8 mai 2014

Obsession (1976) de Brian De Palma

ObsessionA La Nouvelle Orléans, Michael Courtland est un promoteur immobilier qui a réussi. Sa femme et sa fille sont tuées lors d’un enlèvement. N’ayant pas payée la rançon sur les conseils de la police, il se considère responsable de leur mort. Quinze ans plus tard, il accepte d’accompagner son associé en Italie pour affaires. Il en profite pour retourner à l’endroit où il avait rencontré sa femme… Fort bien écrit par Brian De Palma et Paul Schrader(1), Obsession est une belle réussite du réalisateur, probablement son premier « grand film ». L’intrigue et le climat sont assez étranges et l’on ne sait jamais très bien où De Palma veut nous emmener. On retrouve ici plusieurs de ses thèmes favoris dont (et surtout) celui du double. Les références à Hitchcock (principalement Vertigo, mais aussi Marnie) sont nombreuses mais Obsession n’est en aucun une copie, ni même un film « à la manière de ». Pourtant ce sont ces références hitchcockiennes qui lui ont valu parfois des jugements sévères (reproches qui seront souvent faits à De Palma). Malgré tout, Obsession est une oeuvre très personnelle, assez brillante, sans effet superflu si ce n’est la musique de Bernard Herrmann qui est parfois très appuyée. L’acteur Cliff Robertson a ici une très grande présence.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Cliff Robertson, Geneviève Bujold, John Lithgow
Voir la fiche du film et la filmographie de Brian De Palma sur le site IMDB.

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(1) Paul Schrader venait également de signer le scénario de Taxi Driver. Il passera à la réalisation peu après.

Une réflexion sur « Obsession (1976) de Brian De Palma »

  1. LE FACTEUR SONNE TOUJOURS DEUX FOIS
    Deux parties. OBSESSION fait partie de ces films en deux temps, le motif et sa répétition. Les pièces du puzzle sont les mêmes mais l’agencement est différent comme dans le jeu des sept erreurs. On a semé pour nous le chemin d’autant d’indices que d’embuches pour les protagonistes. Le film se déroule comme un jeu d’équilibriste sur la corde raide.
    C’est à partir de multiples visions de VERTIGO que Brian de Palma et Paul Schrader ont élaboré en 1975 le scénario de leur film qui s’appelait au départ « Déjà vu ». Et encore, le scénariste avait prévu d’ajouter une troisième couche au récit, ce que le cinéaste refusa de filmer estimant que la complexité était déjà suffisamment grande
    1948. Le GI (Cliff) rencontre à Florence une jeune italienne (Geneviève) dont il tombe amoureux et qu’il ramène chez lui aux US pour l’épouser. La musique de Bernard Herrmann, en deux temps elle aussi, la photo filtrée différemment selon les époques de Vilmos Zsigmond, et des indices photographiques accompagnent ce générique qui contient toute une atmosphère
    1959. Les mêmes dans leur luxueuse maison de la Npuvelle Orléans donnent une réception pour fêter leurs dix ans de mariage avec leur fille de huit ans. La petite fille veut danser avec son papa et la maman s’écarte. Un père et sa fille dans un éveil d’Oedipe qui nous vaut le premier panoramique circulaire à 180° dont le film déploiera le letmotiv. Une fois les invités retirés, la mère et l’enfant sont enlevés contre rançon. Tout se passe mal…
    1975. La transition entre ces deux époques s’opère en un fabuleux mouvement circulaire à 180° sans coupure qui fait passer 16 ans d’un coup et changer physiquement le personnage, et comme l’écrit Lui, Cliff part – ou repart – pour Florence…
    C’est alors que commence la seconde partie, passionnante, émotionnelle, surprenante, confondante, impossible à dévoiler
    OBSESSION se bonifie à la revoyure, lorsqu’on l’a « déjà vu » et que l’on sait, à se demander si Brian de Palma ne fait pas des films pour qu’on les revoit. On peut vérifier la disposition de nombreux indices auxquels on ne prête pas attention la première fois et évidemment sans jamais pouvoir décider à aucun moment de quoi que ce soit les concernant; beau travail. Tout se répète et/ou tout se restaure dans la vie, y compris les films
    OBESSSION ne cache pas ses sources matricielles du maître étalon VERTIGO jusqu’à l’obsession, mais il y gagne en même temps sa vie propre
    Grâce aussi au talent des deux acteurs : Cliff, très souvent mutique, complètement intériorisé, exprime parfaitement la solitude qui ploie sous la culpabilité, et Geneviève qui elle passe par de multiples facettes et peut avoir aussi bien 8 ans que 18 ou 35
    A propos de répétition et/ou de restauration, puisque c’est prégnant dans le récit, je vous livre cette méditation à l’instar des fresques de l’église San Miniato al Monte sur les hauteurs florentines : « Vaut il mieux gratter et faire réapparaitre l’original, la peinture sous la peinture, le film sous le film, plutôt que de restaurer la couche – l’image – actuelle?

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