8 novembre 2016

Star Trek II – La colère de Khan (1982) de Nicholas Meyer

Titre original : « Star Trek: The Wrath of Khan »

Star trek II - La colère de KhanÀ des années-lumière de la Terre, le vaisseau USS Reliant patrouille à la recherche d’une planète pour une expérience de terraformation, nommée Genesis. Le commandant et son second, Pavel Chekov, sont capturés par Khan Noonien Singh, qui veut se venger du capitaine Kirk qui l’a exilé de nombreuses années auparavant… Après les résultats mitigés de Star Trek, le film (1979), Paramount écarte le créateur de la série originale Gene Roddenberry qu’ils jugent responsable des dépassements de budget. Harve Bennett, le nouveau producteur, n’a auparavant vu aucun épisode de la série. Assez paradoxalement, il va produire le film qui en est le plus proche. Le budget est divisé par trois et on ne sera donc pas étonné de retrouver certaines images et décors du premier volet. Les effets spéciaux sont confiés à ILM, la compagnie de Georges Lucas. Star Trek 2 est ainsi le premier film à inclure une scène entièrement créée par ordinateur. Le scénario est globalement assez simple, sans la dimension philosophique qu’avait le film précédent. Il est aussi moins remarquable visuellement (hormis les scènes Genesis), moins esthétique. Il est tout de même très réussi et a rencontré un plus grand succès auprès des amateurs de la série au point d’être souvent cité comme le meilleur de tous les films Star Trek.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: William Shatner, Leonard Nimoy, DeForest Kelley, James Doohan, Walter Koenig, Kirstie Alley, Ricardo Montalban
Voir la fiche du film et la filmographie de Nicholas Meyer sur le site IMDB.

Voir les autres films de Nicholas Meyer chroniqués sur ce blog…

Star Trek 2

Star Trek 2
L’équipage de l’Enterprise a maintenant un bel uniforme qui lui donne fière allure : Leonard Nimoy, DeForest Kelley, George Takei, Nichelle Nichols, James Doohan, Walter Koenig et William Shatner dans Star trek II – La colère de Khan de Nicholas Meyer.

Star Trek 2
Ce n’est pas le cas des méchants : Ricardo Montalban à la tête de sa bande va-nu-pieds dans Star trek II – La colère de Khan de Nicholas Meyer (assis : Ike Eisenmann).

Remarques :
* Le scénario de Star trek II – La colère de Khan est en quelque sorte une suite de l’épisode 24 de la série, Space Seed (Les Derniers Tyrans, 1967) avec le même Ricardo Montalbán dans le rôle de Khan. L’épisode raconte comment Khan en arrive à être exilé sur une lointaine planète. A noter que l’écart d’âge de l’acteur est cohérent avec l’écart entre les deux histoires.

Star Trek 2
* Réutilisation de maquette : le centre de recherches Regula One de Star Trek II (à droite) est en fait la station en orbite autour de la Terre du premier volet, Star Trek, le film (à gauche), retournée pour qu’on ne la reconnaisse pas !

Star Trek 2
* Star trek II – La colère de Khan est le premier film à inclure une scène entièrement créée sur ordinateur. L’algorithme utilisé pour créer les montagnes est de type fractal. Il a été mis au point par Loren Carpenter qui a quitté Boeing pour rejoindre ILM. Voir une vidéo (en anglais)…

* Si la première scène de la propagation de Genesis a été créée sur ordinateur, les autres scènes sont faites plus classiquement : par exemple, les étoiles du générique ont été filmées dans un planétarium, l’explosion de Genesis a été créée dans une gigantesque salle de sports avec beaucoup de toile noire et filmée à très haute vitesse, etc.

2 réflexions sur « Star Trek II – La colère de Khan (1982) de Nicholas Meyer »

  1. Il est amusant de penser que le producteur n’avait vu aucun épisode de la série originelle, car en effet ce volet en est assez proche, mais sur un plan totalement différent du premier film (que je trouve également proche de la série, en fait, mais dans l’épure scénaristique) *.

    Même si j’apprécie l’atypisme (le rythme lent, l’épure) du premier film, je préfère toutefois celui-ci parce qu’il possède la dimension qui manquait au premier : les relations humaines. Certes, il est plus classique dans son déroulé et son rythme. Certes, Khan manque un peu d’épaisseur (il n’est pas aussi inquiétant ni aussi surhumain que dans l’épisode Space Seed de la série originelle) **. Mais ici, enfin, nous retrouvons la complicité des personnages. C’est une somme de détails, d’attitudes, d’interactions minuscules qui, additionnées, donnent à nouveau (comme dans la série) l’impression d’un groupe d’amis ou au minimum de camarades partageant une histoire, une complicité. Ils sont détendus les uns avec les autres — sérieux et à leur place hiérarchique, mais sans la tension physique palpable qui affaiblissait le premier film. D’ailleurs, cette complicité est brillamment intégrée au scénario, permettant un petit coup de théâtre (qui n’a rien d’exceptionnel mais qui donne du rythme et une sorte d’enthousiasme au moment précis où c’est utile pour relancer une nouvelle séquence).

