26 avril 2007

Freaks, la monstrueuse parade (1932) de Tod Browning

Titre original : « Freaks »

Freaks, la monstrueuse paradeElle :
pas (re)vu

Lui :
Largement méconnu dans un premier temps, Freaks de Tod Browning a acquis le statut de film culte au cours du temps. Ce n’est que justice tant il paraît unique dans l’histoire du cinéma. Le classer parmi les films d’horreur est d’ailleurs assez réducteur car sa portée est tout autre. La trame du film se place dans le microcosme d’un petit cirque. Le tour de force de Freaks est de parvenir à mettre en scène un ensemble de personnages couramment considérés comme des monstres, depuis la femme à barbe jusqu’à l’homme-tronc, sans aucun misérabilisme ni complaisance dans l’exhibitionnisme. Non, Tod Browning les intègre le plus naturellement du monde dans une histoire d’où il ressort que les monstres ne sont pas ceux que l’on croit, les vrais monstres sont des personnages d’une apparence plus normale mais particulièrement vils et méprisables. Freaks, la monstrueuse parade Il ne faut pas craindre d’ailleurs de regarder le film, la vision n’est pas particulièrement dure car tous ces personnages semblent parfaitement assumer leur particularité physique et plutôt heureux de vivre. Cela montre bien que c’est aussi dans notre tête que cela se passe. C’est un film extraordinairement puissant, un grand film humaniste, un tour de force cinématographique.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Wallace Ford, Leila Hyams, Olga Baclanova, Henry Victor
Voir la fiche du film et la filmographie de Tod Browning sur le site imdb.com.

Voir les autres films de Tod Browning chroniqués sur ce blog…

Pour la petite histoire : à l’époque, la MGM cherchait à battre sur son terrain Frankenstein qu’Universal venait de sortir. Le producteur Irvin Thalberg fut cependant totalement dérouté par Freaks et, par exemple, la MGM ne sortit jamais le film en Angleterre. Originellement, le film faisait 90 minutes. De nombreuses coupes ramenèrent cette durée à 64 minutes.

6 réflexions sur « Freaks, la monstrueuse parade (1932) de Tod Browning »

  1. D’abord il aurait été bien qu’Ossiane connaisse ce remarquable film. Mais ensuite, avez vous remarqué la qualité de la photographie, pour cette époque? la lumière n’est pas sans rappeler celle des films de Murnau. La lumière…. c’est important

  2. Merci pour ce commentaire.
    Je peux préciser que « elle » a déjà vu le film il y a plusieurs années, mais cette fois-ci je me le suis re-regardé tout seul… Quant à la lumière, je dois bien avouer ne pas y avoir suffisamment prêté attention. Je remédierai à cela la prochaine fois, c’est certain… Vous avez raison de dire que c’est très important la lumière. 😉

  3. Un film incontournable, je pense, de l’histoire du cinéma. Plus de 70 ans plus tard, le film de Tod Browning conserve le même impact. Pour le contexte, le film a été tourné à une époque où les personnes souffrant de difformités physiques se produisaient encore dans les sideshows américains. D’ailleurs, la plupart des « monstres » présents dans le films étaient alors en contrat avec le célèbre cirque Barnum. Tous réalisent une excellente prestation. Il en est de même pour les acteurs professionnels engagés par Browning. Il n’y a qu »à voir la superbe Olga Baclanova dans le rôle de Cléopâtre pour s’en convaincre.

  4. Ce chef d’oeuvre était accompagné sur l’édition dvd de l’époque d’un autre chef d’oeuvre « L’Inconnu » de 1927 que je n’ai pas vu sur votre blog, c’est bien dommage ! les 2 films étant de valeur similaire je dirais 17.5 sur 20

  5. Il faudrait que je trouve et revoie ce chef-d’œuvre. Je me souviens que, adolescent cinéphile, je l’avais regardé presque dans une démarche de « culture générale », comme un monument à ne pas rater… mais avec (avant de le voir) une forte appréhension à l’égard de ses dimensions dramatique et horrifique.

    Et j’avais été ébloui par ce que vous décrivez très bien : un profond humanisme, et un brillant retournement du regard.

    Ces « monstres » dont je redoutais un peu le compagnonnage se sont révélés des amis, des gens épais, intéressants, touchants. Leur apparence s’est peu à peu intégrée au décors, jusqu’à perdre toute importance (ou en tout cas toute dimension négative), jusqu’à être sincèrement « oubliée ». Et moi qui suis souvent révolté par les scènes de « justice expéditive » au cinéma, je me suis surpris à les encourager et espérer leur succès lors de la terrible scène finale. Cette dernière est d’ailleurs une prouesse artistique époustouflante. Isolée du reste du film, elle constitue probablement une véritable scène d’horreur, d’horreur pure et absolue, par les images, la succession de monstres repoussants et l’impossibilité d’y échapper ; une scène insoutenable. Mais arrivant à la fin de cette merveille cinématographique, elle montre juste des gens qui s’organisent pour se défendre (sans n’avoir plus aucune dimension horrifique pour nous), et une beauté monstrueuse dont il est urgent d’arrêter les crimes ; la scène n’a plus rien d’insoutenable et suscite même l’adhésion et un soulagement. Ce « renversement du regard » est l’un des plus incroyables, improbable et fascinant de l’histoire du cinéma. Et finalement, parvenir à ce renversement est sans doute l’une des plus grandes vertus de l’art. Un chef-d’œuvre inoubliable.

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