22 août 2009

Mille milliards de dollars (1982) de Henri Verneuil

Mille milliards de dollarsLui :
Sur les indications d’un mystérieux informateur, un jeune journaliste (Patrick Dewaere) se lance dans une enquête qui va le mener jusqu’aux portes d’une multinationale. Mille milliards de dollars (c’est le chiffre d’affaires annuel des 20 plus grosses sociétés mondiales) est un film politique très efficace. En grand spécialiste du cinéma populaire de qualité, Henri Verneuil fait évoluer son scénario avec une superbe maîtrise et maintient l’attention de façon constante par un suspense parfaitement dosé. Patrick Dewaere, ici dans l’un de ses tous derniers rôles, montre beaucoup de maturité dans son jeu, assez retenu et complet. Le propos est toujours aussi actuel.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Patrick Dewaere, Caroline Cellier, Charles Denner, Anny Duperey, Jeanne Moreau, Jean-Pierre Kalfon, Michel Auclair
Voir la fiche du film et la filmographie de Henri Verneuil sur le site IMDB.

Remarques :
1. La multinationale G.T.I. du film Mille milliards de dollars présente de très grandes similitudes avec I.T.T., énorme multinationale (aujourd’hui démantelée) aux multiples ramifications économiques et politiques assez obscures.

2. Le générique du film mentionne deux livres comme source d’inspiration :
“Mille milliards de dollars” de Robert Lattès (1969)
“False Font” (“Gare à l’intox”) de Lawrence Meyer (1979)
Il omet de mentionner une troisième source, sans doute par crainte de poursuites d’ITT :
“The Sovereign State of ITT” de l’anglais Anthony Sampson (1972), livre qui a mis en perspective tout l’opportunisme de cette multinationale, à commencer par cette rencontre entre le président d’ITT et Hitler dès son arrivée au pouvoir en 1933 (pendant toute la Seconde Guerre Mondiale, ITT a été ensuite fournisseur d’armes et de matériel des deux camps).

14 réflexions sur « Mille milliards de dollars (1982) de Henri Verneuil »

  1. En réalité, le film n’est pas terrible et a beaucoup perdu de son actualité. Dewaere, comme toujours, est agaçant, l’image du journaliste cavalier blanc, typique d’un certain cinéma américain (pas toujours le meilleur), passe assez mal. Mais ce n’est pas tant la mise en scène, toujours efficace chez Verneuil, qui gêne et qui fait rire à contretemps.
    C’est surtout le scénario qui est un peu crétin, tout simplement, ou simpliste. Tenant sur le principe de la théorie du complot et sur l’idée fantasmagorique d’une sorte de domination du monde par quelques grandes multinationales – le démantèlement d’ITT, inspiratrice involontaire du film montre à soi seul l’inanité de ce type de vision -, son rattachement au génocide juif (particulièrement tiré par les cheveux)… bref, le film a furieusement vieilli.
    Il ne manque en revanche pas de belles scènes, fortes et assez réussies – dans lesquels on regrette évidemment à chaque fois la présence de Dewaere, totalement tête à claques – notamment la présentation faite par le grand patron de GTI à ses principaux cadres, les inquiétudes et hésitations du patron de presse de Dewaere.
    Mais donner 4 étoiles me paraît relever plus de l’adhésion au « message » politique qu’à la qualité intrinsèque du film.

  2. L’immixtion des multinationales dans le domaine politique n’a rien à voir à la théorie du complot. Ce sont des faits qui ont été largement corroborés (par exemple, l’influence d’ITT sur la coup d’état de Pinochet a bien été confirmé lorsque la CIA a ouvert certaines de ses archives en 2000 ou 2001). Ces faits appartiennent maintenant à l’Histoire.

    Quand je disais « le propos est toujours actuel », je ne pensais pas tant à ces multinationales (qui ont été en partie démantelées aujourd’hui) mais plutôt au fait de la généralisation de certaines pratiques : par exemple, faire transiter des marchandises par un pays tiers, pour exporter un bénéfice, n’est plus l’apanage de multinationales, c’est maintenant une pratique courante. Ou encore, cette scène amusante où le PDG annonce qu’il désire que soit gravé sur sa tombe le cours de bourse au jour de sa mort et que ses successeurs viennent chaque année y rendre des comptes… 😉

    Non, je ne pense pas qu’il soit question ici d’adhérer au message politique brut (qui n’a plus vraiment lieu d’être) mais plutôt de provoquer en nous une réflexion, c’est en cela que le propos reste actuel.

  3. Le sujet du film en vaut un autre. Mais ça reste du Verneuil qui dans sa carrière n’a pas fait grand chose de bon. Pour une fois je serais en désaccord avec vous, je n’y aurais mis qu’une étoile eet pas plus.

  4. Hello,

    Je suis en train de lire le livre de Eric Laurent  » La face cachée des banques ».

    J’avoue que ce livre me fait penser au film de H Verneuil, datant de : 1982….

