2 avril 2010

Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal (2008) de Steven Spielberg

Titre original : « Indiana Jones and the kingdom of the crystal skull »

Indiana Jones et le royaume du crâne de cristalLui :
Vingt-sept ans après Les Aventuriers de l’Arche Perdue, Steven Spielberg tourne le quatrième volet des aventures du célèbre archéologue après une bien longue interruption. Il le réalise dans un esprit très proche du tout premier de la série, dans le style et dans l’esprit. Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal utilise les mêmes ressorts, le même type d’histoire totalement abracadabrante qui semble sortie d’une bande dessinée. Les clins d’œil aux précédents volets sont nombreux, tous les objets ou scènes symboliques sont là. Bien exploité par le scénario, l’âge d’Indiana Jones ne l’empêche pas d’être passablement actif, Harrison Ford restant parfaitement crédible dans les nombreuses scènes d’action. Les longueurs sont rares, le rythme est enlevé et le spectateur n’a guère le temps de souffler. Malgré son intention première, Steven Spielberg a du utiliser les images de synthèse plus largement que prévu mais le film n’en est, heureusement, pas marqué. Le film a été mal accueilli par la critique qui n’en a pas apprécié l’esprit, c’est dommage : Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal est un excellent divertissement, un grand film d’aventures à l’ancienne (ce sont les meilleurs…)
Note : 4 étoiles

Acteurs: Harrison Ford, Cate Blanchett, Karen Allen, Shia LaBeouf, Ray Winstone, John Hurt, Jim Broadbent
Voir la fiche du film et la filmographie de Steven Spielberg sur le site IMDB.

Voir les autres films de Steven Spielberg chroniqués sur ce blog…

Remarques :
– Le logo Paramount qui ouvre le film est calqué sur celui des années 80.
– La première mouture du scénario a été écrite en 1993. Indiana Jones IV a été sans cesse repoussé depuis et il a fallu un ultimatum d’Harrison Ford (« C’est maintenant ou jamais ») pour que le projet voie enfin le jour.

La saga Indiana Jones (réalisés par Steven Spielberg à l’exception du dernier) :
1) Les aventuriers de l’arche perdue (Raiders of the lost ark) (1981)
2) Indiana Jones et le temple maudit (Indiana Jones and the temple of doom) (1984)
3) Indiana Jones et la dernière croisade (Indiana Jones and the last crusade) (1989)
4) Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal (Indiana Jones and the kingdom of the crystal skull) (2008)
5) Indiana Jones et le Cadran de destinée (Indiana Jones and the Dial of Destiny) (2023) réalisé par James Mangold.

Les dérivés :
Georges Lucas (qui rappelons-le a créé le personnage d’Indiana Jones en écrivant avec Philip Kaufman une petite histoire dans les années 70) a produit une série télévisée « Les aventures du jeune Indiana Jones » (The young Indiana Jones chronicles), 32 épisodes de 45 mn (1992/93) et 4 téléfilms de 90 minutes (1994/96), ainsi qu’un film : Les aventures du jeune Indiana Jones: Oganga, le sorcier blanc (The adventures of young Indiana Jones: Oganga, the giver and taker of life) de Simon Wincer (1999) avec Sean Patrick Flanery.

8 réflexions sur « Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal (2008) de Steven Spielberg »

  1. Ah ! Je suis content de voir que je ne suis pas le seul à apprécier ce quatrième épisode d’Indy. Bon. Je le trouve très imparfait aussi, mais peut-être qu’il me touche aussi pour ça. Balayant les modes faciles du tout-numérique, Spielberg me semble également avoir tourné un Indiana Jones « à l’ancienne ». Un film des années 70-80 réalisé aujourd’hui avec les techniques de l’époque.

    Je me dis qu’avec quelques années de recul, cet opus mal aimé peut trouver un second public appréciateur. Nous verrons. En attendant, sans me régaler, il me plaît tel qu’il est. Défauts compris.

    Quelques rumeurs affirment qu’un cinquième pourrait voir le jour…

  2. Oui, c’est finalement un film sympa, dans lequel on retrouve un peu des émotions qu’on a eues lors du premier.
    Le 5ème opus serait intitulé: « Indiana Villepin contre le Bouclier fiscal ». Une histoire abracadabrantesque de grand type déjanté qui lutte contre un nain maléfique accompagné d’une chanteuse délurée… Le scénario n’est pas encore au point (trop d’invraisemblances)…

