24 janvier 2006

Après la pluie (1999) de Takashi Koizumi

Titre original : « Ame agaru »

Après la Pluie Elle :
Dernier scénario de Kurosawa mis en scène fidèlement par son assistant réalisateur après sa mort. On se trouve plongé au XVIe siècle parmi les samouraïs, les seigneurs, les paysans dans des paysages et décors de toute beauté. C’est l’exaltation de la nature, des sens et de la sagesse. Le style est épuré et sobre. Ce samouraï qui fait l’admiration de sa femme, des pauvres gens et du seigneur du fief est très humain et manifeste une maîtrise impressionnante de son corps pour les arts martiaux. Point de violence de sa part mais une grande générosité et sagesse qu’il souhaite mettre au service des autres. Après la pluie est un film très zen…
Note : 5 étoiles

Lui :
Très beau film, héritage de Kurosawa, un film empreint d’une grande noblesse à l’image de son personnage principal, à mi-chemin entre le guerrier samouraï au sabre implacable et le bienfaiteur philosophe qui recherche la paix de son âme. Les très belles images contribuent fortement à nous envoûter. Tout le film se passe dans un univers très réduit (une auberge et un “château”) mais c’est étonnant de voir comment on peut y retrouver tant de choses, tant d’enseignements. Un film d’une grande humanité.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Akira Terao, Yoshiko Miyazaki, Shiro Mifune
Voir la fiche du film et la filmographie de Takashi Koizumi sur le site IMDB.

3 réflexions sur « Après la pluie (1999) de Takashi Koizumi »

  1. bonjour,

    je viens de découvrir votre blog et je suis ravie.
    j’ai comme vous beaucoup aimé le film Après la pluie, que je viens de découvrir. désolé ce n’est pas un commentaire sur le film mais une petite question : je recherche désespérément l’affiche de ce film. savez vous où je pourrais la trouver (site internet, boutique sur Paris ?)
    merci d’avance et bonnes fêtes
    sandrine

  2. Bonjour,
    et merci pour votre commentaire.
    Pour les affiches, je ne peux vraiment vous renseigner car c’est un domaine que je connais mal. Sur internet, il y a des sites spécialisés dans les ventes d’affiches (tapez « movie poster ») mais je ne peux hélas vous donner plus de conseils.

  3. Je partage votre enthousiasme pour ce chef-d’œuvre.

    Je suis juste un peu étonné que vos présentations à tous les deux évoquent uniquement l’aspect zen et apaisé, pouvant donner à croire qu’il ne s’agirait que d’un film contemplatif et sans tension.

    Au contraire, ce qui est d’autant plus passionnant, c’est que ce samouraï sans maître, donc errant et sans revenu fixe, est précisément en situation de tension, de doutes. « Elle » dit dans sa présentation que la femme du samouraï l’admire : ce n’est pas évident pendant l’essentiel du film (tout laisse à penser le contraire).

    Car le point de départ est bien dans le doute et la rupture des codes. Ce samouraï errant, bloqué temporairement avec sa femme dans cette auberge misérable par la montée des eaux du fleuve qu’il attend de traverser, est en déchéance. Il n’a pas de maître (il lui faut à tout prix en trouver un), il est obligé de faire des combats rémunérés, ce qui est une trahison des codes d’honneur des samouraïs. Et sa femme, attachée à ce code d’honneur (et issue d’une « bonne famille »), en est bouleversée — d’autant plus qu’il est si généreux qu’il ne cesse de donner aux pauvres le peu qu’il possède, s’obligeant ainsi à se renflouer par de nouveaux combats rémunérés déshonorants. Profitera-t-il de l’occasion offerte par le seigneur des lieux pour se mettre à son service et ainsi retrouver son statut et donc son honneur ? Ou au contraire sa femme pourra-t-elle accepter les choix iconoclastes de son époux ?

    Il y a ainsi une vraie tension, toute en douceur, en subtilité, en non-dits. Les relations, à la fois tendres et tristes, entre ce samouraï et sa femme, sont bouleversantes. Il sait qu’il la déçoit et qu’il la blesse, mais ne peut réprimer sa générosité envers les pauvres gens qu’il côtoie. On sent qu’ils s’aiment mais ne se comprennent pas, et qu’ils en sont tous les deux malheureux. Les dialogues sont parcimonieux, l’essentiel est dit par les gestes et les silences. Tout le film est un immense doute, une fine mais profonde fêlure.

    Ces doutes, ces incompréhensions, ces malentendus, mettent d’autant plus en valeur l’humilité et la générosité de ce samouraï… et rendent la fin d’autant plus lumineuse et bouleversante. Vous avez finalement axés vos présentations sur cette fin, cet éblouissement de sa femme qui le comprend et le soutient enfin sans réserve, sur l’apaisement qui en découle — je ne révèle donc plus rien. Et c’est bien parce que ce côté zen, tendre, généreux et humble arrive après des doutes, des tensions et des larmes, qu’il en est aussi beau. Simplement « beau », dans tous les sens les plus intenses du terme. Une beauté qui tire des larmes, non pas de tristesse mais d’émotion brute.

    Et il y a une vraie profondeur philosophique derrière ce récit. L’altruisme incompris et isolé est vu comme anormal, il est une entrave, un déséquilibre. L’altruisme compris et partagé devient beauté du monde et peut porter sans limites, conduire au bout du monde.

    Voici un film presque parfait, dans son déroulé, sa simplicité, et dans la paix, l’espoir et l’émotion qu’il suscite dans ses dernières scènes. Deux beaux personnages qui donnent tout aux autres — et qui se découvrent enfin, simplement, humblement. Ah, si nos vie pouvaient être si franches, si dépouillées des conventions, artifices et égoïsmes qui nous entravent constamment ! Si nous trouvions, comme eux, les moyens de lever enfin nos doutes et fêlures !

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