11 octobre 2010

L’homme des vallées perdues (1953) de George Stevens

Titre original : « Shane »

L'homme des vallées perduesLui :
Un cow-boy solitaire, qui semble venu de nulle part, vient en aide à une famille de fermiers harcelée par un grand propriétaire qui cherche à les repousser plus loin (1). L’homme des Vallées perdues est un grand classique du western. Sa grande originalité est d’être vu au travers des yeux d’un enfant de dix ans et donc les personnages sont idéalisés, stéréotypés, un peu à l’instar d’une bande dessinée. Le cow-boy au grand cœur (Alan Ladd) est taciturne à souhait, il n’utilise ses armes que pour une bonne cause et il aura face à lui un tueur tout de noir vêtu (Jack Palance), cruel et tellement mauvais que même les chiens préfèrent s’éloigner lorsqu’il paraît… (2) Malgré ces archétypes, le film comporte des aspects très réalistes notamment sur la vie de fermier et sur l’exactitude des lieux, de la ville (quatre maisons alignées), des costumes. Avec des personnages typés et ses vastes étendues, L’Homme des Vallées Perdues est considéré comme un modèle du genre. Le film a rencontré un très grand succès à l’époque et bénéficie toujours d’une très forte aura aujourd’hui.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Alan Ladd, Jean Arthur, Van Heflin, Brandon De Wilde, Jack Palance
Voir la fiche du film et la filmographie de George Stevens sur le site IMDB.

Remarques :
Le film a été tourné en 4/3 (1.33 : 1) puis recadré en 16/9 (1.66 : 1) pour sa sortie afin de ne pas détonner à un moment où le cinémascope avait toutes les faveurs du public.

(1) Une fois de plus, nous sommes à cette période charnière où de petits fermiers, munis d’une concession accordée par le gouvernement fédéral, venaient s’installer dans les grandes plaines de l’Ouest et trouvaient en face d’eux de grands propriétaires partisans de l’open land (c’est à dire aucune clôture) pour faire paître leurs vastes troupeaux.
(2) Nous ne sommes pas loin de Lucky Luke… d’ailleurs le film aurait été une source d’inspiration pour Morris et Goscinny : le personnage Phil Defer est en effet très proche du tueur tout en noir interprété par Jack Palance dans l’Homme des Vallées Perdues.

15 réflexions sur « L’homme des vallées perdues (1953) de George Stevens »

  1. En 1993, Robert Harmon a repris l’argument de ce film pour « Nowhere to Run » – « Cavale sans issue » avec Jean-Claude van Damme et Rosanna Arquette.

  2. Ah Shane!
    A l’époque je n’avais pas vu le film. je vivais à la campagne, sans cinéma mais mon père, représentant et absent toute la semaine essayait de se rattraper en m’achetant plein de livres.
    Alors j’ai lu « l’homme des vallées perdues », j’ai pleuré à chaque fois que je le relisais quand Shane s’en allait.
    Et je ne l’ai vu en entier qu’en DVD à 65ans.Un bonheur quand même !
    Alan Ladd était vraiment le type qu’il fallait.
    J’aimerais que mes petits enfants retrouvent le même bonheur en lisant leur trucs.Pourquoi pas?
    Et les miens, car je les ai gardé mes bouquins

  3. Ce film confirme non seulement l’importance d’Alan Ladd comme grand d’Hollywood, mais aussi celle de Van Heflin. Ces deux acteurs sont aujourd’hui un peu tombés dans l’oubli, mais leur carrière demande à être revisitée.

  4. J’ai vu le film quand j’avais 12 ans, je l’ai revu récemment avec un plaisir différent mais néanmoins présent. Un vrai bon western du temps jadis. Alan Ladd était une vedette et vanHeflin a fait une belle carrière dans les seconds rôles.

  5. Limiter le carrière de Van Heflin aux seuls seconds rôles est un peu réducteur… Sur les 54 films qu’il a tournés, il a été tête d’affiche pour 30 d’entre eux !

  6. Vous avez raison Roegiest, j’aurais du dire qu’il n’ a jamais joué les héros ou les jeunes premiers.

  7. Peux pas m’empêcher de mettre mon grain de sel dans ce mini-débat autour de Van Heflin. Selon un commentateur (cf. supra), cet acteur n’aurait jamais joué les héros ou tenu des rôles de jeune premier. Quid de son personnage dans « 3:10 pour Yuma » alors? Ou bien dans « The Raid » de Hugo Fregonese? Ou encore dans « Tomahawk » de George Sherman? Autant de films dans lesquels le héros c’est lui. Et j’en oublie bien d’autres. Van Heflin en jeune premier? Essayez « The Strange Love of Martha Ivers » ou encore « Johnny Eager ». CQFD
    Ceci étant, malgré la réputation très (trop?) flatteuse de « Shane » (« L’Homme des vallées perdues »), jadis qualifié de « surwestern » par André Bazin, je dois dire que ce film ne m’a jamais trop emballé. Comme ne m’a jamais trop emballé Alan Ladd, joli garçon plutôt fadasse, non? Personnellement, je le préfère dans un western bien moins connu que le film de George Stevens, « Whispering Smith » (« Smith le taciturne »), de Leslie Fenton. Dans « Shane », ce sont les seconds rôles qui apportent un peu de piment, Jack Palance (devenu Phil Defer sous le crayon de Morris), Elisha Cook Jr, qui se fait salement dégommer par ledit Palance, et à un moindre degré, Ben Johnson. A mon humble avis, Van Heflin avait plus de présence que Ladd. Mais comme il n’avait rien d’un Apollon, il n’a jamais acquis un statut de grande vedette auprès du public. D’où l’impression qu’il aurait été confiné à des seconds rôles ; ce qui est inexact.