  3. Votre chronique est très pertinente et je partage votre analyse – et cependant je dois dire m’être un peu ennuyé devant le film. Non qu’il ne soit pas réussi, le contrat est rempli (essayer de ne pas trahir l’esprit des premiers films tout en y apportant une prise de recul un peu plus grande, suivre l’évolution du ton en fonction de l’époque où l’action se déroule, profiter de la possibilité de voir vieillir le personnage avec l’acteur – je trouve d’ailleurs qu’Harrison Ford demeure emballant dans le rôle).Mais en fin de compte le rythme finit par lasser un petit peu. Je trouve pour ma part que les effets spéciaux sont un peu trop présents (la palette graphique, notamment, donne au film une esthétique un peu terne). C’est certes chipoter beaucoup, mais enfin…
    Par contre, le quasi-plagiat de l’inspiration hergéenne est de plus en plus évident ici : cela touche dans certaines scènes au copié-collé (l’entrée derrière la cascade, et l’intervention des « extraterrestres ») – sans parler du mode d’ouverture du temple final, ni plus ni moins pompé sur « La terre des Pharaons »…
    Peut-être, comme le suggère l’un des commentaire précédents, le film gagnera-t-il à vieillir un peu (lui aussi).

  4. C’est marrant parce que j’ai trouve justement que le film trahissait cet esprit des anciens Indi… Enfin plutot la deuxieme partie du film, que je n’ai pas du tout aime (la premiere moitie est tres bien). Autre point negatif: Shia Laboeuf (mes excuses, je ne sais plus comment ca s’ecrit) qui n’a aucun charisme.

  5. @ Desman
    Peut-être avez-vous raison au sujet de l’esprit des autres films, il est vrai que la deuxième partie est plus éloignée des autres que le début. Mais à vrai dire je n’ai jamais beaucoup aimé le « Temple maudit » dont je trouve qu’il dépare autant que celui-ci au milieu des quatre films.
    C’est vraiment le côté visuel de toutes les séquences numérique qui m’a lassé (la poursuite sur le bord de la falaise, bof bof bof).
    Plutôt d’accord sur shia Labeouf…

  6. Shia Labeouf joue le rôle du candide, donc il me semble normal qu’il n’ait pas vraiment de charisme dans cette histoire (mais c’est possible qu’il n’en ait pas du tout, je ne connais pas bien cet acteur).

    Sinon, d’accord pour dire que Le Temple Maudit est le plus faible de la série, plus répétitif que les autres. C’est l’un des avantages de celui-ci, il y a des séquences qui peuvent lasser mais elles ne durent pas et il y a une richesse de situations qui n’était, me semble t-il, présente que dans le premier volet.

    C’est vrai que tout cela a un petit côté Tintin mais cela ne me gêne pas personnellement, au contraire aurais-je envie de dire… Moi j’aime bien. 😉

  7. et bien ceci fait plaisir de lire une nouvelle bonne critique du film. Je n’ai pas compris cet accueil critique. En effet, le film fait très bande-dessinée et le manque de crédibilité reproché à l’histoire, le « too much » me semblait ridicule. Nous sommes dans un Indiana Jones, pas un film des frères Dardenne. Du pur divertissement. Bien entendu, que le public ait été déçu au bout de 20 ans d’attente, c’était normal mais le film vaut bien mieux que cette descente aux enfers qu’il a subi. J’ai passé un bon moment et Harrison Ford s’en sort haut la main.

    http://dante7.unblog.fr

  8. Le problème d’un tel film n’est pas sa « crédibilité » (il ne peut évidemment pas en avoir) mais sa cohérence interne.

    Objectivement, l’intervention d’extraterrestres est plus « crédible » que l’action magique de l’Arche d’alliance ou le pouvoir de guérison miraculeuse du Graal. Même si la venue d’extraterrestres sur Terre est hautement improbable (à un niveau d’improbabilité qui frôle vraiment « un », c’est-à-dire aucune chance), elle reste infiniment plus probable que l’existence d’un « Dieu » et d’objet divins magiques qui concluent le premier et le troisième opus. Certains ont critiqué le quatrième Indiana Jones à cause de ces extraterrestres un peu grand-guignol, mais je trouve cette critique de très mauvaise foi, puisque l’Arche d’alliance ou le Graal sont bien plus grand-guignol et invraisemblables.

    Et pourtant… les premier et troisième opus sont bien plus cohérents que ce quatrième (je mets également le deuxième de côté, car sans grand intérêt et pas très bien construit). Plus un film est délirant, plus un scénario est « hors crédibilité scientifique », plus il faut qu’il soit cohérent par rapport à lui-même, c’est-à-dire qu’il constitue un univers structuré. Par exemple, l’univers d’Harry Potter est évidemment délirant de A à Z, mais il est cohérent — ce qui explique la fascination qu’il exerce. Et lorsqu’il a des incohérences (par exemple lorsqu’il suffirait d’utiliser la boucle temporelle possible dans le troisième tome pour résoudre l’essentiel des problèmes rencontrés au fil des aventures d’Harry), cela se voit et devient gênant (cette capacité de remonter le temps, apparue temporairement dans le troisième tome, était clairement une erreur).

