23 mai 2011

Mélodie en sous-sol (1963) de Henri Verneuil

Mélodie en sous-solLui :
Charles, la soixantaine, sort de prison. Il est quelque peu déphasé face au monde qui change, ses anciens comparses se sont rangés. Il décide de faire un dernier grand coup et prend un jeune acolyte qu’il a connu en cellule… Adaptation d’un roman noir de John Trinian, Mélodie en sous-sol est un film policier français d’un grand classicisme. Que ce soit dans l’histoire ou dans la vraie vie, avec le duo Gabin / Delon, ce sont deux mondes qui s’opposent. Gabin est en fin de carrière, blasé, un peu fatigué ; s’il joue sans grand entrain, c’est toujours un plaisir de le voir évoluer. Alain Delon, quant à lui, est pétillant de jeunesse, plein de charme, il montre une formidable envie de jouer (1). L’adaptation, très solide, est signée Albert Simonin. Michel Audiard a écrit 25 répliques dont la verve donne un peu de peps à l’ensemble. La mise en scène est précise, certes sans grand éclat ni grand suspense, avec une scène de braquage montrée en temps réel. Très belle scène finale, très photogénique. Mélodie en sous-sol se regarde toujours avec plaisir, un film de la meilleure veine du cinéma policier français.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Alain Delon, Viviane Romance, Maurice Biraud, Henri Virlojeux, Jean Carmet, José Luis de Villalonga
Voir la fiche du film et la filmographie de Henri Verneuil sur le site IMDB.
Voir les autres films de Henri Verneuil chroniqués sur ce blog…

Remarques :
(1) Alain Delon avait une grande admiration pour Jean Gabin, à tel point qu’il accepta de jouer gratuitement dans Mélodie en sous-sol. Il demanda juste les droits de distribution sur trois pays dont le Japon sur lequel, en se démenant, il gagna énormément d’argent, beaucoup plus que Gabin au final…

6 réflexions sur « Mélodie en sous-sol (1963) de Henri Verneuil »

  1. d’accord pour la dernière scène, assez chouette.
    la première est terrible aussi, quand il rentre de prison dans son sarcelles complètement bétonné sans trop pouvoir reconnaitre les rues…

  2. Ce que vous en dites me fait penser à « Du rififi chez les hommes », un autre film que vous avez beaucoup apprécié, semble-t-il. Pourriez-vous nous préciser à quel point les deux films sont comparables ?

    Merci. Je suis content de vous « retrouver », il y avait un bug, l’autre jour. D’ailleurs, j’ai l’impression que votre blog a quelque peu changé, dans la police de caractère utilisée notamment. C’est moi qui déraille ?

    Bonne journée.

  3. Oui, il y a eu un upgrade du système des blogs du Monde et effectivement pas mal de choses ont changé. Tout n’est pas encore comme je le souhaiterais…

    Quant à la comparaison entre Du Rififi chez les Hommes et Mélodie en Sous-Sol, il y a effectivement certaines similitudes (préparation d’un coup, longue scène du casse) mais je dirais que la comparaison n’est pas à l’avantage du film de Verneuil… Le film de Jules Dassin a une construction bien plus solide, son côté méthodique fascine, la tension créée est 10 fois plus forte. Le film de Verneuil est plus classique dans sa conception même, reposant sur une grosse tête d’affiche. Sur la construction, le fait de montrer une première fois l’enchaînement des évènements, avant le déroulement du vrai casse, fonctionne bien.

  4. J’ai vu ce film à sa sortie sur la côte d’azur et apres le générique du film une annonce était faite pour indiquer ce qui avait été fait au casino pour qu’il ne soit pas possible de refaire le même casse ! Plus jamais aucune trace de ce morceau de pellicule !

  5. TANDEM (série d’une très longue kyrielle d’avatars)
    confiné devant ma télé, arte reprogrammait hier soir ce suspense à titre musical…
    Un bon titre, c’est sur
    Une affiche qui promet 100.000 volts de suspense, voir…

    Commençons par la fin sans la dévoiler en écrivant que c’est la meilleure qu’ai tourné Verneuil, à la fois spectaculaire et moralisatrice (bien acquit ne profite jamais), longue, précise, sans dialogue, inondée du thème répétitif et inspiré de Michel Magne, je ne sais pas à qui appartient cete fin, qui en a eu l’idée, mais c’est une réussite, c’est même de loin la meilleure séquence de ce film par ailleurs très classique et aujourd’hui vieilli tant ces histoires de casses à la mode nous ont cassé pas mal d’histoires dites à la mode
    Le vieux Gabin qui venait de prendre un bon coup de jeune commercialement parlant dans son tandem avec Belmondo (Un singe en hiver sous la houlette des mêmes, Verneuil Audiard Magne Page…) cherche à récidiver le coup – et réussit – avec ce doublé flanqué de l’autre jeune star du ciné français Alain Delon, « rival » de Bébel. Les affiche alléchantes d’un Gabin face à ses successeurs font courir les foules et remettent en selle le patriarche pour de nouveaux succès
    Gabin/Charles n’a plus l’âge des coups, mais têtu comme une vieille mule, à peine sorti de taule pour la seconde fois – deux coups malheureux en vingt ans de carrière – qu’il ne pense qu’à recommencer, un dernier coup comme on dit d’un dernier verre pour la route, « le grand coup », au lieu de se la couler douce avec sa femme qui l’attend, c’est Viviane Romance, plus jeune non plus, qui s’y colle. Ah, les vieux! – « Ici tu vois rien n’a changé, ni ta femme, ni ton fauteuil, ni ta fine, ni ton argent – T’as acheté une télé! – Oui, après diner ça distrait…Tu crois pas que t’as enfin l’âge – L’âge de quoi? – De plus faire le con. On dirait que t’as encore pris du poids – C’est l’inaction » : Charles et Ginette en petits rentiers heureux dans un petit pavillon, pas question ! Le thème rebattu du Remettez moi çà va rebattre les cartes
    Après cette introduction du retour de Charles à la maison pour embrasser Ginette, cette dernière disparait à jamais et laisse place au vrai tandem de l’histoire : Gabin sapé comme un banquier et Delon jean et blouson noir, petite frappe sortant lui aussi de tôle, ne valant pas mieux que son aîné et suivant déjà la même voie. Les deux personnages ne forcent pas vraiment à la sympathie ni ne s’ouvrent à l’humanité comme l’étaient ceux du Singe en hiver
    Le film déroule un état des lieux sans aucun atome d’empathie ni d’identification, on ne frémit jamais pour les personnages et qu’ils réussissent ou non leur coup, on s’en tape
    Reste le jeu des deux acteurs. Passée l’ouverture Gabin reste Gabin et assure le minimum syndical en envoyant quelques bons mots, ce qu’il sait faire. Delon tout beau tout neuf, tout feu tout flamme, fait feu des quatre fers, en fait même un peu trop, il n’a pas Visconti ni Clément pour le canaliser ni le sublimer. Verneuil sait les cadrer dans l’espace du scope noir et blanc, des barres de béton de Sarcelles jusqu’aux plages et casinos cannois
    On regarde le tout d’un oeil un peu distrait, pas même attendri, en attendant la séquence finale

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