19 janvier 2015

Hellzapoppin’ (1941) de H.C. Potter

HellzapoppinAlors qu’Ole et Chic sont en plein tournage, le metteur en scène arrête tout pour faire intervenir un scénariste qui leur concocte une histoire assez abracadabrante… Au départ, Hellzapoppin fut un spectacle à Broadway avec lequel le duo d’acteurs comiques Ole Olsen et Chic Johnson rencontra un immense succès. Beaucoup de choses ont été changées pour le passage à l’écran mais il reste cet humour débridé et totalement loufoque qui caractérisait la pièce. Les gags s’enchaînent à très grande vitesse, jouant le plus souvent sur le nonsense (dans un style que ne renieraient pas les Monty Python). L’ensemble est un peu inégal, il y a quelques lourdeurs mais les belles trouvailles d’humour sont vraiment nombreuses, notamment celles qui font intervenir le projectionniste. Face à tant d’inventivité, on a un peu du mal à comprendre qu’Hellzapoppin soit le seul film vraiment notable du duo Ole Olsen et Chic Johnson.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ole Olsen, Chic Johnson, Martha Raye, Hugh Herbert, Mischa Auer
Voir la fiche du film et la filmographie de H.C. Potter sur le site IMDB.

Voir les autres films de H.C. Potter chroniqués sur ce blog…

Hellzapoppin' (1941) de H.C. Potter
(de g. à d.) Mischa Auer, Chic Johnson et Ole Olsen dans Hellzapoppin’

Hellzapoppin' (1941) de H.C. Potter
Martha Raye et Mischa Auer dans Hellzapoppin’.

Remarques :
* Le spectacle Hellzapoppin’ a été joué 1404 fois à Broadway à partir de septembre 1938.
* Hellzapoppin était l’un des films préférés de Louis de Funès qui le connaissait par coeur…

* Hellzapoppin’ est également réputé pour montrer une superbe démonstration, acrobatique et spectaculaire, de Lindy Hop (danse de rue qui s’est développée dans la communauté noire-américaine de Harlem) par les Harlem Congeroo Dancers (alias Whitey’s Lindy Hoppers) sur une musique endiablée. L’introduction musicale montre Slim Gaillard (piano, guitare) et Slam Stewart (contrebasse) mais lorsque le numéro de Lindy Hop commence, ce serait l’Universal Studios Band qui joue. Et en réalité, le numéro de danse aurait été filmé sur “Jumpin’ at the Woodside” de Count Basie, morceau qui n’a pu être conservé pour des raisons de copyright (lu sur : www.swingornothing.com).

* Le personnage du vrai/faux prince russe joué par Mischa Auer (« a real Russian prince who is pretending to be a fake Russian prince ») est une satire de Michael Romanoff qui venait d’ouvrir le Romanoff’s qui devint rapidement le plus célèbre restaurant d’Hollywood fréquenté par tout le gratin du cinéma de 1941 à 1962. Il prétendait être un prince russe et neveu du tsar Nicolas II mais il était de notoriété publique que c’était faux.

Ronaoff's
Deux des plus célèbres photos prises au Romanoff’s.
Photo de gauche : Michael Romanoff (à gauche) face à Humphrey Bogart et Sidney Luft
(Michael Romanoff faisait partie du fameux Rat Pack qui se réunissait souvent dans son restaurant)
Photo de droite : Sophia Loren et Jayne Mansfield en décembre 1957.
(histoire de cette photo : lors d’une soirée pour célébrer l’arrivée de Sophia Loren à Hollywood, Jayne Mansfield s’incruste au moment du café et parvient à s’asseoir à côté de la star en arborant sa poitrine au grand bonheur du photographe Joe Shere).

9 réflexions sur « Hellzapoppin’ (1941) de H.C. Potter »

  1. Il me semble qu’il s’agit d’un film dans le film, c’est-à-dire que les acteurs « en plein tournage » sont emboîtés carrément… dans une projection en cours !, ce qui signifie que l’intervention revient à modifier un film déjà tourné : du pur nonsense. D’où les gags faisant intervenir le projectionniste (mon préféré étant le passage dans un western).