    Cela fait froid dans le dos.
    Phil

  5. Hé hé, j’ai toujours Dr Evil qui apparaît devant moi quand je vois le titre de ce film. Gosh, c’était atrocement mauvais. Dewaers en Tintin 80s, les méchants capitalistes américains dans des décors de James Bond… Et le fond du film consacré à expliquer que 1000 milliards de dollars, c’est plus que la richesse des Etats! Dans les mains de dangereux patrons! Et ils conspirent! Et Tintin va affronter Dr Evil et ses fembots!

    Seulement 4 ans d’écart avec Wall Street de Stone qui écrase cette production inutile.

  6. Pour l’époque, je ne vois pas d’autres équivalents à ce film, en France en tout cas. Je le trouve au contraire assez pédagogique grâce aux talents de conteur de Monsieur Verneuil.
    Le scénario est efficace, bien construit, le propos si ce n’est visionnaire, en tout cas précurseur.
    Verrait-on encore maintenant un journaliste de la tribune prendre des risques pour une enquête ? Les ramifications politico-économiques sont restées, mais ont semble t-il entraîné le milieu des médias (Internet apparaissant comme un espace de vitalité démocratique et citoyenne, quoique.. voir si ce message est posté :))

  7. Oui, ce message est posté…
    Simplement, il met du temps à apparaître du fait d’une erreur technique que Le Monde ne veut visiblement pas corriger. Les commentaires sur les notes anciennes mettent de nombreux jours à apparaître.

  8. Dewaere victime d’un boycott unique de la presse et suicidé… il ne faut pas toucher à certains intérêts unissant la presse, le cinéma, les multinationales… relisez l’histoire des derniers temps de Dewaere.

  9. L’histoire est intéressante, c’est une bonne idée de Verneuil de rassembler les divers éléments cités pour en écrire son scénar. Ceci dit c’est loin d’être brillant dans la narration. Les flash-backs cassent tout rythme et donc tout début de suspense. On ne peut pas dire que Dewaere soit époustouflant, mais il a un peu un rôle de faire-valoir/fil conducteur au milieu de cette galerie de portraits.

    Bref le sujet est prenant mais le film en soit est mou au possible à part les scènes avec Mel Ferrer qui ont un peu de punch (mais sont perdues dans des flashbacks). Verneuil aurait dû se contenter de produire, comme sur I… comme Icare.
    De

  10. Datant des années 80, film prémonitoire qui dénonce la toute puissance des grandes firmes et de la mondialisation, mal profond de notre société d’aujourd’hui.

  11. Dépassé,
    Probablement novateur à l époque,ce film à beaucoup vieilli et mal vieilli.
    Son ton académique,le rend ennuyeux,
    Verneuil veut trop démontrer qu il devient lassant,
    Le journaliste idéaliste et naïf est peu crédible,ce film ressemble à un documentaire,même si la thèse est plus que jamais valable

  12. Plus de trente ans après sa sortie, ce film montre son extraordinaire lucidité sur une évolution économique que beaucoup n’étaient pas capables d’anticiper au début des années 80. Le lien entre l’opportunisme économique pendant la seconde guerre mondiale et celui des stratégies des grands groupes industriels à l’époque du film donne à la dénonciation voulue par Verneuil une dimension politique particulièrement forte : celle du mépris de toute autre valeur que celle du profit financier.
    Une construction narrative efficace et les qualités de Dewaere font oublier les quelques reproches formels qu’on pourrait être tentés de faire et l’idéalisation un peu simpliste de la province qui clôt le film.
    Une belle découverte pour moi qui n’avait jamais vu ce film.

  13. d’accord yin-yang/moitié-moitié: et oui Verneuil se voulait dénonciateur/révélateur, et oui Dewaere surjouait l’avocat-citoyen lambda qui se réveille péniblement (n’ose y croire!) à « cette » réalité… avec quasi 35 ans de recul, à replacer ce film dans son contexte donc: il a(vait) quelque chose de Vrai, émanation d’une Intention Véritable, même si ça peut paraître niais ou naïf aujourd’hui! … quant à rester dans les annales? je ne pense pas que ce soit un film culte, mais il persistera de par l’authenticité du propos (je pense!)… 😉

  14. Beaucoup de commentaires soulignent la naïveté du film. Je crois au contraire que ce qui est naïf, c’est de penser que ce film est naïf.
    Ce n’est pas un film très spectaculaire, certains disent ennuyeux. Oui mais justement, le monde des affaires est ennuyeux, très lisse en apparence, très simple dans ses objectifs, complexe dans ses activités et ses structures. Et je trouve justement que ce film rend très bien la réalité.
    Le seul bémol c’est à mon sens l’évocation provinciale : le petit journal provincial qui va faire un tirage spécial. Peut-être qu’à l’époque c’était dans la sphère du possible. Aujourd’hui non. L’atmosphère très « clocher » de cette petite ville dans laquelle tout le monde se connait et semble vivre au ralenti. Très irréaliste, même pour l’époque.

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