peu plus de 150 minutes avec des teintures d’images un peu marquées.

Note : Dans Les trois âges (1923), Buster Keaton utilisera la même construction qu’Intolérance, plus dans un esprit de parodie que d’hommage cependant.

24 janvier 2008

La chute (2004) de Oliver Hirschbiegel

Titre original : « Der Untergang »

La ChuteElle :
Un film aux allures de téléfilm et de documentaire-fiction qui m’a mis mal à l’aise. La chute d’un régime criminel et du pire dictateur de tous les temps dans son bunker, entouré de ses terribles comparses, la lente décomposition d’un Hitler vieillissant et tremblant, capable d’avoir la larme à l’œil et de se montrer attentif envers les enfants et les jeunes femmes, des visages angéliques d’enfants et de secrétaires qui suscitent un certain attendrissement et assez peu d’éléments précis sur la barbarie du national socialisme malgré les quelques abominables vociférations d’Hitler. Il faudra le générique de fin pour en avoir une meilleure idée. Est-ce suffisant pour faire passer le message aux jeunes générations ? Il faut saluer la performance d’acteur de Bruno Ganz.
Note : 3 étoiles

Lui :
Il est certain que l’existence même d’un film sur les derniers jours du plus grand tyran de l’Histoire n’est pas sans poser quelques problèmes : le risque de le rendre humain n’est pas négligeable et sur ce point le film peut être critiqué à cause de certaines scènes, notamment celle où l’on voit une larme perler sur sa joue à l’annonce de la défection de l’un de ses proches. Néanmoins, La Chute parvient à dresser le portrait d’un dictateur parvenu à une impasse, aveuglé par une idéologie primaire et brutale, lâché peu à peu par une partie de ses généraux. Il est présenté comme étant parfaitement lucide et revendiquant la justesse de ses actes. C’est une bonne chose dans la mesure où il aurait été trop facile (et non-conforme à l’Histoire) de le montrer comme un fou psychopathe. En revanche, sur le plan physique, le film nous le montre vieillissant très rapidement et pris de tremblements permanents. Evitant les écueils, La Chute parvient donc à trouver une représentation juste de ce monstre de l’Histoire, aidé par l’interprétation particulièrement remarquable de Bruno Ganz. On peut, bien entendu, s’interroger sur la nécessité ou l’intérêt de faire un tel film mais son succès en Allemagne montre qu’il a un grand besoin de savoir. Et sur ce point, seule une production allemande pouvait parvenir pleinement à ce résultat.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Bruno Ganz, Alexandra Maria Lara, Ulrich Matthes, Juliane Köhler, Corinna Harfouch
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23 janvier 2008

Haute pègre (1932) de Ernst Lubitsch

Titre original : Trouble in Paradise

Trouble in ParadiseElle :
(En bref) Très bonne comédie pleine d’humour, de rebondissements et au scénario particulièrement bien ficelé. Haute Pègre forme un ensemble quasi parfait.
Note : 5 étoiles

Lui :
S’il est un film qui montre toute la maestria de Lubitsch dans le domaine de la comédie, c’est bien Haute Pègre. On le voit ici vraiment au sommet de son art. L’intrigue met en scène un couple d’escrocs de haut vol qui opèrent dans la haute société, celle des palaces et des bourses serties de diamants. Trouble in ParadiseUne fois encore, le rythme est remarquable, les rebondissements sont nombreux ne laissant aucun temps mort, reposant sur des ressorts certes classiques mais qui fonctionnent ici parfaitement. Les ingrédients sont presque ceux du vaudeville mais entre les mains de Lubitsch ils n’engendrent nullement la platitude ou la banalité, bien au contraire : il sait les doser pour former un ensemble parfait, particulièrement vif et relevé. Plus de 75 ans après sa création, son Trouble in Paradise reste un réel délice à regarder. On pourrait presque se demander : A-t-on fait mieux depuis ?
Note : 5 étoiles

Acteurs: Herbert Marshall, Miriam Hopkins, Kay Francis
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22 janvier 2008