    J’adore pratiquer ce que Coleridge appelait la « suspension consentie de l’incrédulité », dont Tolkien a très bien analysé les mécanismes dans son essai Faërie. Mais pour ça, il faut que l’auteur y mette du sien. Elle ne s’impose pas, elle ne s’invoque pas par autorité, elle se construit, elle se gagne.

    Dans ce quatrième Indiana Jones, les ficelles sont trop grosses (par exemple le combat entre véhicules dans la jungle, vers la fin, qui dure le temps de parcourir des dizaines de kilomètres mais ramène les acteurs à quelques mètres de leur point de départ : oh, les scénaristes et réalisateurs, c’était trop dur de juste éviter de nous prendre pour des cons et de juste respecter un peu votre public ?), les clins d’oeils trop sommaires et mal dégrossis (le coup des lianes, qui là encore est juste du n’importe quoi de compétition en terme de vitesses de déplacement et de « hasard » des trajectoires), les personnages trop inintéressants.

    Car ce qui a été dit plus haut sur Shia Labeouf n’est pas anodin. Peu importe si c’est la faute de l’acteur (probablement) ou du rôle tel qu’il a été construit, mais de toute façon ce personnage est une catastrophe : tellement fade qu’il « casse » toute complicité possible de la part du spectateur. Car il ne faudrait pas oublier l’une des raisons du succès des premier et troisième Indiana Jones : des personnages épais, forts (au sens de forte personnalité), des relations stimulantes entre les personnages. Le passé entre Marion et Indiana *, la non-relation revancharde et amer entre Indiana et son père : voilà qui créait des tensions relationnelles, et à chaque fois entre deux personnages puissants dont la relation créait des étincelles. Ici, malgré le retour de Marion (qui sauve un peu le film), c’est plat. Et ce fils qui aurait dû donner du relief donne juste de la platitude démotivante.

    Alors OK, il reste des morceaux de bravoure (le côté BD ne me dérange pas !), il reste quelques répliques magnifiques, dont l’une reste pour moi d’anthologie : lorsque le fils d’Indiana voit pour la première fois son père se battre et éliminer plusieurs lascars et pièges à lui tout seul, et qu’il lui dit « Je croyais que tu étais prof d’université », la réponse d’Indiana est parfaite, sur un ton désinvolte : « Oh, it’s a part-time job » (ça perd une partie de sa force en français). C’est réjouissant ponctuellement. Mais c’est peu.

    ————

    * Ce passé entre Marion et Indiana, évoqué plusieurs fois dans Les aventuriers de l’arche perdue, est une belle preuve que « même au début des années 1980 » on savait très bien tout ce qu’il y avait de toxique et malsain dans une relation entre un adulte séduisant et une adolescente. Car tous les dialogues faisant référence à ce passé expriment très clairement que Marion était réellement amoureuse d’Indiana (elle le dit), mais que ça n’excuse pas Indiana d’avoir répondu et encouragé son amour jusqu’à nouer une relation (elle le dit, il le reconnaît : il n’aurait jamais dû engager de relation avec elle, il aurait dû décourager cet amour ambigu et anormal, l’avoir fait est une horreur). C’est presque un « document historique » à utiliser dans les débats actuels dans le monde de la culture. Spielberg et Lucas reconnaissaient explicitement, dans ce film, que lorsqu’un adulte encourage l’amour d’une adolescente à son égard, c’est un délit et surtout (car ils ne se placent pas sur le terrain légal ou moral mais uniquement de l’intérêt envers les personnages) ça détruit une vie, Marion dit mot pour mot que cette relation a détruit sa vie. Alors OK, dans ce film ils finissent par renouer, cette fois-ci entre adultes et donc sans cette dissymétrie destructrice, et donc le problème est en quelque sorte escamoté par une « résolution une fois parvenus à des âges où ça devient sain », mais il est d’abord très crûment explicité dans son horreur. C’est un autre sujet que le commentaire de ce quatrième opus, mais ça m’a frappé en le revoyant récemment… dans le contexte d’arguments abjects utilisés par certains pour laisser croire que cette réalité psychologique et éthique élémentaire n’aurait pas été comprise dans les années 1980 : ce film prouve que si, qu’il n’y a pas de fatalité à être de mauvaise foi, et que certains scénaristes et cinéastes avaient le cran de l’aborder. Et ça donne encore plus d’épaisseur à ce premier Indiana Jones, cette épaisseur qui manque justement au quatrième.

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    Reste la possibilité que, comme vous le dites, ce quatrième opus soit plutôt à revoir longtemps après. Je ne l’ai pas revu depuis sa sortie et je n’ai pas envie de payer pour acheter le DVD (alors que j’ai même le deuxième), mais j’essaierai de trouver quand même une occasion de le revoir.

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