14 mars 2009

Ecrit sur du vent (1956) de Douglas Sirk

Titre original : « Written on the wind »

Ecrit sur du VentElle :
Un bon film, sans doute pas totalement marquant, construit sur un scénario assez classique et plutôt manichéiste. Un magnat du pétrole a pour malheur d’avoir des enfants oisifs et dépravés qui se détruisent mutuellement. Le fils alcoolique ne parvient pas à sortir de son mal être malgré la bonne volonté de sa charmante épouse et l’aide de son meilleur ami. La sœur déteste son frère, elle instille son fiel pour mieux le détruire. Le film vaut surtout par sa belle mise en scène hallucinée et baroque. Ambiances tumultueuses avec dérapages de voitures décapotables colorées dans le gris des champs de pétrole, des cris, le drame de la jalousie, des pleurs, une musique échevelée, des couleurs rougeoyantes dans les vêtements et les décors pour révèler le démon et la perversité qui rongent ces enfants de riche.
Note : 3 étoiles

Lui :
Le fils instable d’un riche magnat du pétrole texan et son ami d’enfance tombent amoureux de la même femme. C’est le point de départ d’Ecrit sur du Vent, grand mélodrame de Douglas Sirk qui se spécialisera dans le genre au cours de la décennie des années 50. Ce milieu richissime lui permet de mettre en relief des comportements exacerbés à l’extrême par la jalousie et le sentiment d’échec ; il oppose nettement, sans doute un peu trop, l’instabilité des enfants du riche magnat au sang-froid presque placide de l’ami d’enfance, plus modeste, et de la femme aimante et bienveillante. La mise en scène est à la dimension du drame qui se joue, très bien maîtrisée par Sirk ; elle ajoute une forte intensité à l’ensemble. Ecrit sur du Vent repose aussi sur une belle prestation d’un quatuor d’acteurs. Lauren Bacall est parfaite, un peu en retrait toutefois, Rock Hudson (que l’on a l’habitude de voir « plomber » les films où il joue) est ici, pour une fois, plutôt convaincant, mais ce sont surtout les deux rôles d’êtres exacerbés (Dorothy Malone et Robert Stack) qui sont bien entendu les plus spectaculaires à l’écran. Ecrit sur du Vent a sans doute un peu vieilli comme bon nombre de ces grands mélodrames des années 50, mais son intensité lui permet de conserver une bonne partie de sa vigueur émotionnelle.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Robert Stack, Lauren Bacall, Rock Hudson, Dorothy Malone
Voir la fiche du film et la filmographie de Douglas Sirk sur le site IMDB.

Voir les autres films de Douglas Sirk chroniqués sur ce blog…

3 réflexions sur « Ecrit sur du vent (1956) de Douglas Sirk »

  1. « Ecrit sur du vent », comme la plupart des autres grands mélodrames de Sirk des années cinquante, est d’abord et surtout, me semble-t-il, une fête pour les yeux. Décors, costumes, éclairages et traitement de la couleur, personnages… le moindre élément, jusqu’au plus petit détail, concourt à établir un sentiment de ravissement visuel ; un constant plaisir des yeux que vient rehausser la musique, tantôt sirupeuse, tantôt sensuelle, comme l’intelligence de la mise en scène. Et pour apprécier à sa juste valeur pareil spectacle, il faut évidemment consentir aux conventions qui sont celles du mélodrame, genre aussi codifié, soit dit en passant (cf. Almodovar) que ceux du western ou du film noir. Dorothy Malone, en garce nymphomane multipliant les frasques mais qui cache un coeur brisé de midinette, dégage un érotisme assez torride. Et le dernier plan du film, où on la voit, effondrée, passer la main le long d’un derrick miniature dont la symbolique phallique n’aura échappé à personne, vaut largement celui de « La Mort aux trousses » d’Alfred Hitchcock avec son train qui s’engouffre dans un tunnel. A revoir ces films-là, on en viendrait presque à regretter l’époque où la censure obligeait scénaristes et cinéastes à faire travailler leurs méninges à plein régime pour donner à voir sans rien montrer. Eblouissant. Du grand art.

  2. Merci pour ce commentaire. Vous avez raison de souligner l’esthétisme du film. Même si, généralement parlant, je ne partage pas l’enthousiasme souvent observé pour les grands mélodrames de Sirk, je trouve son cinéma toujours très beau dans sa forme…
    Je ne me souviens plus du derrick de la scène finale mais il est vrai que l’érotisme d’avant 70 au cinéma était plus subtil… Maintenant, on ne suggère plus, on exhibe et on étale… 😉

  3. Comment l’ami LUI a t’il pu occulter de sa mémoire ce dernier plan à la symbolique fameuse!
    Puisqu’on en est à la fin, remontons le temps car le film lui-même commence par la fin, selon un critère de mode courant de l’époque
    Le film démarre en trombe; ce n’est plus le très riche Rock Hudson manoeuvrant à toute allure son prototype de hors-bord sur le lac dans Tout ce que le ciel permet, mais le richissime Robert Stack passablement éméché au volant de son bolide automobile jaune fonçant à tombeau ouvert (!) dans les champs de pétrole texans paternels au milieu d’une forêt de derricks en contre-soir et entrant comme un fou dans l’immense propriété où les tornades de feuilles mortes s’engouffrent dans l’immense vestibule doté de l’immense escalier. Coup de feu, chute d’un corps, flash-back
    Ce début rapide, sec et flambant annonce le programme : une frénésie de vitesse, ivresse, violence, luxe, argent, frustrations diverses…Ce n’est qu’un aperçu
    Ce film est probablement l’apogée baroque de la maitrise que Sirk a déroulé dans le mélodrame flamboyant. Il est épaulé dans son entreprise par son habituel chef opérateur exceptionnel Russel Metty qui a concocté une palette incroyable de lumières/couleurs/cadrages
    Tout tourne autour d’un quatuor parfaitement casté et dirigé. La révélation Dorothy Malone et Robert Stack en enfants terribles désaxés seront d’ailleurs nommés chacun pour l’oscar des seconds rôles
    Le flash-back se déroule bon train et bons rebondissements jusqu’à la fameuse fin du début (!); c’est là qu’on se rend compte par un montage différent que ça n’était pas exactement la vraie fin, et que mieux encore, une longue scène intervient ensuite amenant la vraie fin de l’histoire
    Autant en emporte le vent…

    (A la même époque Georges Stevens tourne Géant – où on retrouve Rock Hudson – plus coûteux et moins réussi)
    Sirk n’a pas le feeling avec le public français, Ecrit sur du vent ne sort qu’en février 57 à Paris dans une seule salle (l’Elysées-cinéma) et n’attire que 20 000 spectateurs
    Le film ouvrira vingt ans après la porte à la saga télévisée des Ewing avec Dallas…Ton univers impitoya – a – ble…

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