    Et j’ai noté une autre différence étonnante : dans le premier film, la voix de Leonard Nimoy était plus métallique, plus aiguë, beaucoup moins « posée » et enveloppante que dans la série originelle ou dans la série animée (où les acteurs de la série originelle assuraient les voix de leurs personnages). Ici, nous retrouvons la voix de Spock dans ce qu’elle a de… fascinant [je ne pouvais pas m’en empêcher]. Une voix grave, posée, un peu rocailleuse (en cela qu’elle ressemble à une corde de contrebasse qui vibre lentement). Une voix qui apaise, qui rassure, qui s’impose. Ce timbre est exceptionnel, et sa diction distinguée également, et ce double aspect contribue selon moi largement à la classe inimitable de Leonard Nimoy ou du moins de son rôle en tant que Spock. Je ne sais pas pourquoi Nimoy avait une voix altérée dans le premier film. En tout cas, ce n’était pas une déterioration due au passage du temps : tout est redevenu normal ici. Évidemment ce que je viens d’écrire n’a de sens que si l’on regarde la série et les films en VO.

    Et je dois faire un mea culpa : je ne me souvenais pas que Kirk avouait avoir triché pour réussir le test du Kobayashi Maru. Je croyais que montrer cette triche dans le reboot de 2009 trahissait un peu la légende, mais en fait non, c’était bien conforme. Au temps pour moi.

    Deux remarques souriantes :
    — Merci de la comparaison des deux stations spatiales des deux films, je n’avais pas noté cela. C’est étonnant comment le simple fait de retourner la maquette peut suffire, dans le feu de l’action, à tromper notre attention.
    — Vous soulignez à raison que les nouveaux uniformes sont beaucoup plus classes que ceux de la série ou que ceux du premier film. Je mettrais un petit bémol ironique : il y a un bug visuel quand le rabat est ouvert. Pendant une longue séquence, l’uniforme de Kirk est ouvert, et on dirait qu’il porte une serviette accrochée à son cou, qu’il vient de sortir de table !

    * D’après ce que j’ai lu sur le web, cette précision était valable quand Bennett a été engagé pour produire ce film… mais il aurait précisément vu toute la série originelle avant d’écrire le scénario du film, décidant d’ailleurs lui-même de donner une suite à l’épisode 24 (en fait l’épisode 22 si l’on prend l’ordre de diffusion ; sa numérotation comme 24 est un code technique lié à l’ordre de tournage).

    ** Vous écrivez que ce scénario est « en quelque sorte une suite de l’épisode 24 de la série » (donc 22 dans l’ordre de diffusion, cf. paragraphe précédent). Il me semble que c’est très explicitement une suite très compatible. Je n’aurais pas dit « en quelque sorte » mais plutôt « une suite directe et cohérente ». Je n’ai trouvé aucune contradiction notable. Les dates, les personnages, la situation, le lieu : tout colle. Non seulement Kahn a 15 ans de plus comme l’acteur qui l’incarne, mais c’est vrai aussi de Kirk, de Spock, de McCoy, etc. : le film a été tourné 15 ans après l’épisode.

  2. Ajout du lendemain.

    En cherchant sur le web, j’ai découvert une petite demi-incohérence entre l’épisode 22 de la série originelle et ce film. C’est que le personnage de Chekov n’apparaissait pas dans l’épisode en question, alors que dans le film il reconnaît Khan et est reconnu par lui lors de la première scène de ce dernier. Cela ne reste qu’une demi-incohérence facilement contournable : ce n’est pas parce que Chekov n’apparaissait pas dans l’épisode qu’il n’était pas présent dans l’USS Enterprise à ce moment-là (il était censé y être puisque l’équipage était parti pour un « trek » de 5 ans à travers la galaxie… mais son personnage n’a été créé que dans la deuxième saison !, il suffit de considérer qu’auparavant il n’était pas encore affecté au pilotage). En tout cas, après la sortie du film l’acteur Walter Koenig ironisait en disant que que Chekov et Khan se sont croisés dans les toilettes de l’Enterprise et que Khan lui en veut car Chekov avait utilisé la seule cabine disponible [je cite Wikipédia].

    Une anecdote technique est assez savoureuse : alors que le film repose largement sur l’affrontement entre Khan et l’amiral Kirk, les deux acteurs ne se sont pas croisés et n’ont à aucun moment tourné ensemble (pour ce film j’entends, car ils avaient eu moult scènes ensemble 15 ans plus tôt dans l’épisode 22). Ricardo Montalban était pris par un autre film lors de l’essentiel du tournage de Star Trek – La colère de Khan, il a donc joué ses scènes plusieurs mois après le reste du film. Cette incongruité est rendue possible par le fait que tous les affrontements entre Khan et Kirk se déroulent… verbalement par écran interposé ! Cette anecdote technique conduit donc à prendre conscience d’une particularité assez inouïe : dans ce film les deux adversaires ne se rencontrent jamais, alors pourtant que leur affrontement structure le récit ! C’est très original.

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