12 novembre 2004

Senso (1954) de Luchino Visconti

SensoElle :
Je n’ai pas été très emballée par ce film de Visconti considéré comme un chef d’œuvre. L’Autriche a envahi Venise et les patriotes italiens tentent de les contenir. C’est l’histoire d’une passion dévorante et destructrice d’une princesse vénitienne pour un lieutenant autrichien intéressé par son argent. La reconstitution de cette époque trouble est flamboyante. Visconti dissèque les facettes de cette aristocratie. Sous ses airs de façade, son prestige se craquelle ; leurs représentants trahissent leur caste et tombent dans la déchéance des sentiments amoureux. Je reprocherai la longueur des échanges entre la princesse et le lieutenant. qui finit par nous les rendre agaçants. Dans l’ensemble, je trouve que le film n’a pas très bien vieilli.
Note : 3 étoiles

Lui :
S’il émane une indéniable beauté classique de ce film de Visconti, force est de constater que l’on s’ennuie un peu à suivre cette histoire de passion fatale et destructrice. Que Visconti utilise ce thème pour montrer une certaine déchéance de l’aristocratie est certain, mais ces longs tête-à-tête sont un peu répétitifs. Il reste la forme, une mise en scène très belle, précise, toute en harmonie avec la musique de Bruckner.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Alida Valli, Farley Granger
Voir la fiche du film et la filmographie de Luchino Visconti sur le site IMDB.

Voir les autres films de Luchino Visconti chroniqués sur ce blog…

3 réflexions sur « Senso (1954) de Luchino Visconti »

  1. Senso, hymne a l’amour, freque historique.
    Que dire du film aux premiers regards: est – ce un film ou alors Visconti nous devoile t-il une oeuvre d’Opera?
    Les decors dans ce film sont sompteux, ils participent aux films, ils ne sont pas qu’en second plan, a plusieurs reprises on voit que l’actrice s’y mele (couleur de sa robe…)

    Senso est aussi un regard sur les années 45, sur cette periode de guerre, Visconti nous montre aux travers d’un trio (la princesse, lieutenant mahler et ossini) que le monde ne va splus, que les hommes sont tombes dans un rpofond obscurantisme

    Une oeuvre a diverses facettes telles un kadeioloscope

  2. PASSION D’AMOUR : JE T’AIME, JE TE TUE!

    A l’âge de 48 ans, Luchino Visconti, après 3 longs métrages noirs aux accents de néo-réalisme sur son époque, change de cap et aborde son premier film en couleurs (magnifiques) qui est aussi un film « en costumes » (magnifiques aussi) historique, théâtral (le cinéaste a déjà à son compteur une vingtaine de mises en scène théâtrales) et opératique, dévoilant ainsi ses trois passions : cinéma, théâtre, opéra, sous les signes de Shakespeare et Verdi à qui il consacrera nombre de mises en scène théâtrales et lyriques tout de suite après. Le long tournage de SENSO, grosse production artistique et journal intime de la comtesse Livia Serpieri narré à la première personne (voix off) démarre à l’été 53, le film est présenté au festival de Venise à l’automne 54 et sort en France dans une seule salle (Le Vendôme, avenue de l’opéra) en février 56.
    Le film est construit en trois temps et trois lieux, trois actes,(comme dix ans plus tard le sera Le Guépard se situant à la même époque de l’histoire de l’Italie mais en Sicile).
    Tout commence à Venise, à la Fenice, lors du troisième acte du Trouvère de Verdi lorsque le ténor chante son appel aux armes au peuple et que la caméra dans un seul mouvement passe de la scène à la salle emplie d’uniformes blancs des Autrichiens et que du Paradis descendent des tracts tricolores vert rouge blanc lancés par les patriotes italiens aux cris de Viva Verdi!. L’action est au printemps 1866, dernier mois d’occupation autrichienne en Vénétie dans une Italie faite encore d’assemblage d’Etats avant son accession à l’indépendance.
    S’insérant dans ce cadre historique, SENSO est la radiographie d’une passion folle car le récit viscontien va disséquer à la loupe l’histoire personnelle formée par le couple de la comtesse pro italienne (dont le mari est au mieux avec l’Occupant) et de son Don Juan d’amant cynique, officier ennemi à qui Alida Valli (son plus grand rôle) et Farley Granger (qui sortait de L’inconnu du nord express d’Hitchcock) prêtent leurs traits, faisant de Livia et de Franz des doubles de personnages d’opéra romantique. (Visconti souhaitait Ingrid Bergman et Marlon Brando très en vogue à l’époque; Souvent Visconti n’a pu obtenir les interprètes qu’il souhaitait au départ). De grandes scènes dans chaque partie émaillent la complexité évolutive de leurs rapports, de leur rencontre vénitienne à la résidence de villégiature du comte et de la comtesse, jusqu’à Vérone où se déroule le magistral final de déchéance totale pour l’un et l’autre. Les scènes mélodramatiquement théâtrales voulues par l’auteur prêtent certains spectateurs à rire aujourd’hui, c’est une distance et une convention qui peuvent échapper à un certain public surtout que la partition de Bruckner renforce cet état de fait.
    Pour la première fois dans un film italien SENSO imbrique honnêtement l’histoire individuelle à celle de l’histoire collective (ce qui lui valut quelques ennuis avec la censure) et Visconti reprendra plusieurs fois ce prisme de construction narrative.
    Dans les deux films (Senso et Le Guépard) la narration est traitée dans la perspective d’une classe sur le déclin (nobles et officiers) plus que dans celle de l’émergence d’un monde nouveau; les personnages assistent à la fin de leur propre monde. Ce monde fascinant de l’aristocratie (dont Visconti est issu) sera présent avec son éducation, sa sensibilité, sa culture dans bon nombre de films suivants, alternant avec les récits d’un monde populaire et prolétaire (Rocco et ses frères) avec lequel son cinéma avait commencé. Avec SENSO le Visconti nouveau (mais ancien de par souche et par sang) est arrivé.

  3. Revu ce film dans l’espoir de changer d’avis… Et non : je me suis de nouveau ennuyé. J’ai beaucoup de mal à éprouver de l’empathie pour le personnage interprété par Alida Valli et Farley Granger me paraît très pataud. Reste la dimension historique du film… et c’est aussi très beau !

    Je suis néanmoins tout à fait d’accord avec ce qu’écrit Garnier ci-dessus, notamment sur le fait que Visconti parvient merveilleusement bien à mêler un destin particulier avec un destin général.

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