18 juillet 2015

West Side Story (1961) de Robert Wise et Jerome Robbins

West Side StoryA New York, dans le West Side, deux bandes rivales s’affrontent : l’une est formée de jeunes américains d’origine polonaise, l’autre de jeunes immigrés portoricains. Un garçon de la première bande s’éprend d’une jeune fille de la seconde… West Side Story est l’un des films les plus connus de toute l’histoire du cinéma, un chef d’oeuvre dit-on qui « a dépoussiéré la comédie musicale ». Cette transposition du thème shakespearien de Roméo et Juliette au monde moderne de la guerre des gangs avait d’abord existé sur les planches en 1957 avant d’être porté à l’écran par Robert Wise et le chorégraphe Jerome Robbins. C’est un film très inégal. Le meilleur est incontestablement du côté de la danse avec une formidable expression de la violence par le mouvement, dans des chorégraphies d’une extrême vivacité. Deux séquences sont absolument exceptionnelles: la scène d’ouverture avec la mise en place des deux bandes et la scène emblématique du film, le ballet « America » sur le toit. Dans le meilleur, il faut également citer la belle photographie et l’utilisation du Technicolor et le très beau générique de fin signé Saul Bass. Hélas, il y a tout le reste : une histoire larmoyante, de nombreuses scènes qui semblent interminables, de nombreux acteurs jouant fort mal (à leur décharge, précisons qu’ils ont été recrutés pour leurs talents de danseur). Le propos est pavé de bonnes intentions, dénoncer la xénophobie, même si on pourra trouver que le but n’est pas vraiment atteint. Grand succès populaire, West Side Story a eu un fort retentissement et a gagné, excusez du peu, pas moins de dix Oscars.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Natalie Wood, Richard Beymer, Russ Tamblyn, Rita Moreno, George Chakiris
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Wise sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Pour une présentation franchement plus enthousiaste, je vous conseille de lire celle de Franck Suzanne sur DVDClassik.

West Side Story
La scène d’ouverture de West Side Story de Robert Wise

Remarque :
* Jerome Robbins a réalisé quatre séquences, le prologue, « Cool », « I Feel Pretty » et « America », avant d’être écarté du projet car son perfectionnisme devenait trop coûteux. Est-ce un hasard si ce sont là (et de très loin) les quatre meilleures séquences du film ?

6 réflexions sur « West Side Story (1961) de Robert Wise et Jerome Robbins »

  1. Je vous trouve bien severe pour ce film que je considere comme un chef d’oeuvre du cinema et une des meilleures comedies musicales de tous les temps grace entre autres notamment a la musique d’un Leonard Bernstein particulierment inspire (c’est autrement mieux que « Candide » et « On the Town »), c’est bien simple, il n’y a que des tubes. Cette oeuvre est un authentique manifeste de ce qu’on peut qualifier l’esprit liberal new yorkais des annees 50. La reunion de talents autour de cette oeuvre est siderante; Bernstein a la musique, Arthur Laurents en a ecrit le livret, Stephen Sondheim les paroles des chansons (reecoutez celles « d’America » que vous mentionnez et celles de « Gee, Officer Krupke », vous m’en direz des nouvelles!), Jerome Robbins a la choreographie et la pice a ete produite par Harold Prince!!! Le tout inspire par William Shakespeare. On n’a jamais revu cela dans l’histoire de la comedie musicale americaine. Autant dire que les bonnes fees etaient bien penchees sur l’oeuvre. Quant au film, il a ete ecrit par Ernest Lehman qui venait juste de faire « La Mort aux Trousses » avec Hitchcock! Dans les meilleurs moments du film, vous oubliez de citer la scene du bal au debut du film ou nos deux tourtereaux vont se rencontrer. Et je ne comprends pas comment vous pouvez preferer le generique de fin du film a l’introduction avec la decoupe du panorama de New York qui se compose au fur et a mesure sous vos yeux, introduction signe Saul Bass egalement. Je pense que vous etes passes a cote du film, il n’a pas pris une ride et reste toujours d’actualite si vous remplacez les rivalites de gangs newyorkais avec les religions.

  2. Merci de votre commentaire qui rétablit un peu l’équilibre face à ma présentation peu enthousiaste…
    Nous avons manifestement une opinion assez différente sur ce film. Par exemple, la scène du bal que vous mentionnez me paraît très en deçà des quatre séquences où Jerome Robbins s’est impliqué pleinement. En revanche, je suis d’accord avec vous sur le générique de début (je n’ai pas dit que que je préférais le générique de fin puisque je mets toute la scène d’ouverture dans ce qu’il a de plus exceptionnel) Soul Bass est un vrai créateur…

  3. vous êtes un peu sévère pour ce film… qui, s’il est effectivement inégal, reste un beau moment de cinéma. Les différences entre « anciens arrivants » (les Polonais) et « nouveaux arrivants » (les Portoricains) sont très bien vues et, même si les premiers se sentent plus « Américains » que les seconds, ils n’en sont pas moins exclus, eux aussi, du rêve américain. La bataille du dancing est un régal de rythme et de couleur, Tony chantant « Maria » est un miracle de douceur, enfin Natalie Wood s’exclamant « I feel pretty » est merveilleuse. Je ne trouve pas les acteurs faibles, au contraire: c’est presque du naturalisme.
    Des longueurs, certes, mais une belle histoire d’amour sur fond d’enfants délaissés de l’Amérique. C’est tout cela, West Side Story.