  8. bonjour,

    je m’appuie sur votre critique de SHANE, pour vous signaler 2 autres films de G.Stevens à découvrir ou redécouvrir absolument, ce que je viens de faire.
    D’abord, « a place in the sun », total chef d’oeuvre, et, ce qui sera certainement plus discuté, « Géant ». Ce dernier film a la réputation d’être « boursouflé », « trop américain », etc etc… Lorsque qu’on le revoit avec nos yeux modernes, on y voit surtout, à travers cette épopée texane, un commentaire sans concession sur l’Amérique ségréguée d’alors..A revoir absolument, laissez-vous emporter!

  9. Bonjour,
    En regardant Shane, on a ainsi l’impression de suivre une histoire de l’ouest telle qu’elle s’est réellement passée. C’est l’épopée de ces petites gens qui ont dû affronter la force des puissants seigneurs de la Terre, à une époque où la justice était balbutiante. L’authenticité est également présente du côté du puissant rancher, Ryker. Il n’est pas méchant par sadisme. Il défend son droit de contrôle sur la vallée avec de réels arguments. Ayant mis en valeur la vallée, il considère normal de la posséder. Starrett s’oppose à cet argument en lui rappelant qu’il n’est qu’une des nombreuses personnes à avoir pacifié la vallée (c’est-à-dire à avoir massacré les indiens) et qu’il ne peut empêcher d’autres familles de tenter à leur tour leur chance dans la vallée. L’opposition entre ces deux argumentations est intéressante en ce qu’elle révèle une tendance centrale dans l’histoire des Etats-Unis : la lutte entre les différentes strates d’immigrés. L’affrontement entre les anciens pionniers et les nouveaux pionniers incarne très bien cette tension constitutive de l’histoire américaine.

  10. Oui, oui, oui, non, non, non…SHANE reste pour moi avant tout LE film/western au héros solitaire arrivant de nulle part au début et repartant pour nulle part à la fin, sans rien apprendre (ou presque) de lui en cours (I am a poor lonesone cowboy), et cela afin qu’il reste idéalisé à jamais par le gamin qui a tout loisir de crier son nom. Quand on voit le film pour la première fois étant gamin dans les années cinquante, évidemment on est scotché et on s’identifie au regard du gamin. On ne se rend alors pas compte qu’il est profondément archétypal / caricatural. Alan Ladd qui ne fut jamais un grand acteur (dans tous les sens du terme) trouve dans ce héros muet et placide probablement son meilleur rôle. Clint Eastwod se souviendra de SHANE trente ans après dans L’Homme des hautes plaines et Pale rider. A noter une longue séquence étonnante de nuit américaine qu’on regarde aujourd’hui avec curiosité bienveillante

  11. Sacré film !
    Déjà, la restauration en blue-ray est magnifique (c’est mon premier Blue-Ray !!), un régal pour les yeux, qui met superbement en valeur les paysages bucoliques amoureusement filmés par Stevens. On se croirait, par moments, dans Jody et le faon tellement c’est beau.
    Ladd, personnage d’apparence frêle, fragile, blessé, est particulièrement touchant et détonne par rapport aux héros habituels, à la virilité sans faille. A comparer avec Ethan Edwards, par exemple : deux hommes blessés, au passé trouble, dans deux registres pourtant bien différents ! Instructif ! Autre point commun entre les deux personnages, les relations ambigües entre eux deux et les femmes des foyers au sein desquels ils font irruption.
    Eastwood a du être marqué au fer rouge par Shane : les références constantes qu’il y fait dans son Pale Rider (1985) sont tellement flagrantes ! Pale Rider, c’est un peu Shane revisité « High Plains Drifter », si j’ose dire.
    Alors, certes, le film n’est pas parfait, notamment en sa partie centrale, qui manque un peu de rythme. Malgré ces défauts certains, l’idée qui se dégage après avoir vu le film est que ce dernier constitue indéniablement une pierre angulaire du genre, voire du cinéma hollywoodien tout court. Une référence qu’il faut connaître.

  12. Et quel plaisir de retrouver Jean Arthur, Van Heflin, Palance, ou le très fordien et mésestimé Ben Johnson, avec son adorable trogne de brave gars aux valeurs contrariées et finalement assumées ! Tiens, on le retrouvera avec Eastwood, celui là, dans Hang ’em high, réalisé par Ted Post en 1968, lors duquel il sauvera Eastwood de la pendaison : ils étaient fait pour se rencontrer, ces deux-là ! La boucle est bouclée !!

  13. Indéniablement un marqueur dans l’histoire du western !!!
    Reste une grande question : Shane meurt il a la fin ?
    Deux indices : Il tirait vite Jackie, plus vite que je n’aurai cru !!! et la scène finale de Shane qui s’éloigne en traversant un cimetière .
    Qu’en pensez vous ?

  14. L’action du film doit se dérouler peu de temps après la guerre de Secession. Confère la boucle du ceinturon de Stonewall (CSA), aux obsèques duquel « Dixie » est interprété à l’harmonica. Mais c’est néanmoins le drapeau fédéral qui est hissé dans cet Alabama sudiste à l’occasion de la fête nationale !
    Très émouvant, le chien du défunt qui geint en posant délicatement sa patte sur le bois du cercueil. Une belle touche intimiste pour ce film au caractère naturophile très prononcé, où les Hommes ne semblent faire qu’un avec dame Nature. Une caractéristique qui fait admirablement ressortir le sentiment d’appartenance à la vallée qui anime les protagonistes, et qui est l’une des clé principales d’appréhension du récit.

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