4 janvier 2009

Quand une femme monte l’escalier (1960) de Mikio Naruse

Titre original : « Onna ga kaidan wo agaru toki »

Quand une femme monte l’escalierElle :
Naruse explore sans se lasser et toujours avec autant d’émotion et de subtilité le thème des femmes japonaises victimes de la lâcheté des hommes et de l’organisation très patriarcale de la société japonaise à l’aube des années 60. Avec Quand une femme monte l’escalier, il nous introduit cette fois dans l’univers intimiste des hôtesses de bar qui déployent leurs charmes pour détendre les hommes d’affaires stressés. Il reprend l’actrice au teint de porcelaine Hideko Takamine pour interpréter cette jeune femme perdue entre son désir d’épouser un homme riche qu’elle n’aime pas ou acheter un bar avec l’aide financière de ses clients avec des contreparties à la clé. Un beau film émouvant et superbement mis en scène.
Note : 4 étoiles

Lui :
L’escalier dont il est question dans le titre est celui de ces bars à hôtesses souvent situés au premier étage du centre de Tokyo en ces années 50. Keiko est l’une de ces hôtesses et quand elle monte l’escalier, elle sait qu’elle doit opérer une transformation en elle. Le cinéaste japonais Mikio Naruse montre une fois de plus tout son talent pour nous faire toucher du doigt la condition des femmes dans cette société japonaise de l’après-guerre en prenant pour sujet une femme dont le métier est de divertir les hommes. En apparence, ces hôtesses sont belles, assez libres et gagnent bien leur vie mais en réalité, elles n’ont que peu de choix possibles pour orienter leur futur. Une fois de plus, l’actrice Hideko Takamine parvient à allier puissance et délicatesse dans son jeu, avec une douceur qui convient si bien à la façon de filmer de Naruse. Quand une femme monte l’escalier n’est pas plus tendre avec les hommes que les autres films du cinéaste, bien au contraire : ils sont invariablement lâches, égoïstes et menteurs. Un très beau film qui, sous la fausse légèreté de son sujet, cache le portrait d’une société.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Hideko Takamine, Masayuki Mori, Reiko Dan, Tatsuya Nakadai, Ganjiro Nakamura
Voir la fiche du film et la filmographie de Mikio Naruse sur le site IMDB.

Voir les autres films de Mikio Naruse chroniqués sur ce blog…

4 réflexions sur « Quand une femme monte l’escalier (1960) de Mikio Naruse »

  1. Le thème n’a pas l’air si léger. Je connais assez mal le cinéma japonais, n’ayant visionné qu’un ou deux Kurosawa, ainsi qu’un Imamura. Mais peut-on seulement parler de « cinéma japonais » ? Je l’ignore. En tout cas, je note Naruse, à l’occasion.

    Au fait, bonne année à vous deux ! 😉

  2. Que voulez-vous dire par « Peut-on parler de cinéma japonais ? » ?
    Si c’est dans le sens « Y a t-il suffisamment de films? » ou « y a t-il un style? », alors la réponse est assez nettement « oui ».

    Non seulement, il est facile de citer des noms de grands cinéastes japonais mais, en plus, nous ne connaissons en Occident qu’une faible partie du cinéma japonais.
    Le récente « découverte » de Naruse est en la preuve. Il y a seulement quelques mois, je n’avais personnellement jamais entendu parler de Naruse. Le cinéma est un art très riche et passionnant aussi pour cela : il y a toujours à découvrir.

    Merci pour vos voeux. Nous vous souhaitons aussi une bonne année 2009.

  3. Je voulais effectivement parler du style. Peut-on regrouper les cinéastes japonais dans un seul et même ensemble, qui leur serait propre ? Peut-on dire que le simple fait d’être japonais donne au réalisateur une expression particulière, qu’on ne retrouve nulle part ailleurs ?

    Merci de m’avoir répondu. Je partage votre avis sur la richesse du cinéma et ma passion vient également de ce constat. C’est ce qui m’a incité à créer mon propre blog. Garder une trace de mes émotions, les partager et affiner mes critiques au rythme de mes découvertes.

    Merci encore de nous faire si souvent découvrir les vôtres.

  4. Ah ok, je comprends mieux le sens de la question. 😉
    A mon avis, il est difficile de parler d’un même style pour le cinéma japonais : il y a plutôt *des* styles, tout comme il y a plusieurs styles dans le cinéma français. Par exemple, Kurosawa est assez éloigné d’Ozu qui est assez éloigné de Mizoguchi (et en plus on ne connaît souvent que la dernière partie de leur filmographie). Il y a eu aussi une Nouvelle Vague dans le cinéma japonais (voir les films de Yuzo Kawashima, Yoshishige Yoshida). Bref, il n’y a pas qu’un seul style…
    Beaucoup de choses pour nous à découvrir.

    (Ceci dit, Ozu et Naruse sont assez proches de style).

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