10 juillet 2007

Le port de la drogue (1953) de Samuel Fuller

Titre original : Pickup on South Street

Le Port de la Drogue Elle :
Sur fond d’espionnage, voici un film noir efficace et rondement mené par un Samuel Fuller qui laisse passer son antipathie pour le communisme en pleine période de Maccarthisme. Curieusement, le titre de la version française évoque la drogue alors qu’on n’en entend nullement parler pendant le film. Richard Widmark remplit à merveille le rôle du malfrat guoguenard et parfois violent, assailli de vagues de tendresse. Les personnages sont en constant déséquilibre entre la frontière du bien et du mal. Samuel Fuller privilégie les plans serrés et s’approche des visages pour capter au plus près leurs errements.
Note : 4 étoiles

Lui :
Le Port de la Drogue Le Port de la Drogue (*) est en réalité une histoire d’espionnage mais traitée comme un film noir très classique. Avec ses ambiances nocturnes et la traque de tueurs par les policiers, le film est en effet très proche de ses homologues traitant de la chasse au crime sauf qu’ici le propos a été politisé par Samuel Fuller : dans la scène d’ouverture, très forte, sans une parole prononcée, ce que le vif et brillant pickpocket (merveilleux Richard Widmark) subtilise dans un sac est en fait un microfilm contenant un secret que les « Rouges » veulent faire sortir du pays. Si l’on accepte de mettre de côté le propos profondément anti-communiste qui est quelque peu émoussé quand on visionne le film 50 ans plus tard, le film apparaît comme une petite merveille de classicisme, film noir et sombre vu à travers les yeux de deux personnages très forts : un pickpocket et une aventurière, deux laissés pour compte de la société qui n’iront pas, toutefois, jusqu’à trahir leur pays… Jean Peters (la future femme de Howard Hughes) incarne de façon très authentique son personnage et noue avec le jeune Richard Widmark une relation quelque peu tumultueuse. A noter également la belle composition de Thelma Ritter dans le rôle de la vieille Moe.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Richard Widmark , Jean Peters, Thelma Ritter , Murvyn Vye
Voir la fiche du film et la filmographie de Samuel Fuller sur le site imdb.com.

Voir les autres films de Samuel Fuller chroniqués sur ce blog…

(*) Au départ, le roman de Dwigth Taylor parlait d’une histoire de drogue. Ce fut Samuel Fuller qui voulut replacer cette histoire dans un contexte politique. En 1953, l’anti-communisme battait son plein… Soucieuse de ne froisser personne, la branche française de la Fox choisit de revenir au trafic de drogue dans la version doublée. Au lieu du microfilm d’un secret militaire, il y est question de cachet d’une substance illicite. D’où le titre français : Le port de la drogue.

Le film eut un remake : The Cape Town Affair (1967) de Robert D. Webb avec Claire Trevor, James Brolin et Jacqueline Bisset.

2 réflexions sur « Le port de la drogue (1953) de Samuel Fuller »

  1. Autre anecdote, que vous devez sans doute connaître, les séquences du métro ont été tournées en studio, ce qui n’est pas évident quand on revoit le film

  2. Un pickpocket, une prostituée, une vieille vendeuse de cravates qui est aussi une indicatrice : des personnages de lumpen prolétariat pris entre des espions cultivés qui ont de grands idéaux mais usent de moyens médiocres et immoraux, et des flics ni futés, ni moraux, plutôt abrutis par leur job, lequel n’est pas si bien fait que ça.
    L’histoire : une petite tranche de leur vie avec une course tres rapide à l’argent, un parcours qui trébuche par amour, mais qui se poursuit vaille que vaille, tout en étant dévié par de la rédemption du côté des jeunes (révolté contre la trahison et le meurtre), par une mort lasse et tragique, sacrificelle, extraordinairement digne pour la vieille indicatrice Moe (scène magnifique, qui a frôlé l’oscar semble t il). La narration est formidable : rythme tres rapide, rebondissements, action trépidante, accès de violence bien rendus et pourtant, pendant ce parcours croisé de plusieurs personnages, les portraits des principaux sont limpides y compris dans leurs ambiguïtés et dans leurs évolution (c’est quand même fortiche car c’est de la série B qui va très vite) et, croisés par ci par là, les autres personnages, les secondaires, sont croqués en quelques gestes, répliques ou par quelques angles de camera, dans de tres courtes scènes. Bravo le cinoche !

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