  4. quelles longueurs ?
    Tout est rythmé avec maestria !
    Je l’ai vu cette après-midi, et je suis encore sous le choc.
    Je dois être bien fleur bleue, car j’ai adoré l’histoire d’amour entre les deux héros (Marie et Tony).
    J’ai adoré… quoiqu’étant plutôt pas client des comédies musicales.

  5. Ce film est le plus grand film musical de l’histoire du cinéma même maintenant on n’a pas fait mieux, il faut savoir que ce film était diffusé à sa sortie en 70 mm très grand écran avec un son stéréo 7 canaux, il y avait des sons partout avec des couches différentes, on était transporté juste avec l’ouverture. Les transitions, les scènes collectives de danse sont magnifiques, la séquence du bal, America etc… Plus une chorégraphie impeccable, avec en plus une partition de Leonard Bernstein magnifique, belle mise en scène, belles couleurs, beau casting…Il est dommage que l’on ne puisse plus voir ce film dans les conditions d’origine, si cela était possible il referait un grand succès public, et je me demande pourquoi on est incapables de faire des films musicaux actuellement de cette qualité alors que la technique a beaucoup évolué…

  6. KEEP COOL et Joyeux Noel

    WEST SIDE STORY a été conçu au mitan des fifties alors que les bandes de la jeunesse déboulaient sur les écrans d’Amérique (Marlon Brando cuirassé motard pour L’équipée sauvage 1953, James Dean blouson rouge pour La fureur de vivre 1955, milieu scolaire et intrusion du rock au cinéma pour Graine de violence 1955 aussi). Le compositeur et chef d’orchestre Léonard Bernstein et le danseur et chorégraphe Jerôme Robbins, qui avaient déjà collaboré à la scène pour ON THE TOWN porté à l’écran ensuite sous le titre de Un jour à New-York, méditaient de retravailler ensemble sur la thématique jeunesse-bandes rivales-intégration migrants-racisme et de transposer cette large thématique sociale dans les quartiers déshérités du New-York d’alors par le biais de la musique et de la danse, ce qui n’avait jamais encore été fait. Ils partirent donc du Roméo et Juliette de Shakespeare qui en effet offrait plein d’atouts pour ces variations. C’était a priori risqué. L’oeuvre mise en scène par Robbins et dirigée par Bernstein fut donc créée à Broadway fin 57 – c’est son 60ème anniversaire cette année – avec un certain retentissement et elle voyagea ensuite dans certains pays dont la France qui l’accueillit sur le plateau de l’Alhambra à Paris en 61 avec éloges alors que le film était déjà en finition de tournage (il est sorti en décembre de la même année aux USA). Ne cherchez plus les lieux de tournage d’alors, ils ont disparu, le quartier ayant été totalement rasé dans les années 60 pour construire l’actuel Lincoln center, vaste centre culturel.
    On adjoignit à l’équipe artistique de la création scénique le réalisateur Robert Wise qui voulait Elvis Presley pour le premier rôle masculin mais qu’il ne put – hélas – obtenir.
    WEST SIDE STORY marque une étape importante dans le musical américain car on ne peut plus vraiment parler de comédie musicale mais de tragédie musicale, à la manière d’un presque opéra. Pendant 2h30, musique, chant, danse imbriqués au même niveau que le récit dans les décors naturels de la ville parviennent à ce mélange de distanciation et de réalité qui caracolent ensemble.
    Il s’est passé quelque chose avec ce film et à partir de ce film car les Français plutôt cartésiens étaient jusque là réticents avec le genre musical réservé à un public happy few et connaisseur ou cinéphile. Le film fit un tabac, présenté pendant presque 5 ans d’affilée dans une salle parisienne du printemps 62 à l’été 67, d’abord au George V où il resta 220 semaines à l’affiche, puis 25 semaines à l’Avenue toujours sur les Champs Elysées, puis à l’Arlequin, et enfin à l’Empire Cinérama où je le vis pour la première fois. On connaissait par coeur le visuel stylisé des escaliers noirs typiques de NYC sur fond de briques rouges, repris sur la pochette du vinyle que je m’empressais d’acheter chez Lido musique.
    Je viens de revoir le film dans sa copie d’origine à la cinémathèque, format 70mm écran large, pistes stéréophoniques, avec un plaisir foudroyant. Evidemment ça fait partie de ces films qui n’expriment tout leur jus qu’en salle de cinéma. Les séquences traitées en split-screen – la reprise de To night par tous les protagonistes se préparant pour le dernier soir – sont efficacement porteuses du drame qui se prépare. Nathalie Wood est super émouvante et plusieurs seconds rôles (Russ Tamblyn, Rita Moreno, George Chakiris) sont tenus de façon extraordinaire. Quand à la fameuse ouverture, il n’aura pas échappé aux cinéphiles que c’est la reprise trente ans après (avec d’autres moyens techniques qui ont évolué bien évidemment : couleur, scope, prises de vues en hélicoptère, son stéréo) de celle de SOUS LES TOITS DE PARIS de René Clair.

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