3 juillet 2011

¡Que Viva Mexico! (1932) de Sergueï Eisenstein

¡Que viva Mexico!Lui :
Invité par la Paramount aux Etats Unis fin 1929, Eisenstein ne parvient pas à faire accepter un projet par les financiers du studio. Chaplin le met en relation avec l’écrivain Upton Sinclair qui accepte de le soutenir. Eisenstein choisit de faire un film sur le Mexique qu’il sillonne avec son chef-opérateur Edouard Tissé et son assistant Grigori Alexandrov. Hélas, le projet n’ira pas à son terme, Upton Sinclair ayant décidé de se retirer tout en conservant les parties déjà tournées. Eisenstein ayant perdu la propriété de ses rushes, ce n’est qu’en 1979 qu’Alexandrov réalisera une version « la plus proche possible de ce que voulait Eisenstein ». Ainsi monté, ¡Que Viva México! apparaît comme un mélange subtil de fiction et de documentaire qui replace le Mexique d’aujourd’hui dans la force de son Histoire. On peut supposer que les parties rituelles, un peu longues, auraient certainement été montées plus courtes si le film avait été complètement tourné. Ces parties opposent la vie et la mort, mort qui revient sous différentes formes dans les rites et les coutumes. Les images sont superbes. Mais c’est l’épisode « Maguey » qui est le plus remarquable, une histoire assez simple mais remarquablement mis en images. Il y a, dans cet épisode, une puissance et une force qui évoquent les plus grands films d’Eisenstein. Il ne fait nul doute que ¡Que Viva México! aurait été un très grand film s’il avait été achevé et monté par Eisenstein.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Martín Hernández, Félix Balderas
Voir la fiche du film et la filmographie de Sergueï Eisenstein sur le site IMDB.
Voir les autres films de Sergueï Eisenstein chroniqués sur ce blog…

Remarques :
Montage d’Alexandrov de 1979 en 4 parties :
Prologue : relie le Mexique d’aujourd’hui à son histoire, notamment la civilisation Maya. Eisenstein met en parallèle les têtes sculptées de divinités et des visages de mexicains vivants.
1. Sanduga : montre les rites actuels du mariage à Tehuantepec.
2. Fiesta : rites de célébration de la Vierge de Guadalupe suivi d’une corrida. Etude de la transcription du christianisme au Mexique.
3. Maguey : met en scène une histoire tragique se déroulant dans une hacienda sous la dictature de Porfirio Díaz. Le maitre des lieux viole et séquestre la fiancée d’un jeune péon qui organise sa vengeance.
4. Soldadera (non tourné) devait mettre en scène le soulèvement de 1910, prélude à la Révolution mexicaine, avec une mise en avant des femmes et plus généralement du peuple, tentant ainsi de faire un rapprochement avec la Révolution soviétique.
* Epilogue : montre la célébration du Jour des morts, légèrement satirique.

Utilisation des rushes de ¡Que Viva México! :
Thunder over Mexico (1933, 72 mn) montage produit par les américains Sol Lesser et Upton Sinclair, il s’agit essentiellement de l’épisode Maguey.
Kermesse funèbre (1933, 20 mn) montage produit par l’américain Sol Lesser, il s’agit des autres parties, montées comme un documentaire avec un commentaire.
Time in the sun (1939, 55 mn) montage respectueux fait par Marie Seton, journaliste britannique qui a rencontré Eisenstein et écrit sur lui.
Eisenstein’s mexican project (1954, 320mn) montage par Jay Leyda, ancien élève d’Eisenstein : mise bout à bout des rushes.
¡Que Viva México! (1979, 90 mn) montage fait par Grigori Alexandrov.

Pour en savoir plus :
– un bonne analyse sur Kinoglaz.fr,
– un article de Chris Meir (en anglais) replaçant le film dans sa dimension ethnographique faisant un rapprochement avec le Tabu de Murnau,
– et aussi un (long) article de Gabrielle Murray (en anglais) sur le symbolisme du film et l’utilisation des icones.

3 réflexions sur « ¡Que Viva Mexico! (1932) de Sergueï Eisenstein »

  1. C’est un film qui m’avait beaucoup marqué par la puissance du jeux des acteurs, j’aimerais le revoir mais impossible de mettre la main dessus !
    a+

  2. On le trouve assez facilement en DVD (dans les 10 euros).
    C’est d’ailleurs ainsi que l’ai vu.
    Pour 35 euros, on a même l’intégrale d’Eisenstein… 😉

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