6 décembre 2008

Baby Boy Frankie (1961) de Allen Baron

Titre original : « Blast of silence »

Baby Boy FrankieFrankie Bono est un homme solitaire. Frankie Bono est un tueur à gages. Il arrive à New York la veille de Noël pour prendre commande d’un contrat… Blast of Silence est (du moins, était) une rareté, un film noir écrit, réalisé et interprété par Allen Baron dont c’est la première réalisation (1). Il aura fallu attendre 45 ans pour que le film sorte en France. Le film n’est pas sans défaut mais se révèle assez étonnant, héritier des films noirs des années 50 et préfigurant ceux des années 60 et même 70. C’est Allen Baron qui joue lui-même le rôle principal d’un tueur à gages qui vient exécuter un contrat à New York. La grosse originalité de Baby Boy Frankie est d’avoir une voix-off tout au long du film, sorte de voix intérieure du tueur qui se parle à lui-même. Cette voix, grave et chaleureuse (bien qu’il ne soit pas au générique, on sait maintenant qu’il s’agit de Lionel Stander), donne une certaine humanité à ce tueur à gages alors qu’il prépare son mauvais coup. Le climat est assez lourd mais sans excès, fataliste et mélancolique surtout,  filmé en décors réels dans le New York nocturne ou en plein jour dans des rues désertes et froides (nous sommes à la veille de Noël). Vu avec le recul, Baby Boy Frankie apparaît comme un précurseur, il semble préfigurer de nombreux films, Le Samouraï de Melville s’il n’y en avait qu’un à citer.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Allen Baron, Molly McCarthy, Larry Tucker
Voir la fiche du film et la filmographie de Allen Baron sur le site imdb.com.

Baby Boy FrankieRobert De Niro dans un film de Scorsese ? Non, Allen Baron dans son propre film : Baby Boy Frankie (1961)

Remarques :
* La voix-off est celle de Lionel Stander (le gangster de Cul-de-sac). Il ne figure pas au générique.
* Merrill S. Brody est à la fois directeur de la photographie, caméraman et producteur.
* Martin Scorsese, qui a vu Blast of Silence à sortie alors qu’il était étudiant, en a souvent parlé comme un film qui l’a marqué.

(1) Allen Baron tournera ensuite essentiellement des séries TV.

Une réflexion sur « Baby Boy Frankie (1961) de Allen Baron »

  1. Je viens de visionner ce film étonnant : « la solitude du tueur à gages », pourrait-on dire. Allen Baron fait penser à la fois à Ventura, par Melville interposé ( le côté nocturne, les bars et lieux de rencontre), et De Niro (la solitude du héros dans New-York blafarde et indifférente), par Scorsese évoqué, qui affectionne ce film. Cette voix off obsédante (celle de Lionel Stander) accroît ce sentiment de dénuement moral tragique dans lequel Frank Bono se débat. Dans un tout autre contexte, nous songeons au « Johnny got his gun » de Trumbo et aux effets que cette voix narratrice off produit sur nous. Ici, pas d’intrigue complexe, pas de portrait de la mafia, pas de sociologie, un itinéraire réduit à sa courbe essentielle et dont la chute fatale est la seule logique admissible. Simplement beau et anti-hollywoodien, à la manière d’un Cassavettes, exécuté par un non-professionnel.

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