    Par ailleurs, dans les informations sur le film (vos fameuses notes en plus petit caractère, après la liste des acteurs et les liens techniques), il serait important de préciser qu’Hellzapoppin’ comporte la scène la plus fameuse de Lindy Hop jamais filmée (technique de danse acrobatique jazz, spécifique à la communauté noire… et ayant inspiré toutes les danses sportives ultérieures à travers le monde), interprétée par la célèbre troupe du Savoy pour ce qui est, je crois, sa seule apparition à l’écran. Je connais des gens qui ont acheté Hellzapoppin’ uniquement pour cette scène historique de Lindy Hop par la troupe du Savoy…

    Par ailleurs, n’avez-vous pas des pistes d’explication pour le titre énigmatique de ce film ?

  2. Oui, c’est bien un film dans le film : le réalisateur montre aux acteurs le film fini de ce qu’ils feraient mieux de tourner… (le scénariste lit le projet de scénario et ils voient sur l’écran ce que ça donne… :-))

    Le titre, je pense, est le titre du film qu’ils sont en train de tourner au tout début avant que le réalisateur n’arrête tout. Cela se passe en enfer et c’est quelque peu… endiablé (il y a des pinups au tournebroche…) Je le prends dans le sens « On s’éclate en enfer », ou un peu plus littéralement « En enfer on fait sauter les bouchons » (Hell is a poppin’), mais bon, je ne suis pas 100% certain…

    Merci pour cette précision sur le Lindy Hop. Ce passage est effectivement très spectaculaire, à un rythme (lui aussi) endiablé. Je l’ajoute dans mes petites notes.

  3. Ce passage mythique est plusieurs fois visible sur Youtube. Opter pour
     » Hellzapoppin’ (1941) – Slim Gaillard & Slam Stewart – The Harlem Congeroos » qui donne la version complète de 5 minutes et avec une bonne image.

  4. Ah, je n’avais pas noté que c’était Slam Stewart à la contrebasse (comme il n’a pas de solo, cela empêche d’avoir le moyen infaillible de le reconnaître : son fameux chant par dessus son solo ; cela donne donc en outre une occasion de voir Slam Stewart jeune). Merci de cet ajout — et de la précision sur le changement de morceau dans le film par rapport à celui sur lequel la danse a été filmée.

  5. La danse a été d’ailleurs filmée en plusieurs fois : à un moment, on voit nettement que la petite coiffe d’une des danseuses qui était en train de tomber (la coiffe pas la danseuse) se retrouve miraculeusement au milieu de sa tête après un contrechamp.
    Bon mais cela n’enlève rien à leur performance.

    J’ai lu quelque part qu’il y a aussi une scène de Lindy Hop dans A day at the races des Marx Brothers. Il faudrait que je vérifie cela.

  6. En effet… Cette scène est également à voir sur Youtube, sous : ‘A Day at the Races’ (1937)—Lindy Hop scene

  7. Ah, effectivement, c’est plus rapide que de ressortir ma vieille VHS… 😉
    C’est le passage vers la fin du film où les Marx poursuivis se réfugient dans le quartier des ouvriers agricoles noirs.

  8. Le vocable « hellzapoppin » est un mot d’argot qui était utilisé par les musiciens noirs pour désigner un état d’excitation excessif, une activité extrême. A voir et écouter sur Youtube, « Hellzapoppin » par Louis Armstrong.

  9. Oui, le mot « hellzapoppin » est passé en partie dans le langage courant pour désigner quelque chose de fou, de débridé mais il me semble que c’est postérieur à la pièce et au film.

    Par exemple, ce morceau de Louis Armstrong, je l’avais vu en cherchant l’origine du mot mais je n’avais pas trouvé la date de création du morceau. Cette création est certainement postérieure à la pièce et au film puisque les paroles ont été écrites par Raymond Jessel et Marian Grudeff et que cette dernière est née en 1927 (elle avait donc 11 ans en 1938, date de la création de la pièce à Broadway).

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