29 juillet 2008

Alexandre Nevski (1938) de Sergei Eisenstein et Dmitri Vasilyev

Titre original : « Aleksandr Nevskiy »

Alexandre NevskiLui :
Alexandre Nevski est une commande de Staline qui désirait un grand film patriotique alors que la menace hitlérienne se précisait en cette fin des années 30. C’est donc l’histoire du Prince Alexandre Nevski qui repoussa une invasion de chevaliers teutoniques au XIIIe siècle qui sert de support pour exalter les sentiments nationalistes et de sauvegarde de la terre de Russie. Pour Eisenstein, c’est aussi l’occasion de se racheter aux yeux du pouvoir après plusieurs années passées à l’étranger. Le réalisateur détourne donc largement l’histoire pour mieux servir le but recherché. Alexandre Nevski De tout le film, c’est la scène de la bataille sur le lac qui reste la plus marquante, 30 minutes d’une beauté formelle où Eisenstein joue remarquablement avec les mouvements de foule, ponctuant de plans rapprochés de morceaux de bravoure. Dans le reste du film, ce sont les scènes de foule et gros plans sur les visages, avec ou sans armure, qui sont les plus remarquables. Les scènes de la belle et de ses deux prétendants semblent en revanche un peu maladroites, Eisenstein étant globalement moins à l’aise avec le parlant, surtout quand il s’agit de dialogues vivants et un peu futiles. La musique d’Alexandre Nevski a été composée pour le film par Prokofiev, le compositeur ayant travaillé de façon très étroite avec Eisenstein. Cette musique souffre, hélas, d’un certain pleurage par moments du fait d’imperfections dans les copies qui ont survécu.
Note : 4 eacute;toiles

Acteurs: Nikolai Cherkasov, Nikolai Okhlopkov, Andrei Abrikosov
Voir la fiche du film et la filmographie de Sergei Eisenstein sur le site imdb.com.

Remarque :
* Si historiquement parlant, la bataille d’Alexandre Nevski contre les Chevaliers Teutoniques a bien eu lieu, le lieu exact de la bataille n’a jamais pu être déterminé par les historiens.
* Eisenstein se serait inspiré du (très beau) film de D.W. Griffith Way Down East (1920) pour l’utilisation d’un lac gelé.

Une réflexion sur « Alexandre Nevski (1938) de Sergei Eisenstein et Dmitri Vasilyev »

  1. Une habile propagande dévoile la détermination d’un empire à conserver toutes époques confondues sa terre inviolée.

    Pendant que le mongol trépigne d’impatience aux portes de l’empire des hordes germaniques sont anéantis par la volonté d’un seul homme décuplant la force défensive d’une masse conditionnée par la peur perpétuelle de l’invasion.

    Un lyrisme sur fond blanc scrute l’avancée d’un ennemi métallique sans visages. La froideur des glaces sert de tapisserie à une terre régulièrement assiégée.

    Le 5 Avril 1542 se projette dans le temps. En 1938 le potentiel Teuton devenu nazi menace tel une comète militairement ces plaines éternellement convoitées.

    Le courage d’Alexandre voyage dans l’éternité répétitive de conflits aux aspects similaires. Sergei Mikhailovich Eisenstein en redonnant vie à l’histoire montre l’éternelle détermination d’un pays à sauvegarder ses terres.

    La musique de Prokofiev accentue par des notes burinées la menace progressive d’un assaillant sans pitié. L’homme d’église pleutre calfeutre son courage dans des mimiques peureuses et fuyantes. Les vieillards et les enfants sont rayés des listes de l’existence.

    La bestialité du teuton est chargée au maximum. Tout ce qui vient d’au delà de l’horizon n’est pas humain et se combat jusqu’a la mort. Un éternel schéma d’invasion reconduit déclenchant les mêmes gestes de bravoures sur de perpétuels assaillis.

    Cette fresque nationaliste intemporelle anime une procédure ancestrale invitant toujours une force dévastatrice sur son terrain afin de mieux la décimer de l’intérieur. Le message est clair la bataille du lac Peïpous annonce la stratégie et la déroute de Stalingrad. Le russe expert dans l’art de comprimer dompte avec panache tous les assauts livrés régulièrement par le temps.

    Sublime dans l’individualité des gestes sur lesquelles la caméra fait parfois son nid Alexandre Nevski sauvegarde la mère patrie en projetant dans l’avenir un courage façonné sur des doctrines répétitives.

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