4 décembre 2013

Le locataire (1976) de Roman Polanski

Titre anglais : « The Tenant »

Le locataireTrelkovsky, un employé timide, emménage dans un petit appartement dont la précédente locataire s’est jetée par la fenêtre. Intrigué, il cherche à comprendre les raisons de son geste et fait ainsi la connaissance de son amie Stella… Le locataire est l’adaptation d’un roman de Roland Topor. Après Répulsion et Rosemary’s baby, c’est le troisième film que tourne Roman Polanski sur le thème des appartements maléfiques. Il parvient parfaitement à recréer une atmosphère étrange et dérangeante. L’angoisse et la paranoïa enflent, alimentées par un environnement hostile. Le film devient de plus en plus terrifiant. Ce climat est bien soutenu par la musique de Philippe Sarde qu’il interprète sur un instrument dérivé du rarissime Glassharmonica, ici un assemblage de quatre-vingts verres d’eau. Aux côtés de quelques acteurs américains, les seconds rôles sont tenus par toute une pléiade d’acteurs français.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Roman Polanski, Isabelle Adjani, Melvyn Douglas, Jo Van Fleet, Shelley Winters, Bernard Fresson, Jacques Monod, Claude Piéplu, Rufus, Romain Bouteille, Josiane Balasko, Michel Blanc, Gérard Jugnot, Bernard-Pierre Donnadieu
Voir la fiche du film et la filmographie de Roman Polanski sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les autres films de Roman Polanski chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Tous les acteurs français sont doublés en anglais à l’exception, me semble t-il, de Jacques Monod.
* Si l’on connait Roland Topor surtout comme dessinateur, il a aussi écrit plusieurs scénarios et adaptations (il a notamment adapté La Planète Sauvage de René Laloux d’après Stefan Wul) et aussi quelques romans dont Le Nouveau Locataire.
* Le Glassharmonica est un instrument inventé par Benjamin Franklin en 1761 et composé originellement de bols en cristal de différentes tailles empilés sur un axe horizontal qui est mis en rotation. Après s’être mouillé les doigts, on frotte le bord des verres qui émettent alors un son limpide. Mozart a composé pour cet instrument.
* Une nouvelle adaptation (moyen métrage) du roman de Topor est en cours de tournage par Marek Nurzynski. Voir fiche

2 réflexions sur « Le locataire (1976) de Roman Polanski »

  1. Encore un autre film de Polanski qui ne dévoile pas la fin pour laisser libre cours à l’imagination du spectateur. J’aime bien le coté intrigueur de Polanski bien que j’aurai quand même bien aimé voir le bébé de Rosemary.

  2. QU’EST IL ARRIVE A SIMONE CHOULE ?
    ou FENETRE(S) SUR COUR

    Là encore nous sommes avertis par une bande annonce qui distille en quelques instants les prémices d’une atmosphère d’inquiétante étrangeté se terminant sur le long plan en contre jour du LOCATAIRE (du temps où les bandes annonces étaient pensées et réalisées avec soin et avec sens), ça se poursuit avec l’affiche à fond noir où un oeil de boeuf laisse deviner derrière lui le portrait d’une ombre, LE LOCATAIRE, mi photographié mi peint qui nous regarde, un ongle peint en rouge, et ça commence avec un générique en plan séquence filmé à la Louma, ce bras articulé dont Polanski fut le premier bénéficiaire pour ce premier long métrage français, qui se faufile partout le long des façades et fenêtres de la cour intérieure du vieil immeuble parisien entièrement construit en studio. Mais cette ouverture, accaparée par le défilement de grands noms devant et derrière la caméra, nous masque un peu cette prouesse inaugurale. La banalité puis l’angoisse liées à l’immeuble, aux voisins, à l’appartement sous les toits de Paris n’ont rien à envier aux précédents de Londres et de New-York, elles s’avèrent même pires. Déjà parce que cette fois c’est le cinéaste lui-même – entré en longue dépression à la suite du meurtre dont sa femme fut la victime – qui remplace Catherine Deneuve puis Mia Farrow en interprétant le personnage principal, le petit émigré étranger juif polonais naturalisé français, travaillant dans un Paris qu’on devine hostile, comme employé de bureau dans un sinistre service d’archives, environné d’un climat suspect. Jusqu’ici le cinéaste avait fait quelques apparitions dans ses films et même tenu un rôle important dans son BAL DES VAMPIRES, mais jamais encore n’avait interprété le rôle principal omniprésent de tous les plans et de façon si parfaitement troublante
    Le voilà donc dans l’appartement dans lequel la locataire précédente Simone Choule s’est défenestrée. On en ignore la raison. Toutes les questions soulevées par le film à travers le personnage restent sans réponses bien entendu. Le récit suit la solitude de ce petit homme perdu. Ca devient lentement kafkaîen, c’est à dire qu’on ne sait s’il faut en rire ou en frémir, si tout cela est réel ou dans l’imagination perturbée de notre homme, comme c’était déjà le cas pour REPULSION et ROSEMARY’S BABY. A ce jeu là POLANSKI est passé maître. Notre petit fonctionnaire ne trouvant pas sa place et persuadé d’être persécuté sans qu’aucun repère ne puisse vraiment être décelé va jusqu’à se dédoubler, se travestir (en Simone Choule of course) s’identifiant à la défunte, et là Polanski est bluffant. Tout devient mental dans l’univers de plus en plus resserré de notre anti-héros où tout le monde est voyeur/exhibitionniste. Effectivement la musique insolite de Philippe Sarde accompagne très bien cette spirale infernale. Il est incontestable que vu aujourd’hui (car il fut mal reçu à sa sortie) LE -dérangeant- LOCATAIRE est d’une grande maitrise intellectuelle autant que formelle. L’inattendue séquence finale renvoie à nouveau aux fins particulièrement retorses et surprenantes de beaucoup de films polanskiens.

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