Gente di Roma (2003) de Ettore Scola

Gente di RomaElle :
Voyage original au cœur de Rome, une cité que l’on connaît peu sous ce jour. Ettore Scola nous plonge dans un kaléidoscope de sensations lors d’un voyage en bus qui se déroule du matin jusqu’à la nuit. Cette mosaïque de petites scènes et de personnages parfois hauts en couleur laisse entrevoir les problèmes d’immigration, de chômage, de vieillesse, de misère mais aussi le Rome des nuits sulfureuses ou nostalgiques. Malgré quelques petites longueurs, on se laisse entraîner à feuilleter l’album de voyage avec plaisir.
Note : 3 étoiles

Lui :
Gente di Roma (= les gens de Rome) est un véritable hommage d’Ettore Scola à la ville de Rome, cette ville qu’il affectionne tant et qui tient toujours une grande place dans ses films. Gente di Roma se présente comme une mosaïque de petites scènes, certaines sont très courtes, seulement quelques secondes, alors que d’autres sont plus élaborées avec un dialogue soigneusement écrit. Au sein de cette ensemble, Scola développe plusieurs thèmes principaux pour nous expliquer ce que sont les gens qui peuplent Rome : la conscience de l’Histoire tout d’abord, à l’image de cet épousseteur de statues qui interrompt son travail pour déclamer au micro (ce que je pense être) le discours de Marc Antoine ; le thème de l’immigration ensuite, qu’il présente comme étant non pas intégrée mais parfaitement tolérée ; la vieillesse avec une scène d’anthologie au restaurant entre un père et son fils qui veut le placer en maison de retraite. Scola montre aussi son attachement politique profondément ancré à gauche en y intégrant les images du grand rassemblement de la gauche organisé par Nano Moretti. Tout cela forme un ensemble attachant où Rome paraît merveilleuse et foisonnante. Par certains aspects, on est à la limite du documentaire mais il s’agit bien d’un film où tout est écrit, merveilleusement bien d’ailleurs car Scola n’est pas seulement un très grand cinéaste, c’est aussi un excellent scénariste.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Alessandra Costanzo, Lola Pagnani, Giorgio Colangeli
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21 janvier 2008

Le Cabinet du Docteur Caligari (1919) de Robert Wiene

Titre original : « Das Kabinett des Doktor Caligari »

Le Cabinet du Dr CaligariLui :
Film-manifeste de l’expressionnisme allemand, Le Cabinet du Docteur Caligari tient une place à part dans l’histoire du cinéma. Ce sont bien entendu les décors qui frappèrent en premier les spectateurs : maisons de travers, rues tordues, aucun angle droit dans l’architecture… Ces décors, tout en tentures peintes, sont l’œuvre d’un groupe de peintres expressionnistes Der Sturm qui professait que « les films doivent être des dessins vivants ». Effectivement, nous avons l’impression d’être coupés de la réalité, d’être transportés ailleurs et cette sensation accentue l’étrangeté du récit et le déséquilibre mental du narrateur. La force des décors ne doit pas faire passer au second plan toute la portée du scénario de Carl Mayer et Hans Janowitz. Maintes fois qualifié de visionnaire, ce scénario (écrit juste au lendemain de la guerre de 14-18) fustige l’autoritarisme, celui qui transforme les hommes en automate : certains historiens du cinéma y ont vu une prédiction de la montée du nazisme. Le jeu des acteurs, quant à lui, passe assez nettement au second plan. Le Cabinet du Dr Caligari Sans doute, on peut regretter sur ce point que la réalisation fut confiée à un cinéaste de moyenne envergure (alors qu’initialement, le film devait être tourné par Fritz Lang qui se retira assez rapidement, hélas). Le Cabinet du Docteur Caligari reste remarquable à visionner 90 ans plus tard, le plus bel exemple de l’expressionnisme allemand au cinéma.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Werner Krauss, Conrad Veidt, Friedrich Feher, Lil Dagover
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Le Cabinet du Docteur Caligari eut un remake (peu réussi, plutôt une transposition de l’histoire) : The cabinet of Caligari (1962) de Roger Kay.
Une parodie aurait été réalisée en 1930 : Das Kabinett des Dr. Larifari de Robert Wohlmuth.

21 janvier 2008

Lost in Space (1998) de Stephen Hopkins

Lost in SpaceElle :
(pas vu)

Lui :
J’ai bien du mal à penser que Lost in Space ait été fait pour être vu au premier degré : les poncifs les plus lourds s’enchaînent les uns après les autres et le scénario est souvent assez ridicule, notamment dans ses explications scientifiques fumeuses. On peut noter des clins d’oeil à Star Trek, Star Wars, 2001, Alien, et même Tex Avery (un vaisseau d’une longueur interminable). Très bien. Mais le principal problème est que, vu au second degré, le film n’est pas vraiment drôle (même avec le « Docteur Ramorey » aux commandes du vaisseau…) et il manque donc cet humour qui était, paraît-il, présent dans la série TV originale.
Note : 2 étoiles

Acteurs: William Hurt, Mimi Rogers, Heather Graham , Gary Oldman, Matt LeBlanc
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20 janvier 2008

L’âge de glace 2 (2006) de Carlos Saldanha

Titre original : « Ice Age: The Meltdown »

L’Age de Glace2Elle :
Déception pour ce nouveau volet de L’Age de Glace. Toujours aussi réussi le petit écureuil mais il n’est plus assez central. Autant j’avais ri du début à la fin dans le premier volet, autant je me suis ennuyée dans celui-ci. L’histoire est vraiment faible et ne m’a pas intéressée. Grande prouesse technique certes mais trop d’effets visuels et de personnages, trop de musique type Disney. Cet Age de Glace 2 est rentré dans les schémas traditionnels du dessin animé grand public. L’inventivité, le côté inattendu, décalé et absurde des situations a disparu.
Note : 2 étoiles

Lui :
Pour ce second volet de L’Age de Glace, les studios Blue Sky et Fox se sont contentés de réutiliser les personnages pour faire une simple suite de gags. La véritable star du premier volet, Scrat, l’écureuil obstiné qui fait tout pour récupérer son gland, est totalement à part du reste de l’histoire mais il est certainement le plus réussi. Pour le reste, l’humour est moins riche et moins bien dosé que précédemment et le public visé est probablement plus jeune. Il y a tout de même de bonnes trouvailles, comme cette cérémonie vaudou ou même les deux opossums, mais globalement passé la première moitié, on peut ressentir quelques longueurs face à cette production trop bien calibrée.
Note : 3 étoiles

Acteurs: (voix) Ray Romano, John Leguizamo, Denis Leary
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Voir nos commentaires sur le premier volet :  l’âge de glace.

19 janvier 2008

Une liaison pornographique (1999) de Frédéric Fonteyne

Une liaison pornographiqueElle :
Une bonne surprise que ce film audacieux tant par son scénario que par la crudité de ses dialogues savoureux. Nathalie Baye est superbe de vérité dans ce répertoire d’un nouveau genre pour elle.
Note : 5 étoiles

Lui :
Voici un film intelligemment fait, sur les rapports entre un homme et une femme qui décident d’avoir une relation purement sexuelle. Le film se contente certes d’en rester à l’observation, observation extérieure pourrait-on même dire, car on ne peut entrevoir que les manifestations des conflits de sentiments qui se déroulent dans leur tête… mais les personnages sont très attachants, le talent de Nathalie Baye, et aussi de Sergi Lopez, n’y étant sans doute pas pour rien.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Nathalie Baye, Sergi López
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18 janvier 2008

Hôtel International (1963) de Anthony Asquith

Titre original : « The V.I.P.’s »

Hôtel InternationalElle :
(pas vu)

Lui :
Les passager d’un vol pour New-York sont bloqués à l’aéroport de Londres à cause du brouillard. Il y a là plusieurs personnes qui se trouvent à un moment important de leur vie, que ce soit pour des raisons sentimentales ou financières. Hôtel International est typique de ces productions internationales des années 60 qui jouaient avec le tryptique : stars, luxe, intrigues. Le résultat est hélas bien insignifiant, Anthony Asquith n’ayant pas réussi à donner une âme à l’ensemble. Il faut avouer que le format ne s’y prête guère : la formule n’a pas vraiment besoin d’âme pour fonctionner et le film rencontra un certain succès.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Elizabeth Taylor, Richard Burton, Orson Welles, Louis Jourdan, Elsa Martinelli, Margaret Rutherford, Maggie Smith
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Comme illustre prédécesseur à ce film, on peut penser à Grand Hotel d’Edmund Goulding (1932) qui était, lui, bien plus réussi.