7 décembre 2017

Adorables créatures (1952) de Christian-Jaque

Adorables créaturesLe jour de son mariage, le jeune André Noblet se remémore les trois dernières aventures qu’il a eu avec des femmes plus âgées que lui… Ecrit par Charles Spaak, Christian-Jaque et Jacques Companéez (avec, semble t-il, une petite participation non créditée de Michel Audiard), Adorables créatures est un film à sketches, une comédie de mœurs d’un ton léger pour l’époque. Le premier sketch, avec Danielle Darrieux, est très fade et plutôt laborieux dans son déroulement. Le second sketch avec Martine Carol est un peu plus enlevé mais ne donne pas dans la finesse, loin de là. Le troisième sketch avec Edwige Feuillère est un peu plus intéressant par le portrait assez acide qu’il dresse de la haute bourgeoisie qui se donne bonne conscience dans les actions caritatives. Mais le gros problème du film est la pesanteur de l’humour, alimenté par une misogynie de tous les instants. C’est épouvantable ! Les femmes sont vénales (l’argent tient beaucoup de place dans les trois histoires), cyniques, menteuses et intrigantes ; en fait, elles ont tous les défauts.  Cette misogynie est tellement poussée qu’on pourrait la prendre aujourd’hui pour une caricature…
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Danielle Darrieux, Martine Carol, Edwige Feuillère, Daniel Gélin, Antonella Lualdi, Renée Faure
Voir la fiche du film et la filmographie de Christian-Jaque sur le site IMDB.

Voir les autres films de Christian-Jaque chroniqués sur ce blog…

Adorables créatures
France Roche et Danielle Darrieux dans Adorables créatures de Christian-Jaque.

2 réflexions sur « Adorables créatures (1952) de Christian-Jaque »

  1. « On ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments » disait André Gide.

    C’est une vérité qui, sans doute, ne s’applique pas au cinéma, puisque c’est essentiellement en raison de sa misogynie que vous ne donnez qu’une seule étoile à ce film…

    Or il y a d’excellents moments dans « Adorables créatures », qui mérite mieux que cette appréciation sans nuance et peut-être un peu trop « politiquement correcte » : la « scène » que l’infidèle D. Darrieux fait à son mari quand elle se croit trompée ; la scène du restaurant avec Martine Carol en femme odieuse ; la permutation des couples aux sports d’hiver…

    Certes, comme toutes les portraits-charge, ce film manque de nuances, son humour est trop appuyé et sa légèreté parfois un peu pesante, mais on y trouve des vérités, aphorismes ou réflexions qui ne manquent pas de finesse : « un mari trompé tient dans la vie d’une femme plus de place qu’on ne croit » (dans le premier sketch, à propos de D. D.) ; « Je serais déjà votre maîtresse si je vous aimais moins » coquette M. Carol qui, pour mieux dépouiller D. Gélin, prolonge à l’excès leurs « fiançailles » ; « Je vous aime assez pour sacrifier mon bonheur à votre art » prétend E. Feuillère pour se donner le beau rôle, quand, pour le remplacer, elle jette à la rue son amant pianiste en l’accusant de s’endormir dans le confort). Bref, je trouve assez injuste votre critique qui, au surplus, ne rend (c’est un comble..!) pas assez hommage au magnifique talent des actrices.

    Sans compter que la fadeur, l’inertie et la mollesse des acteurs et/ou des personnages masculins (et en particulier celui de Daniel Gélin, dont les bonnes fortunes paraissent assez imméritées…) relativisent fortement les comportements féminins et les rendraient par contraste presque explicables, sinon compréhensibles, en particulier quand elles rendent la monnaie de leur pièce à ceux qui prétendent les acheter. Au total, ces femmes n’infligent-elles pas aux hommes, dont aucun n’est sans reproche, une bonne leçon..?

    Alors certes, les sketchs qui composent le film sont caricaturaux, mais je trouve cette misogynie, qui n’est peut-être pas à prendre au premier degré, plus ambiguë que vous ne semblez le penser. Ne sert-elle pas à faire passer une vraie liberté de ton, assez étonnante pour l’époque ? Et en dépit – ou à cause – de l’ironie du titre, ne pourrait-on, à tout prendre, y voir une forme d’hommage déguisé..?

  2. Merci pour ce commentaire qui apporte un avis différent.
    Personnellement, le second degré avec Christian-Jaque, je suis un peu sceptique (comme dirait Bob Fosse…) mais, même au 3e ou au 4e degré, l’humour ne me convaincrait pas vraiment.
    Ce n’est pas parce que le propos est misogyne que je n’ai pas apprécié l’humour, c’est plutôt parce que je n’ai pas apprécié l’humour que j’ai trouvé le propos misogyne… 😉

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