3 janvier 2005

La tête d’un homme (1933) de Julien Duvivier

La Tête d'un hommeElle :
Cette adaptation d’un roman de Georges Simenon avec Harry Baur en Maigret est loin d’être le meilleur film de Duvivier. La première partie est bien mise en place puis, brusquement, il y a de nombreuses maladresses de mise en scène qui nuisent au scénario (personnages flous, personnages filmés devant un écran, beaucoup de théâtralité). Seul, Harry Baur reste sobre dans son jeu de flic patient. La fin très expressionniste traîne quelque peu en longueur et l’on a hâte d’en finir. Dommage.
Note : 3 étoiles

Lui :
Le scénario adapté de Simenon a beau être riche et fort, Julien Duvivier semble passer à côté, plus soucieux de mettre en scène le milieu populaire de Montparnasse de cette époque. Le développement de l’histoire est assez brouillon et le dénouement confus, maladroitement bâclé. Le film s’enlise dans de longues scènes d’atmosphère qui ne font nullement avancer l’histoire.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Harry Baur, Valéry Inkijinoff, Gaston Jacquet
Voir la fiche complète du film et la filmographie de Julien Duvivier

Voir les autres films de Julien Duvivier chroniqués sur ce blog…

Remake :
L’homme de la Tour Eiffel (The man on the Eiffel Tower) de Burgess Meredith (1949) avec Charles Laughton.

6 réflexions sur « La tête d’un homme (1933) de Julien Duvivier »

  1. que vous etes bete! on s’en fiche que « l’histoire avance »…
    this film ,its a 1930’s french masterpiece, really .

  2. Puis-je vous signaler que Simenon n’est pas l’auteur du scénario ? Celui-ci est dû à Pierre Calmann, Louis Delaprée et Julien Duvivier, d’après le roman éponyme du père de Maigret.
    Une autre adaptation de ce roman a été réalisée par Burgess Meredith en 1949 et n’est pas plus réussie, loin s’en faut. Charles Laughton y campe un Maigret ridicule qui mène son enquête dans un Paris d’opérette…

  3. Oui vous avez raison : la phrase « Ce scénario de Simenon » est impropre. je la change…
    Merci pour cette précisions sur le remake. Je l’ajoute.

  4. L’ECOUTE D’UNE CHANSON (Histoire d’un crime / Le faux coupable / Crime et châtiment)
    L’autre soir la télé diffusait (en copie restaurée) ce film intriguant – sur arte évidemment – du début du parlant, ce qui est assez rare pour être mentionné
    On y décèle bien toutes les recherches encore expérimentales sur l’emploi des sources sonores qui fascinèrent les cinéastes de cette époque, et qu’on a oubliées aujourd’hui
    Par ailleurs Georges Simenon fut – d’un coté -un écrivain chanceux puisque dès la parution des premiers Maigret, ceux-ci furent aussitôt portés à l’écran, ce qui renforça assez tôt la notoriété du personnage et de son créateur. Dans l’ordre de sortie celui-ci fut le troisième, troisième cinéaste, troisième acteur à endosser la carrure massive flanquée du lourd manteau sombre, de la pipe et de la blague à tabac. On découvrit une atmosphère – c’est le mot – encore peu usitée
    Le film de Duvivier – s’il suit la ligne directrice du court roman – est construit différemment dès le début qui nous plonge directement avec brio dans l’atmosphère extérieure et intérieure nocturne d’une faune interlope internationale d’un café de Montparnasse où tout le monde, friqués et sans le sou, se cotoient – quartier d’une bohème très fréquentée du début des années 30 – au nom symbolique et imaginaire – L’Eden – dans le roman il s’agit de La Coupole, plus réellement identifiable pour les lecteurs
    S’instaure vite un jeu du chat et de la souris entre le commissaire qui sait attendre et guetter sa proie et celui qu’il considère comme le véritable assassin (Radek) – car il y a dans l’affaire un faux coupable, simple d’esprit prêt à être guillotiné plongé dans une sordide histoire crapuleuse de vol doublée d’un meurtre. Radek, machiavélique assassin manipulateur assoiffé de reconnaissance pour son intelligence, jubile car comme il le dit (en substance) à Maigret : « Alors commissaire tu donnes ta langue au chat? Jamais tu ne trouveras la solution; jamais tu ne pourras trouver des preuves contre moi commissaire »
    C’est dans ce face à face dans un garni meublé de la rue Delambre que se loge – tandis qu’une casserole de lait est mise à bouillir sur un réchaud, cette longue séquence sans dialogue filmée en contre plongée où la casserole sépare leurs deux visages en pleine expectative et que, comme venant d’une autre pièce, d’une autre source, leur parvient la voix d’une chanteuse (Damia) égrenant une noire complainte
    A ce stade Harry Baur, Maigret, lourd, mutique, fasciné, et Valery Inkijinoff, Radek l’étranger ancien étudiant sans moyen d’existence mettant ses dons non reconnus au service du mal, et de surcroit que l’on devine tuberculeux condamné à plus ou moins brève échéance sont à l’acmé du film. Cette chanson – dont Radek dit n’avoir jamais eu le désir de voir celle qui la chantait – sont elles réelles ou fantasmées? Cette voix sort-elle d’un phono? – « Et la nuit m’envahit / Tout est brume Tout est gris / Poursuivant le néant / D’amours sans lendemain / Sans caresse sans tendresse / J’ai vécu mon destin »
    Duvivier aime ces passages « entre deux » des rapports avec un ailleurs lointain qui a disparu et dont ne subsiste qu’une trace dans le souvenir – ou une chanson – ou une photo On en trouve un autre fragment dans Pépé le Moko lorsque Gabin et la chanteuse Fréhel sont en tête à tête dans la chambre de la Casbah d’Alger et que Fréhel fait tourner un disque de sa jeunesse parisienne en chantant sur sa propre voix « Où est-il mon moulin de la galette.. »
    Par quatre fois cette complainte aussi triste que l’atmosphère déboule dans le film sans prévenir : au cours du générique sur fond de guillotine, puis la fameuse séquence du lait, une scène plus loin où on découvre Damia affalée sur un lit un phono à ses côtés – que vient faire là cette séquence sinon appuyer la thèse d’un fantasme ?, et lors de la séquence finale
    La Tête d’un Homme est peut-être le film le plus fidèle à l’atmosphère – Vous avez dit atmosphère? – simenonnienne jouant aussi sur la forme expressionniste qui a beaucoup marqué quelques cinéastes français, tout en arrivant à se dégager de l’emprise de l’écriture par ce genre de séquences qui font tout le prix d’une belle créativité artistique

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *