7 février 2018

The Big Short: Le casse du siècle (2015) de Adam McKay

Titre original : « The Big Short »

The Big Short: Le casse du siècleEn 2005, un excentrique gestionnaire de fonds spéculatifs découvre que le système des prêts immobiliers regroupés en titrisations hypothécaires est très fragile : le risque de défaillance est très sous-estimé alors que les taux s’apprêtent à remonter. Il décide parier sur la baisse de ces titres…
The Big Short (« short-er » dans le langage des traders signifie parier sur la baisse de quelque chose) est adapté d’un best-seller de Michael Lewis publié en 2010. Il raconte l’histoire des quelques très rares gestionnaires de fonds qui ont pressenti la crise des subprimes de 2007. Le récit insiste sur leur personnalité atypique (réflexe hollywoodien classique) et sur l’incrédulité à laquelle ils se sont heurtés. Leurs motivations sont toutefois essentiellement financières : prendre une position contraire au marché pour qu’elle soit très lucrative. L’un d’entre eux a bien un discours plus général mais extrêmement confus car lié à une situation psychologique personnelle « compliquée » qui l’a rendu asocial. Le propos est assez technique avec tout le jargon du domaine mais a le mérite d’être assez juste. Si le film explique bien les mécanismes, il n’offre cependant aucune réflexion de fond. Le montage est extrêmement désagréable, avec une succession très rapide de plans, qui sont parfois plutôt des flashs que des plans… Tout aussi désagréable est l’utilisation excessive des mouvements ultra-rapides de caméra, sans doute pour nous mettre dans l’ambiance pressée (et stressée) du monde de la finance. Le premier tiers du film est ainsi particulièrement pénible à regarder. Producteur du film, Brad Pitt s’est réservé le seul rôle calme de l’histoire : un ex-gestionnaire reconverti dans les petites graines bio…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Ryan Gosling, Christian Bale, Steve Carell, Brad Pitt
Voir la fiche du film et la filmographie de Adam McKay sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les autres films de Adam McKay chroniqués sur ce blog…

The Big Short
Christian Bale dans The Big Short de Adam McKay.

The Big Short
Steve Carell et Ryan Gosling dans The Big Short de Adam McKay.

5 réflexions sur « The Big Short: Le casse du siècle (2015) de Adam McKay »

  1. J’ai trouvé ce film compliqué et assez ambigu sur le regard porté sur la crise. On ne sait trop si les auteurs s’en réjouissent car elle a permis à certains de gagner des paris ou s’ils la condamnent. Tout ça ne parait pas très clair. Etait-il nécessaire de faire un tel film ?

  2. Je ne pense pas qu’il faille chercher une réflexion de fond sur la crise financière dans le film. Il glorifie seulement la prise de risque et le fait que, même dans les pires situations, il y a des opportunités à saisir (ce qui est très américain…)

    Et on retrouve le « think outside the box » (= rester en dehors de tout conformisme) avec l’habituelle confusion dont raffolent les scénaristes entre « hors-normes » et « asocial » : ici, l’un est quasiment autiste et un autre aurait besoin d’une bonne thérapie…

    A mes yeux, ce sont les deux thèmes forts du film. Tout le reste, les remarques sur les banques ou les agences de notation, c’est de l’habillage.

  3. Vraiment pas d’accord avec vos deux étoiles. C’est le film le plus éclairant sur la crise de 2008 que j’ai vu. La construction est excellente et on comprend bien comment la crise s’est mise en place.

    En complément, « Margin Call » de J.C. Chandor est aussi excellent.

  4. Bonjour, je viens de voir ce film et je suis surpris du décalage entre ce que j’ai vu et ce que je lis, je me permets, inhabituellement, un commentaire.
    J’ai personnellement beaucoup apprécié la mise en scène, le montage et le rythme, très originaux (et d’autres approches peu communes comme la rupture aussi fréquente du 4e mur) – mais je conçois qu’on puisse ne pas aimer.

    En revanche je suis très étonné de lire une glorification de la prise de risque, du gain personnel associé, de l’anticonformisme, et une absence de réflexion sur la crise, qui ne serait qu’un habillage.
    J’y ai davantage vu une dénonciation de la cupidité qui mène à l’aveuglement général, même aux premiers signes de chute, et l’absence de régulation et les conflits d’intérêt qui y participent. L’anti-conformisme apparaît ainsi comme la seule possibilité d’avoir un peu de recul et se rendre compte de ce qu’il se passe.
    Côté personnages, Jared Vennett (Ryan Gosling) et les deux jeunes ne sont pas ambigus, ils veulent faire du fric, et ils ne s’en cachent jamais ; les deux jeunes ont quand même droit à une leçon de Ben Rickert (Brad Pitt) – valable aussi pour les spectateurs qui n’auraient pas encore compris – sur ce que signifie vraiment leurs gains, issus de l’effondrement économique (et ils se mettent à s’angoisser pour leurs parents). Marc Bauman (Steve Carrell) s’imagine pouvoir moraliser Wall Street, et son évolution ne laisse planer aucun doute sur les illusions lui restant je trouve, il est même assez prêt de ne plus jouer le jeu. Même l’évocation, tardive, de son blocage psychologique peut être interprété comme un recul critique (il se rend compte que la première chose qu’il a proposé à son frère, c’est de l’argent). Et c’est sa voix, en off, qui évoque l’épilogue qui est critique sur la crise et surtout comment elle a été traitée par la suite.
    Enfin Will Burry (Christian Bale) est comme les autres inspiré d’un personnage réel qui pense lui-même être autiste, je ne sais donc pas si on peut cantonner ce caractère à une ficelle un peu trop usée.

    Pour avoir moins de doute quant à l’approche de la question par Adam McKay, je vous invite à visionner un de ses films précédent, The Other Guys (dont le titre français, Very Bad Cops, est à ranger au rang des mauvaises inspirations). C’est une grosse comédie d’action qui joue avec pas mal de codes (les héros aux gros bras virilistes, flingues et poursuites de bagnoles, les criminels en col blanc qui sont invisibles et protégés, et plein d’autres comme les explosions dans les films…).
    Outre le scénario, le générique de fin (et la fin alternative visible sur le DVD) montrent que l’univers de la finance n’est pas utilisé comme un simple habillage, mais que le réalisateur a une position politique tranchée sur la question. Il y a pour moi une cohérence avec The Big Short, réalisé ultérieurement.

    Je pense donc de mon côté que oui, ce film est nécessaire, car il permet tout de même de comprendre cette crise et les mécanismes qui l’ont permise (ainsi que les conséquences concrètes). Et tant mieux si le casting, les ficelles de caractère et le rythme énergique permettent d’élargir le public potentiel.
    D’autant que la fin laisse entendre que ce n’est pas terminé, et qu’aucune leçon n’a été tirée.

    Cordialement.

  5. Merci pour votre commentaire.
    Votre analyse du film est convaincante. J’ai peut-être eu une perception fausse du film.
    Il faudrait que je le revoie…

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