22 septembre 2012

Le troisième homme (1949) de Carol Reed

Titre original : « The third man »

Le troisième hommePeu après la fin de la guerre, l’écrivain de romans populaires Holly Martins arrive à Vienne sans un sou en poche pour retrouver son ami Harry Lime qui lui a promis un emploi. Il apprend que son ami vient juste d’être tué dans un accident. Les circonstances de sa mort lui paraissent bien obscures… Adaptation d’un roman de Graham Greene, Le troisième homme a connu un grand succès populaire et cinéphilique : c’est l’un des films les plus célèbres de l’histoire du cinéma et certainement le film anglais le plus connu. Ce succès, il le doit à son atmosphère si particulière, pleine de mystère avec ses scènes nocturnes et ses coins sombres, beaucoup de scènes ayant été tournées sur place dans la Vienne à demi-dévastée. Il le doit aussi et surtout à la musique jouée la cithare d’Anton Karas qui eut un succès immense à l’époque, devenant ainsi un grand atout publicitaire pour le film ; elle reste aujourd’hui l’une des musiques de film les plus connues. Auprès des cinéphiles, l’aura du Troisième homme fut encore plus forte à la suite de rumeurs liées à la présence d’Orson Welles : l’acteur/réalisateur aurait, disait-on, fortement influencé le tournage et même modelé le scénario, le style général du film et la présence de Joseph Cotten appuyant ces croyances. En réalité, l’action d’Orson Welles est limitée à quelques répliques, dont sa fameuse sur le coucou suisse(1), et l’idée du plan des doigts à travers la grille. Le troisième homme montre des influences diverses, reprend certains des codes du film noir, évoque beaucoup les films d’Hitchcock dans sa période anglaise. Carol Reed fait ici un usage assez immodéré du Dutch angle(2). Même si sa réputation peut paraître excessive, Le troisième homme est un très bon film.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Joseph Cotten, Alida Valli, Orson Welles, Trevor Howard
Voir la fiche du film et la filmographie de Carol Reed sur le site IMDB.
Voir les autres films de Carol Reed chroniqués sur ce blog…

Remarque :
Le troisième homme est produit par Alexandre Korda et David O. Selznick. Ce sera la seule collaboration entre ces deux grands producteurs. Carol Reed est également coproducteur.

(1) Pour justifier ses actes odieux, Harry Lime (Orson Welles) a cette formule restée célèbre : « En Italie, pendant trente ans sous les Borgia, ils ont eu guerre, terreur, meurtres et massacres mais cette période a produit Michel-Ange, Léonard de Vinci et la Renaissance. En Suisse, ils ont eu cinq cent ans d’amour fraternel, de démocratie et de paix et qu’ont-ils produit ? Le coucou ! »
Dans ses entretiens avec Bogdanovitch, Orson Welles raconte qu’à la sortie du film, des suisses lui ont gentiment fait remarquer que le coucou n’avait pas été inventé en Suisse mais en Bavière.
On pourrait aussi lui faire remarquer qu’à l’époque de la Renaissance, l’armée suisse était l’une des plus redoutables et redoutées d’Europe (il suffit de lire Machiavel qui mentionne souvent son efficacité dans L’art de la guerre).

(2) Le terme Dutch angle (ou Dutch tilt ou German angle) désigne la technique qui consiste à pencher légèrement la caméra sur le côté pour faire un cadrage oblique et créer ainsi un sentiment d’insécurité, de léger malaise (en français, plan hollandais peut être parfois utilisé, ou même cadrage oblique).

8 réflexions sur « Le troisième homme (1949) de Carol Reed »

  1. On a beaucoup dit sur l’influence d’Orson Welles pour l’atmosphère créée dans ce film et son style général. On lui a même attribué la direction de certaines scènes… C’est peu probable et il suffit de revoir « Odd Man Out » (8 heures de sursis) que Carol Reed a tourné 2 ans avant « The Third Man » pour constater que le réalisateur n’a pas attendu Orson Welles pour créer ces fameuses ambiances nocturnes avec les ombres projetées sur les façades des maisons et faire usage du « Dutch Angle »…

  2. Il me semble que l’un des intérêts du film est également sa mélancolie, due au fait que l’écrivain marche dans les pas de son ami mort, et tombe amoureux de la même femme mais sans espoir (elle reste attachée à son amour pour Lime). Ce type de romantisme revu dans le contexte d’un film noir n’est peut-être pas très original, mais il est efficace : la mélancolie du héros, son admiration-jalousie pour son ami disparu, sa résignation à arriver « en deuxième » et trop tard, contribuent beaucoup à l’empathie que peut ressentir pour lui le spectateur, qui aurait sinon du mal à suivre cette enquête sur la disparition d’un homme pas très intéressant.

  3. Il y a eu une seconde production en commun pour Alexander Korda et David O’ Selznick avec le très beau « La Renarde » de Michael Powell et Emeric Pressburger.

  4. Il me semble (sauf erreur de ma part) qu’Alexandre Korda n’a pas participé à la production de La Renarde. A cette époque, Powell et Pressburger produisaient seuls. David O’ Selznick a beaucoup retravaillé la version américaine (et il était marié depuis peu à Jennifer Jones…) mais je ne suis pas sûr qu’il ait produit à proprement parler non plus, du moins en dehors des scènes qu’il a fait retourner pour les Etats-Unis par Mamoulian (à vérifier, pour dire cela je me suis basé sur ce qu’il dit dans son livre Cinema Memos). Pour La Renarde, Korda et Selznick étaient des distributeurs me semble t-il alors que pour Le Troisième Homme, ils étaient vraiment producteurs .

  5. Sur les affiches originales de « Gone to Earth » (La Renarde) il est indiqué « Written, producted and directed by Michael Powell and Emeric Pressburger ».
    David. O. Selznick n’a été le producteur (non crédité) que pour les scènes qu’il a fait tourner par Rouben Mamoulian (non crédité) pour mettre son épouse – Jennifer Jones – en valeur. Pour le marché américain le film a été écourté et est passé à 82 minutes contre 110 minutes pour la version originale. David O. Selznick en a également changé le titre par « The Wild Heart ».
    Le film a été distribué en Europe par The British Lions Films que dirigeait Alexander Korda. Aux Etats-Unis, c’est la RKO Radio Pictures qui en a assuré la distribution.

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